Il est loin le temps (3 ou 4 ans, une éternité dans le monde numérique) où certains prédisaient la mort des LMS : les réseaux sociaux, et leurs possibilités offertes aux salariés d’apprendre « entre eux » sans devoir en passer par les dispositifs de formation structurée, devaient hâter leur disparition. Il n’en a rien été. Au contraire : il semble bien que les plateformes LMS se soient annexées ce dernier domaine de formation, puisqu’elles permettent de plus en plus souvent de supporter la création et la gestion des communautés d’apprentissage.
De fait, les LMS ont la peau dure ! Mieux que cela : ces outils ont réussi à s’ancrer très solidement au coeur de toute stratégie de formation impliquant le numérique (c’est-à-dire, finalement, de toute stratégie de formation). Un chiffre en atteste : 79,3% des grandes entreprises françaises sont déjà équipées d’une ou plusieurs plateformes LMS (Féfaur, novembre 2014). Cet ancrage n’est pas qu’un reflet du passé : 56% des entreprises du panel Bersin (Etats-Unis) ont un projet d’acquisition LMS à moins de 3 mois ! Ce qui montre que le remplacement bat son plein ; un phénomène que l'on peut constater aussi en France, et qui devrait gonfler les carnets de commande des éditeurs de solutions - notamment Dokeos, Lynx et MOS-MindOnSite présents dans notre dossier « Quelles plateformes pour quels usages ? » de janvier 2015.
Convergence de vue aussi, entre Féfaur et Bersin, sur les raisons pour lesquelles ces plateformes sont acquises : les fonctionnalités de base (« core features ») tiennent la rampe. Diffusion de contenus e-learning, tracking, reporting : voilà qui justifie déjà l’investissement. Pied de nez : ces fonctionnalités sont celles-là mêmes qu'on trouvait à l’origine, et qui définissaient justement le périmètre d’un LMS (un peu comme un tableur sert à recalculer des cellules automatiquement et à mettre en forme des tableaux). Ce n’est pas seulement en tentant parfois d’échapper à cet ADN (par la multiplication de nouvelles fonctionnalités plus ou moins utiles) que les LMS continuent de séduire, mais au contraire par l’approfondissement d'une utilité reconnue de longue date par les entreprises et organismes de formation.
On n’en oubliera pas pour autant les efforts menés ces dernières années par des éditeurs réalistes. Le fait « mobile » par exemple est largement pris en compte : la plupart des plateformes offrent aujourd’hui la possibilité d’accéder aux ressources pédagogiques en ligne depuis un smartphone ou une tablette, pour se conformer aux nouveaux modes de consommation induits par le nomadisme. Les éditeurs de services LMS - il s'agit bien de services puisque l’essentiel des acquisitions se font à présent dans le Cloud - n’en sont pas encore à miser gros sur les mobinautes, contrairement à de grands services comme Facebook : c’est qu’on attend toujours les gros bataillons d’apprenants sur terminaux mobiles ! Mais ils s’y préparent.
Les facteurs ne manquent pas, qui poussent les plateformes LMS à évoluer sans cesse : les attentes des professionnels de formation ; celles, conditionnées par le Web et le mobile, des nouveaux consommateurs de formation ; celles aussi des professionnels RH convaincus du rôle croissant que la formation joue dans la gestion des talents… Influence bien sûr aussi des éditeurs qui tentent d'accroître leurs revenus en même temps que le fonctionnel (notamment à travers l’intégration formation et talents). Des évolutions "en spirale" qui adviendront toutefois autour d'un coeur fonctionnel très stable, et qui constitue, depuis l’origine, la principale valeur que les clients accordent aux plateformes LMS.
Aude Dellacherie
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