Les entreprises sont prêtes à "y aller"… C'est au moins ce qui ressort de la toute récente étude "Usages des plateformes Formation et Talent" (Féfaur, novembre 2014), avec des apprentissages mobiles qui détiennent le plus fort taux de croissance attendu : 48,8% des entreprises françaises envisagent de le mettre en oeuvre dans les deux prochaines années. Premier d'un podium où figurent aussi les apprentissages informels (42,5%) et les classes virtuelles (41,4%).
Cette progression est à relativiser, car le Mobile Learning part de loin : le "fonctionnel" LMS qui permet de délivrer ce type d'apprentissage n'est actuellement déployé que dans 19,5% des 200 entreprises grandes et moyennes qui ont répondu à l'enquête. On pourrait ajouter qu'une partie des apprentissages mobiles sont sans doute délivrés hors LMS (à travers des plateformes spécifiques, comme l'éphémère K Tango). Mais l'essentiel demeure : les entreprises fondent à présent de grands espoirs sur cette approche.
Des avantages précieux
On les comprend : les avantages du Mobile Learning sont réels.
Si l'on entend ici la possibilité d'apprendre à partir d'activités et de ressources proposées sur tablette ou smarphone, le Mobile Learning peut compter sur l'immense parc mondial de terminaux mobiles. Les chiffres sont éloquents, toutes les études en témoignent : ces plateformes ont largement démodé les ordinateurs personnels ou non. Une manière pour les offres de formation d'accéder partout, tout le temps et à moindre coût aux apprenants.
Autre avantage : la simplicité de l'interface "touch screen" permet de dépasser les affres du combiné souris-clavier, de sorte qu'une bonne façon de mettre le e-learning à portée des publics les moins enclins à l'auto-formation (dans ou hors l'entreprise), c'est de les équiper d'une tablette ou d'un smartphone.
Siganlons aussi que le Mobile Learning peut être un puissant moteur pour développer le Social Learning dans les organisations. Google, Facebook et les autres ont compris que le Web social se joue dorénavant sur smartphone ; il appartient aux départements formation d'en tirer les conséquences dans leurs stratégies : les smartphones permettront demain d'échanger avec les réseaux d'expert, de "se profiler" ou de profiler, de commenter les ressources pédagogiques… de les enrichir aussi, par la prise de photo, de vidéos, etc. sur le terrain.
Des obstacles à dépasser
Mais ce chemin continue d'être semé d'obstacles.
D'abord les freins techniques : trop d'environnements d'exploitation (tailles d'écran, systèmes d'exploitation), pas assez de bande passante (alors que la vidéo est le "killer format" de ces nouveaux outils)… Des choix devront être faits ; par exemple limiter les environnements d'exploitation servis… Geler la version de l'OS Smartphone utilisé ? Si possible, mais il est parfois difficile de résister aux sollicitations des fabricants.
Les freins culturels et le passé : le Mobile Learning, ce ne serait pas de la formation. Enoncé tautologique si l'on entend par "formation" le traditionnel stage, dont l'impérialisme est au reste contesté par la Réforme de la formation professionnelle.
Plus sérieusement, alors que l'entreprise commençait tout juste à maîtriser le e-learning (lui aussi devenu traditionnel), voilà qu'elle doit affronter toute une série de questions, notamment : que faire de mon patrimoine e-learning Flash ? comment designer (durée, medias, activités, etc.) les apprentissages mobiles ? pour répondre à quels types d'enjeux (notamment le lien entre la formation et la performance) ? comment les intégrer avec les autres modalités et technologies de formation existantes ? à quel coût ?…
Avoir une réponse même partielle à ces questions, ce serait déjà un bon indicateur de "maturité Mobile Learning" !
Michel Diaz
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