Votre analyse des outils auteurs à l'heure où les entreprises veulent devenir autonomes dans la production de leurs contenus e-learning ?
Guillaume Alary : Complexes à utiliser, la plupart des outils auteurs actuellement disponibles sur le marché sont principalement réservés à des professionnels expérimentés. Il est d'ailleurs impossible de les essayer gratuitement sur le web, signe qu'il ne sont pas à la portée de tous ! Du coup, les entreprises ont recours à des prestataires spécialisés… Le e-learning sur mesure est un marché de services qui se facturent en jours x homme, et c'est cher !
Une double barrière, donc…
Guillaume Alary : Oui : technologique (complexité des outils) et financière (plusieurs dizaines de milliers d'euros pour installer une plateforme et avoir des modules). Mais ces barrières sont aujourd'hui en train de tomber, avec à la clé une mutation des business models, et une opportunité pour les entreprises comme les organismes de formation.
La démocratisation du e-learning que vous appelez de vos voeux est à portée ?
Guillaume Alary : La promesse du e-learning est de transmettre massivement les savoirs : permettre l'apprentissage à grande échelle. Aujourd'hui, c'est le milieu éducatif américain qui en fait la démonstration. Et le moins qu'on puisse dire, c'est que ça marche ! Coursera a mis 4 mois à séduire 1 million d'utilisateurs… alors que Facebook avait attendu 10 mois et Twitter, 24… ça va très vite…
Pour le marché professionnel, c'est un peu différent. Les solutions comme 360Learning qui permettent de créer rapidement des modules professionnels, et de les diffuser, le tout sans compétences techniques sont amenées à restructurer le marché. Notre nombre d'utilisateurs double tous les trois mois, et ces utilisateurs, qu'il s'agisse d'entreprises ou d'organismes de formation, sont en train de créer massivement des contenus, de former intensivement leurs salariés ou leurs clients en e-learning, pour des coûts qui leur semblent dérisoires comparés à ce qu'ils ont eu l'habitude de payer jusqu'ici.
Vous parliez de Facebook ou de Twitter… Les réseaux sociaux inspirent votre politique produit ? Guillaume Alary : Oui ! Et pour une raison de fond souvent mal comprise. C'est que la formation est sociale. Le "social" dans la formation, c'est simplement reproduire les mécanismes sociaux qui fonctionnent en présentiel.
Jusqu'ici le elearning s'était entêté à vouloir déshumaniser les outils... C'est le fantasme d'une formation entièrement automatisée et pas du tout humaine. C'est absurde, surtout pour un domaine où l'humain est si important. Avec ces mascottes flash, ces modules longs avec des scénarios pédagogiques complexes qui découragent les utilisateurs...!
Alors aujourd'hui, il faut juste faire l'inverse : des pages de profil pour la gestion des compétences, des forums pour poser les questions d'humain à humain, j'insiste encore, la possibilité de se comparer au niveau moyen du groupe, de suggérer une amélioration au module e-learning, de partager les modules qu'on "aime" avec ses collègues pour qu'ils se diffusent, etc. Par exemple, permettre à l'apprenant de poser une question dans un forum où la réponse sera partagée avec les autres participants, c'est la base, mais aujourd'hui aucune plateforme ne propose cela en dehors de 360Learning...
La dimension sociale est aussi fondamentale pour vendre. Un exemple simple : quand un organisme de formation vend sur le web des modules de qualité, et que les utilisateurs peuvent partager ces modules dans Facebook avec leurs amis, cela ramène du business à l'organisme. Une mécanique de cercles vertueux qui crée forcément de gros volumes d'affaires très vite... et crée des brèches dans le marché pour de nouveaux entrants, et oblige les acteurs installés à prendre rapidement le virage.
En quoi ces innovations modifient les business models de la formation ?
Guillaume Alary : Pour les entreprises, cela leur permet d'être beaucoup plus réactives pour déployer en quelques heures sans frais additionnels. Cela change tout.
Je pense que depuis 6 - 12 mois le marché a entamé une mutation comparable à celle de la presse ou de la vidéo dans les années 2000, cela va durer encore 2 ou 3 ans... Les cartes seront rebattues, mais en même temps, il n'y a pas aujourd'hui réellement de business model qui fonctionne pour diffuser des cours en e-learning massivement sur le web. Le changement est en cours, il constitue une opportunité majeure pour les organismes qui ont des réseaux de formateurs compétents et qui vont se décider à vendre en ligne.
360Learning dans ce nouveau paysage… Un outil au service du "e-learning pour tous" pour reprendre le titre de votre récente tribune ?
Guillaume Alary : 360Learning apporte un usage de masse. L'implication et l'engagement des utilisateurs est sans commune mesure. Qu'il s'agisse des formateurs qui produisent massivement et rapidement du contenu, ou des apprenants qui progressent vite avec une satisfaction très élevée (je parle des taux d'utilisation et des nombres de connexion moyens).
Aujourd'hui, 100% des modules sont produits par nos utilisateurs, que ce soit en entreprise chez Orange, MMA, SNCF ou dans les organismes de formation comme HEC et en soi, cela constitue déjà une révolution.
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