Ça ne vous gêne pas d’évaluer dans le vide ?
Imaginez un marathon sans ligne d’arrivée, sans distribution de médailles ni de tee-shirt de « finisher »… Bref, imaginez que seuls les premiers aient droit au podium ! Le simple fait d’être chronométré à des points de passage intermédiaire suffirait à motiver les coureurs ? Ce qui vaut pour le marathon vaut également pour la Formule 1, les régates de voiles, les matches de basket : sans matérialisation des lignes d’arrivée et des victoires, l’évaluation de la performance ne sert à rien dans le sport. Il en va de même pour la formation.
Pas plus que de naviguer sans boussole ?
Le monde du travail ne cesse d’évoluer, les compétences de s’ériger en premier facteur de différenciation entre les individus comme entre les entreprises ; aussi, savoir piloter ces compétences est plus que jamais crucial. Pour une entreprise, investir dans la formation de ses collaborateurs, c’est viser une meilleure adéquation entre ses besoins opérationnels et les compétences de ses équipes. La formation étant un moyen et non une finalité, la question du pilotage des compétences vient avant, comme enjeu clé. Cependant, on ne saurait piloter les compétences sans disposer d’une stratégie et des outils d’évaluation et de certification (sauf à naviguer sans boussole).
Quand on parle d’évaluation, on parle de quoi ?
L’évaluation, telle que pratiquée dans les dispositifs, est polymorphe. Parle-t-on d’évaluation formative ou d’évaluation sommative ? La première est indispensable à tout processus d’apprentissage : pour prolonger l’image du marathon, elle correspond au chronométrage des points de passages intermédiaires. Alors que l’évaluation sommative évalue l’issue du parcours, c’est-à-dire le passage de la ligne d’arrivée du marathon, c'est-à-dire la validation des compétences (« capacité de courir 42, 195 km »).
Prouver les compétences acquises
Mais, c’est la médaille, l’attestation ou le tee-shirt de finisher qui matérialisera la preuve des compétences acquises. Cette preuve valorisera son détenteur ; elle valorisera également l’organisation qui l’emploie en lui permettant de savoir qui possède quelles compétences. Si le sport affiche ces résultats via la ligne d’arrivée ou le tableau d’affichage, dans le monde du travail, la matérialisation de l’accomplissement est assurée par les badges ou les micro-certifications. L’évaluation sommative et la matérialisation des compétences validées sont bel et bien des incontournables dans une gestion efficace et pertinente des compétences.
Les compétences ne sont pas abstraites…
Le pilotage des compétences repose d'abord sur la possibilité de les mesurer. Les compétences, qu'elles soient techniques, comportementales ou cognitives, ne sont pas des concepts abstraits : elles doivent précisément être identifiées, évaluées, et surtout, quantifiées. Sans évaluation, comment connaître le niveau de maîtrise de chaque compétence par un collaborateur ou un candidat. Les évaluations procurent une photographie détaillée et objective des compétences détenues par une personne. La question qu’on n’omettra pas ici : comment évaluer des compétences parfois complexes ?
Le « quizer » ne suffit pas !
À l’évaluation, on a souvent tendance à associer le simple quiz en ligne délivré sur la plateforme LMS, Google Forms ou n’importe quel « quizer ». Est-ce bien sérieux ? Si l’on peut, dans quelques (rares), tirer profit de cette approche, il faudra le plus souvent recourir à l’évaluation de la mise en pratique des savoirs dans un environnement réel. Cette évaluation plus pertinente suppose d’en appeler à des tiers (experts, manager, etc.) usant de grilles d’évaluation opérationnelles, voire d’instaurer des stratégies d’endossement 360 permettant d’obtenir la validation des compétences par l’écosystème de la personne à évaluer (collaborateurs, clients, partenaires, etc.). Piloter les compétences revient donc à mettre en place une stratégie d’évaluation adhoc couplée à la délivrance de preuves de compétences (micro-certification, badges). Autre bénéfice d’une pareille stratégie : la capacité à identifier les écarts entre les compétences requises et celles effectivement maîtrisées, et, partant, à définir les besoins en formation pour combler ces écarts. Sans cette étape d'évaluation, le pilotage est largement laissé au hasard, au « doigt mouillé », et peut conduire à des erreurs de jugement coûteuses pour l'entreprise.
Ce que les collaborateurs attendent de leur formation
Si l’on se forme parfois pour se développer personnellement, il est plus fréquent qu’on soit motivé par des enjeux opérationnels au sein de son entreprise. L’impératif de carrières de plus en plus dynamiques met la micro-certification au premier plan, comme passeport de compétences. À la clé : la reconnaissance dans l’entreprise, une mobilité facilitée, des perspectives de promotion interne. Reconnus, valorisés par leurs compétences, les salariés trouvent une motivation qui les incite à se projeter à plus long terme dans l'entreprise. Et, les micro-certifications obtenues dans une entreprise auront de la valeur auprès des prochaines employeurs et recruteurs. En effet, elles sont des gages de sécurité qui attestent que la personne possède les compétences revendiquées et, surtout, qu’elle est capable de les mobiliser dans un contexte professionnel.
Takeaway…
Sans évaluation ni certification, piloter les compétences revient à baser les décisions sur des suppositions ou au mieux des appréciations partielles. Les managers risquent d'évaluer subjectivement les compétences de leurs collaborateurs, entraînant des erreurs de jugement quant à leurs besoins en formation ou à leurs capacités réelles. Le couple que constitue l’évaluation et la délivrance d’une preuve de compétence s’impose progressivement dans les organisations modernes. L’évaluation garantit une mesure objective des compétences, tandis que la délivrance de micro-certification assure une reconnaissance formelle et standardisée. Ensemble, elles permettent aux individus de progresser et aux entreprises de rester compétitives. C’est l'évaluation qui permet de comprendre où l’on se situe, et la certification qui atteste du chemin parcouru. L’un sans l’autre, c’est l’assurance de tourner à vide !
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