E-learning Letter : Le secteur de la formation linguistique a été parmi les tout premiers à mettre sur le marché des offres de blended learning et continue d'innover en permanence dans ce sens… Comment expliquer cette belle capacité d'anticipation ?
Alan Nobili : C'est parfaitement exact ! Historiquement, les éditeurs et organismes de formation linguistiques ont très tôt investi le domaine du multimédia qui ouvrait de nouvelles possibilités d’apprentissage pour les apprenants et d’enseignement pour les formateurs.
Les sons, les images, puis les vidéos et les outils de reconnaissance vocale ont eu et ont toujours une légitimité pédagogique certaine. Parallèlement, on a vu se développer des offres distancielles par téléphone. Au début des années 2000, l’avènement d’internet a permis de réunir modalités multimédia et enseignement à distance, et petit à petit l’offre blended learning a commencé à se structurer, à s’industrialiser et à s’internationaliser. Il y a très vite eu un consensus pour dire que la formation mixte était particulièrement adaptée, d’un point de vue pédagogique et organisationnel, à l’apprentissage des langues en entreprise. Apprendre une langue étrangère, c’est avant tout communiquer, et le blended learning favorise la communication par tous les moyens professionnels disponibles : en face à face, par téléphone, par email, en classe virtuelle…
Aujourd’hui, l’enjeu des langues est de plus en plus stratégique pour nos clients car il est directement lié à leur compétitivité. Les entreprises agissent au niveau global, gèrent des équipes dont les membres sont répartis sur différents territoires et doivent parfaitement communiquer entre eux au risque de perdre des marchés, de voir des projets ne pas aboutir ou des talents quitter l’entreprise. Nous devons les former, avec la même qualité, avec les mêmes résultats, où qu’ils soient et de la façon la plus homogène et la plus mesurable possible. Les formations « langues » doivent de plus en plus s’intégrer aux technologies utilisées par nos clients qui déploient des plateformes de gestion des formations et des talents et développent les réseaux sociaux d’entreprise.
Un autre enjeu important pour nous est de pouvoir répondre aux contraintes spécifiques des marchés nationaux : en France, par exemple, nous accompagnons nos clients pendant tout le cycle de financement de la formation, de la demande de prise en charge jusqu’au règlement par leur OPCA. Les formations « langues » étant particulièrement longues, nous devons avoir les reins solides financièrement.
E-learning Letter : en quoi consiste l'offre blended learning de Speexx ?
Alan Nobili : Notre offre est commercialisée sous le nom "The Perfect Blend", en France mais aussi au niveau global par nos équipes en Chine, en Espagne ou encore au Brésil. The Perfect Blend est multilingue et couvre 5 langues cibles (l’anglais, le français, l’espagnol, l’allemand et l’italien) avec 12 langues utilisateurs. Le portail en ligne Speexx, très attractif, intègre de façon pertinente tous les ingrédients du blended learning, à savoir un parcours individualisé en ligne, une communication permanente et personnalisée avec un coach par email, par téléphone ou en classe virtuelle, des cours en face à face, des outils de travail sur les compétences, des vidéos didactisées en partenariat avec le New York Times... Il permet un travail structuré et mesurable sur les compétences que sont l’expression (écrite et orale), la compréhension (écrite et orale) ou encore le vocabulaire et la grammaire.
Nous avons fait le choix d’offrir des parcours individualisés à partir d’une évaluation initiale en ligne basée sur la norme globale du Cadre Européen Commun de Référence. A la fin de chaque parcours, l’apprenant reçoit un certificat témoignant de son niveau sur l’échelle du Cadre.
Le coaching par nos formateurs permet une individualisation très poussée. Pour notre client Gefco, par exemple, nous avons mis en place un système de tutorat sur le thème « Global Logistics » que nous déployons aussi bien en Russie qu’au Brésil. Nous avons ainsi développé une quarantaine de thèmes de tutorat thématique. A partir de 50 apprenants – et sans impact sur le budget de nos clients, notre équipe éditoriale peut développer un thème spécifique pour une entreprise en 3 à 4 semaines.
E-learning Letter : Peut-on considérer que la formation présentielle est amenée à disparaître des dispositifs blended learning linguistique ?
Alan Nobili : Il y aura toujours des formateurs en face à face. Certaines entreprises ne sont pas encore tout à fait prêtes pour le tout distanciel, pour des raisons culturelles bien sûr mais parfois aussi pour des raisons de coûts ou d’organisation du lieu de travail. Par exemple, dans certains pays, les formateurs natifs sont parfois rares et chers et les entreprises emploient alors des formateurs locaux – moins chers que nos formateurs à distance, tous natifs.
Pour la partie présentiel du blended learning, nous travaillons aujourd’hui dans plus de 50 pays et disposons de 1200 formateurs certifiés Speexx – tous natifs - un peu partout dans le monde. Leur certification renouvelée chaque année nous permet de garantir un niveau de qualité homogène quel que soit le territoire mais aussi de diffuser nos formations au travers de véritables experts du blended learning. Ils sont aussi bien capables de former des apprenants en face à face que d’enseigner dans les regroupements en classes virtuelles Speexx. Car en effet, je crois que la part de l’enseignement à distance va continuer à prendre de l’ampleur, surtout au travers des classes virtuelles qui permettent de réunir fonctionnalités multimédia, tableau blanc interactif et activités synchrones avec un formateur.
E-learning Letter : Quelles sont les prochaines évolutions à attendre ?
Alan Nobili : A la demande de nos clients, nous intégrons de plus en plus souvent nos contenus sur des plateformes LMS et de gestion des talents telles que CornerstoneOnDemand, Crossknowledge ou Futurskill. Speexx est d’ailleurs parfaitement compatible SCORM. Cela confirme la tendance qui consiste à considérer les langues comme un enjeu stratégique pour les entreprises globales. Du point de vue de l’offre, je pense que les classes virtuelles seront de plus en plus accessibles au sein des grandes organisations. Nous allons d’ailleurs très prochainement lancer de nouveaux parcours intégrant des classes virtuelles en mode cours particulier et cours en mini-groupe.
Propos recueillis par Michel Diaz
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