L’éco-conception : un nouvel enjeu majeur pour les acteurs du Digital Learning ?
Véronique Nougier : Si aucune action n’est mise en place, l’empreinte carbone du numérique en France progressera de 45 % à l’horizon 2030, pour n’évoquer que ce critère, loin d’être le seul impact à considérer. Tous, nous avons un rôle à jouer dans les actions à mener, dès à présent, pour limiter cette hausse. En adoptant une démarche d’éco-conception, les organismes de formation et les entreprises contribueront à réduire l’impact environnemental de leur activité sans transiger sur la qualité et l’efficacité de leurs programmes d’apprentissage. Pour s’engager dans cette voie, il est essentiel de comprendre ce qu’englobe l’éco-conception et de remettre en question quelques idées reçues. « L’éco-conception doit être systématisée au-delà de la seule question des terminaux et couvrir l’ensemble des équipements (réseaux et centres de données) mais également les services numériques afin de limiter le trafic nécessaire à iso service et d’améliorer l’efficacité énergétique » (Source : ADEME). C’est en partant de ce constat que nous avons identifié comment les équipes de SmartCanal pouvaient agir plus vertueusement.
Entrons dans le détail : qu’est-ce une formation éco-conçue ?
Véronique Nougier : Balayons une première idée reçue : une formation éco-conçue serait dépourvue d’attractivité ? C’est faux, bien sûr ! Parce que la démarche d’éco-conception est stratégique : elle considère toutes les dimensions du choix à réaliser. De fait, le principal objectif d’une formation éco-conçue est inchangé : engager les apprenants et répondre à leur besoin de formation. Sans être la solution ultime, l’éco-conception est un premier pas vers la sobriété numérique, l’objectif n’étant pas d’éliminer toute technologie innovante, mais de mettre en balance son impact environnemental et son efficacité pédagogique dans un contexte donné. Il s’agit, pour les professionnels de formation, de réinterroger leurs pratiques tout au long du processus de création… Concevoir au juste besoin doit être le leitmotiv de la démarche. Si l’on pense à l’IA ou la VR, par exemple, la question est d’actualité : comment concilier les ambitions de réduction d’impact avec les bénéfices de ces technologies ? Pour notre part, nous y apportons une réponse qui ne demande qu’à être discutée au sein de notre communauté professionnelle.
Concrètement, quelle est la marge de manœuvre pour les acteurs du Learning ?
Véronique Nougier : Éco-concevoir une formation en ligne est plus complexe qu’il n’y paraît. Se focaliser sur une étape en particulier ne suffit pas, nous devons identifier les actions les plus efficaces, c’est-à-dire celles qui induiront les réductions d’impact les plus importantes avec le moins d’efforts sur leur mise en œuvre. Il est ainsi possible d’adopter des bonnes pratiques sur les quatre piliers de la création d’un module e-learning : la gestion de projet, l’ingénierie pédagogique, la conception graphique avec l’UX et l’ergonomie, et l’intégration technique.
En matière de gestion de projet, par exemple, le responsable de projet travaillera main dans la main avec le commanditaire de la formation pour l’aider à faire les bons choix ou des choix réfléchis. Les chefs de projet, comme pour la conception d’un produit, devront considérer l’ensemble du cycle de vie de la formation en ligne et identifier les leviers à impact pour proposer des solutions, et des adaptations pour réduire les impacts au maximum. Des questions émergeront tout au long du projet : évaluation des impacts environnementaux des demandes du client, accompagnement du client à son arbitrage en faveur de choix pédagogiques, graphiques et techniques plus vertueux en matière d’éco-conception. Il faudra alors être capable d’évaluer l’impact de ces éléments et proposer des solutions pour le réduire.
L’avenir du Digital Learning, c’est éco-conception ?
Véronique Nougier : Chez SmartCanal, nous sommes convaincus que l'éco-conception est devenue incontournable dans le Digital Learning, et qu’il se hissera au niveau d’une véritable obligation dans les prochaines années. Nous considérons qu’il est désormais crucial de trouver le bon équilibre entre sobriété numérique et puissance pédagogique. Mais les défis ne s’arrêtent pas là. La généralisation en cours de l’IA nous contraint plus que jamais à la même question… Quelques données : la version ChatGPT-3 a généré l’équivalent de 136 aller-retours entre Paris et New-York, soit plus de 240 tonnes de CO2 (source : Deklic.eco) ; mais le Capgemini Research Institute prévoit que l’IA pourrait être à l’origine d’une diminution de 16 % des émissions de gaz à effet de serre globales à l’horizon de cinq ans, notamment si elle est utilisée pour optimiser, régir, prédire. Nous n’en sommes qu’au début du questionnement ; il va falloir expérimenter, évaluer, tester pour trouver la voie à suivre. Pour nous, l'intégration de l'éco-conception dans le Digital Learning est d’ores et déjà un moyen de répondre à ces défis tout en favorisant l'innovation et la qualité des formations proposées. Aujourd’hui, nous partageons nos bonnes pratiques que nous souhaitons encore améliorer grâce aux échanges avec nos clients comme avec tous les acteurs du secteur enclins à développer l’éco-conception du Digital Learning.
Vous pouvez gratuitement télécharger notre livre blanc et venir échanger avec nous à ce sujet.
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