C’est ainsi qu’on aurait pu intituler ce nouveau Dossier e-learning Letter. Un titre-question pour prolonger ce constat : une quinzaine d’années après leur apparition, les entreprises sont loin encore d’être toutes équipées d’une plateforme LMS… |
De fait, si les données recueillies par Féfaur tout au long de ces dernières années montrent un marché en réelle croissance, elles montrent aussi que ce développement est moins rapide qu’on aurait pu l’escompter : d'une valeur de l'ordre de 50 millions d'euros, le marché français des plateformes LMS reste de taille modeste.
Plusieurs raisons peuvent expliquer ce constat. D’abord, du point de vue des entreprises et des organismes de formation, la relative complexité de choix et de déploiement, voire d’exploitation, de ces plateformes. Au moins, c’est la perception qu’en ont bon nombre de responsables formation et de dirigeants… À tort, et cela commence à changer, car le développement du mode SaaS (qui leur permet d’abonner leurs salariés ou clients à des services en ligne plutôt que d’acquérir des licences logicielles) a considérablement simplifié l’implémentation d’une telle plateforme.
Simplifié… et mis financièrement à portée des organisations de toute taille, y compris des plus petites. Ce n’est pas un mince exploit des fournisseurs d’avoir réussi à prouver ainsi aux directions financières que leur solution est « bon marché ». Mais cela ne saurait suffire : celles-ci demandent maintenant aux responsables formation de « prouver que c’est rentable »… Difficulté : calculer le ROI d’une plateforme n’a aucun sens ! C’est au niveau de l’ensemble de la stratégie et des investissements Digital Learning que le ROI peut (éventuellement et si nécessaire) être calculé.
Une autre raison peut expliquer cette croissance moindre qu’attendue : la plupart des grandes entreprises, qui sont les plus friandes de LMS, sont loin d’y abonner l’ensemble de leurs salariés, bien au contraire*. Un phénomène qu'on aurait pu croire neutralisé par la forte augmentation globale du nombre d’abonnés… Mais concurrence et guerre des prix sont passées par là : la croissance du volume des ventes n’est pas prolongée par une croissance en valeur.
Et si nous n'avions pas besoin d’une plateforme LMS ? Une question entendue dans de grandes entreprises à forte culture apprenante, dans lesquelles « travailler c’est apprendre », des entreprises qui veulent privilégier le « training on the job » et autres apprentissages informels et sociaux supportés par les outils de type collaboratif (réseaux sociaux par exemple). Ce pourrait être la principale menace sur le marché des LMS… Qu'on se rassure : ces entreprises finissent toujours par déployer une plateforme LMS, les responsables formation décidant que la plateforme est nécessaire, ne serait-ce par exemple que pour gérer leurs programmes de formation dits « de compliance » : visant la mise en conformité de l’entreprise et de ses salariés aux multiples réglementations qui s’imposent dorénavant à eux
Paris ne s'est pas fait en un jour, dit le proverbe. Il faudra sans doute encore du temps pour que les plateformes LMS trouvent le chemin de toutes les entreprises. Et de la pédagogie aussi, pour mieux expliquer le bénéfice de l'intégration en cours des solutions logicielles de gestion de la formation et des talents.
Aude Dellacherie
*Cf. notamment "Panorama des solutions de gestion de la formation et de talents dans les entreprises françaises" (étude Féfaur, novembre 2012)
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Aude Dellacherie directrice associée, organisatrice des trophées du digital learning fÉfaur |
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