Passage en revue avec le Colonel Pascal LEGER, son Directeur, de la stratégie et des missions du Centre de Production Multimédia de la Gendarmerie Nationale… Des investissements importants, des gains de productivité formation à la hauteur : la formation numérique accélère. Inspirant pour le secteur privé. |
Quelle est la vocation du centre de production multimédia de la gendarmerie nationale (CPMGN) ?
Colonel Pascal LEGER : De manière que certains pourraient trouver pompeuse, l'ambition qui est la mienne à la tête de ce centre est de permettre à la gendarmerie nationale d'entrer de plain pied dans l'ère « digitale ».
Héritier de trois centres touchés par la restructuration des armées, le CPMGN a été créé à Limoges le 1° septembre 2011 tout en reprenant sans interruption les missions des unités dissoutes en ne conservant qu'une quinzaine de personnels sur 90 au total ! Beau challenge n'est-ce pas ? Ces missions n'ont pas changé ; il s'agit de fournir aux 100 000 personnels civils et militaires de la gendarmerie et à quelques 20 000 réservistes une documentation professionnelle (plusieurs centaines de fiches comme de modules EAD, des guides, fiches réflexes, mémentos etc.) constamment à jour de l'actualité législative (nous assurons une veille normative de 39 codes de lois), assurer la préparation à divers examens professionnels (tel celui d'officier de police judiciaire), réaliser des produits audiovisuels tant pédagogiques que de communication au profit de l'Institution.
Comment les missions ont évoluées ces dernières années ?
Colonel Pascal LEGER : Le regroupement sur un site unique de la quasi totalité des moyens audiovisuels de la gendarmerie, la création d'infrastructures tels un auditorium, un vaste plateau de tournage, des régies de montage, le recrutement d'infographistes, de monteurs-truquiste, d'ingénieurs du son, de journalistes reporter d'images, de développeurs mais également d'ingénieurs pédagogiques – je recherche d'ailleurs 2 postes d'ingénieur pédagogique pour la rentrée - ont permis de faire passer le centre de l'ère « papier » à l'ère « numérique » et dorénavant à l'ère « digitale ». Notre documentation en ligne intègre désormais de multiples animations et vidéos. Contraint depuis peu sur l'intranet gendarmerie par l'environnement Linux et le CMS Drupal, nous avons recherché et trouvé les solutions pour rendre consultable cette documentation interactive ; nous allons l'offrir dans quelques jours en téléchargement au format « epub ». Nous développons également des « outils opérationnels » téléchargeables comme un outil sur la nouvelle législation sur les armes, sur la fraude documentaire. En quelques clics très intuitifs, sur « le terrain », chaque gendarme a ainsi à sa disposition immédiate l'information qui lui est nécessaire tant pour informer nos concitoyens que pour contrôler visuellement dans le cas d'espèce, les faux documents les plus utilisés.
Quel a été l'impact de la e-formation sur vos offres ?
Colonel Pascal LEGER : Concernant l'enseignement à distance, nous sommes passés à une véritable industrialisation des contenus et des parcours. Ceux-ci sont installés sur une plateforme LMS quelque peu vieillissante que nous avons « relookée » et que nous remplacerons d'ici peu. Cependant elle a largement fait ses preuves en permettant un accès à une formation libre à près de 60 000 personnels.
Les processus de production tant audiovisuel qu'éditorial sont suivis de près par un ingénieur qualité. Le volume produit et les interactions entre les trois pôles que sont le pôle connaissances professionnelles, le pôle audiovisuel et le pôle technique nécessitent en effet une coordination pointue.
Nous utilisons essentiellement des outils en « open source » comme la chaîne éditoriale OPALE SCENARI, mais également des outils auteurs comme E-DOCEO. Nous sommes souvent sollicités pour la réalisation de tutoriels et utilisons alors en « screencast », un outil tel CAPTIVATE. La seule limite que nous nous fixons est de ne pas utiliser le « cloud » - nous ne sommes pas « cybergendarmes » pour rien ! L'étendue des compétences détenues nous autorise à créer de toutes pièces - hier en flash mais de plus en plus en HTML - des modules adaptés aux exigences pédagogiques, cela quels que soient les supports de diffusion. Nous utilisons toutes les ressources du plateau de tournage pour détourer sur fond vert les intervenants et les intégrer après mixage et montage dans les modules de présentation.
Nous étudions avec attention les possibilités offertes par les classes virtuelles et devrions « sauter le pas » avant longtemps.
Notre capacité d'innovation est donc très vaste. Les stagiaires des 14 écoles et centres de la gendarmerie que nous avons commencé à former créent progressivement leur propres modules et parcours de formation en les mettant en ligne sur la plateforme, sous notre contrôle et conseil pédagogique.
Notre intention est d'offrir un contenu pédagogique cohérent, complet, répondant aux attentes tant des commanditaires que de notre population cible. Nous n'oublions pas que nous nous adressons à des adultes particulièrement sollicités par un métier hors du commun. Il nous faut donc être aussi performants pour eux qu'ils le sont pour nos concitoyens.
Comment voyez-vous l'évolution des métiers du CPMGN avec le développement du digital ?
Colonel Pascal LEGER : Nous sommes un centre très jeune qui s'est doté de tous les moyens pour progresser rapidement. Il faut dorénavant faire savoir dans nos propres rangs que toutes ces possibilités de formation sont désormais disponibles, adapter notre production aux besoins de notre population (une grande partie n'est pas « digital native »), anticiper les modes de diffusion, poursuivre l'acquisition d'équipements innovants et indispensables dans une période budgétaire particulièrement critique pour le monde institutionnel. Il nous faut renforcer notre force de frappe pédagogique – la technique n'est pas l'essentiel contrairement à la pédagogie.
Il faut assurer une veille prospective de ce que vous, le monde du privé, développez. L'avenir est aux échanges collaboratifs au sein du ministère de l'intérieur comme en interministériel en particulier avec le monde universitaire, pourquoi pas avec les sociétés privées ?
Propos recueillis par Michel Diaz
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Colonel Pascal Leger commandant du centre de production multimédia de la gendarmerie nationale gendarmerie nationale |
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