Point d'étape avec Lionel Boéchat, Chef de projet formation continue à Sanofi … Le dispositif de formation à distance a évolué du quasi 100% asynchrone vers des formations faisant une nouvelle place aux classes virtuelles, et bientôt à la formation 2.0… |
Quels sont les principaux enjeux de la formation continue médicale et scientifique des Visiteurs Médicaux de SANOFI ?
Lionel Boéchat : Ils sont au nombre de 4. L'enjeu économique : la Pharma est en pleine mutation, avec des pertes de brevets et une raréfaction des lancements qui entraînent des tensions budgétaires. L'enjeu règlementaire s'illustre par la Charte de la Visite médicale datant 2007 et qui impose au Pharmacien Responsable de s’assurer des connaissances scientifiques des visiteurs médicaux (VM). L'enjeu relationnel : les jeunes médecins ont des attentes différentes et le patient, via les réseaux sociaux, est un acteur qui prend de l’importance. La visite médicale doit adapter son discours en replaçant le patient au cœur d’une stratégie de prise en charge globale. Enfin l'enjeu technologique et social : Sanofi, entreprise digitale, a déployé un réseau social d’entreprise. Ces bouleversements entraînent un changement de paradigme : un formateur plus accompagnant et moins sachant, un apprenant plus acteur de sa formation.
Comment répondez-vous à ces enjeux ?
Lionel Boéchat : Avant 2009, toutes les formations scientifiques étaient présentielles. Pour répondre à la fois aux exigences de la Charte et réaliser des économies, Sanofi a investi dans une plateforme de formation en vue de déployer un dispositif mixte : distanciel et présentiel.
Nous avons agi en 2 temps… D'abord celui de l’élaboration de contenus de formation pour permettre l’ouverture de notre plateforme en avril 2009, ce qui a permis l’appropriation du e-Learning par les VM. Ensuite le temps de l'élaboration des modalités du dispositif et développement de la plateforme : l’autonomie de l’apprenant et l’exigence de qualité au centre des préoccupations, le dispositif s’articulant autour de parcours imposés et au choix.
Pour ces derniers, nous proposons des autodiagnostics en ligne pour identifier les besoins de connaissance des apprenants, des rôles bien définis par acteur (apprenant, tuteur, hiérarchique, et service formation) et des fonctionnalités simples pour que l’apprenant puisse créer son parcours et le suivre.
Comment ce dispositif de formation a-t-il évolué depuis son lancement ?
Lionel Boéchat : La première année, nous avons volontairement cadré les choses : les VM devaient faire les autodiagnostics et se construire un parcours au choix. Après avoir donné du sens en communiquant auprès de tous les acteurs, nous avons rendu les parcours au choix facultatifs. Plus des 2/3 des VM en suivent un, ce qui est un beau succès et montre leur implication ! Concernant l’équilibre synchrone/asynchrone, par contre, le rapport était de 5 % vs 95 % la première année. Grâce au déploiement des classes virtuelles et à la sensibilisation des managers, le rapport était l’an dernier de 25 % vs 75 % et notre objectif 2013 de 40 % vs 60 %.
L'organisation du déparment formation a-t-elle évolué ?
Lionel Boéchat : Avant 2008, le service formation scientifique était rattaché à la RH et composé majoritairement de formateurs, pendant un temps détachés dans les unités opérationnelles. Leur rôle était de créer des contenus présentiels et de les animer. En 2008, nous avons rejoint les Affaires Scientifiques. Les formateurs sont devenus des chefs de projet. D’autres fonctions ont vu le jour : administrateur de plateforme, tuteurs… La DSI est devenue un interlocuteur incontournable, et en externe, les sociétés de conception de contenus e-Learning.
Quelles sont les futures missions de la formation ?
Lionel Boéchat : Nos VM viennent d’être équipés d’iPad tout en conservant leur PC. Nous produisons actuellement des contenus de courte durée pour leur permettre de se former en "juste à temps". Nous souhaitons aussi stimuler l’utilisation du réseau social pour développer l’intelligence collective. C’est très ambitieux pour une population qui n’appartient pas aux générations X ou Y ! Nous avons donc commencé avec les tuteurs autour d’études cliniques.
Enfin, les nouvelles compétences à acquérir sont d’ordre technique et pédagogique. Par exemple, nos contenus doivent utiliser la norme HTLM5 pour permettre la double publication et nos chefs de projet peuvent exploiter de nouvelles fonctionnalités pédagogiques. Ces compétences s’accompagnent d’un savoir être davantage centré sur l’apprenant et moins sur la connaissance !
Propos recueillis par Michel Diaz
|
|
|
|