Innover grâce aux technologies numériques…
La profusion des options offertes par les technologies numériques est une bénédiction pour les départements L&D. Chance, moment unique dans l’histoire de la formation : les technologies sont une chance de réinvention, une opportunité de réviser une matrice L&D séculaire et de servir des besoins business toujours plus fluides. Pour autant, nous estimons qu’il ne suffit pas de se doter d’une nouvelle technologie numérique, aussi séduisante soit-elle, pour innover dans le champ de la formation. Notre capacité à faire entrer en résonance un besoin organisationnel et une solution formation augmentée (via le choix d’une technologie numérique adaptée) entre en ligne de compte. Sauf à privilégier le buzz interne en saupoudrant les programmes de tech en mode « perlimpinpin », la mission fondamentale des départements formation, c’est de répondre aux besoins du business et des employés qui le servent. À cette fin, même aiguillonnée par la tech, l’innovation doit démarrer en lien étroit avec les parties prenantes de la formation. À nous, comme professionnels L&D, de toujours demeurer au centre de l’équation, ce qui suppose un préalable : savoir rester curieux et embrasser les changements induits par la technologie, savoir celle-ci pour les mettre au service de l’innovation (et non l’inverse). Cette curiosité peut être cultivée de diverses façons… Par exemple : la proposition faite à l’équipe formation de résoudre collectivement une énigme… L’hypothèse : dans un futur proche, on constate que le service L&D a disparu. L’énigme : pour quelles raisons ? Une fiction pour s’obliger à remettre en cause nos certitudes… et innover.
Réinventer l'ingénierie (formation, pédagogie) ne se réduit pas à l'introduction d'une nouvelle technologie numérique.
Autre aspect, essentiel, de la bulle Edtech et de son cortège de starts-up d’efflorescence quasi quotidienne : nous sommes appelés à réinventer l’ingénierie formation, sinon à la reconsidérer sous de nouveaux angles. Illustration : la notion de classe inversée s’est largement et rapidement installée dans les pratiques de formation grâce à l’irruption des cours virtuels de type HBX ou, plus proche de nous, Webex, Zoom et Teams. Dans le droit fil de ce qui a déjà été évoqué (le risque d’une vision techno centrée), cette réinvention (de l’ingénierie formation) ne doit pas nous déposséder de la raison d’être d’un département L&D auxquels d’autres départements se substitueraient, quand notre congédiement ne serait pas prononcé par les employés eux-mêmes ! L’IA fournit une mine d’illustration de ce qu’il faut (il ne faut pas) faire… En effet, si les applications de l’IA changent radicalement nos approches x pratiques, elles ne sont pas l’Alpha ni l’Omega. Certes : capable d’accélérer la production de contenu, d’automatiser notamment l’analyse de données formation, ou d’être un « thought partner » sans égal… Mais, aucune application de l’IA ne saurait réinventer l’ingénierie de formation ! Le service formation n’a aucun intérêt à courir comme un poulet sans tête après la dernière techno. C’est ici que les cellules de veille et de test mises en place dans les entreprises (par exemple, Digital Labs) ou bien encore l’intelligence collective des professionnels de formation (via des manifestations telles que les Trophées du Digital Learning) doivent servir de catalyseurs : il s’agit que chaque organisation puisse discerner la technologie qui répondra le plus pertinemment à ses défis.
Innover : comment les équipes formation peuvent en faire leur seconde nature ?
On y revient : comment le service formation peut-il conserver une longueur d’avance ? Cette préoccupation est devenue majeure pour nombre de responsables, face à la déferlante de solutions et d’approches pédagogiques propulsées par le digital ! Comment éviter que les métiers et autres parties prenantes de la formation prennent le « lead » en s’emparant de l’innovation… et de l’activité de formation ? Comment considérer la nouvelle posture des apprenants, souvent opportunistes (ce n’est pas un défaut), consommant les meilleurs savoirs là où ils les trouvent (parfois même à l’extérieur de l’entreprise). Réponse : revoir l’organisation du département formation, et formaliser une activité de veille multicanale (clubs, lectures, partages entre pairs, etc.) : ouverture et coopération (voire coopétition) branchée sur l’extérieur de l’entreprise. Cette approche doit permettre aux professionnels de formation de conserver une longueur d’avance ainsi qu’un niveau de crédibilité suffisant dans l’entreprise. Mieux : instaurer un tel esprit de veille permanente dans les équipes formation, c’est créer les conditions d’une innovation collective fondée sur les découvertes et les apports individuels. On insistera également sur la maîtrise d’une compétence essentielle, celle de la conduite de projet, utile quant au « Proof of Concept » et autres pilotes, comme au déploiement et à l’industrialisation des innovations retenues (industrialisation qui constitue la meilleure preuve que l’innovation est ancrée dans la réalité de l’entreprise sur laquelle elle aura un impact positif !).
Focus : l’IA, innovation de rupture ?
La valse des hésitations qui menace une innovation (on pense au Métavers, déjà loin) semble, cette fois, révolue : c’est à vitesse accélérée que l’IA générative traverse le cycle de Hype (le modèle d’adoption des technologies créé par le Gartner). Aucun métier n’y échappe ; l’IA, qui a introduit des capacités inédites, est désormais accessible au plus large public. Les défis, les préoccupations ne sont pas absentes de ce raz de marée, notamment en matière d'éthique et de régulation (le droit a toujours un train de retard sur les mœurs) ; mais, comment lutter contre l’usage d’un tel potentiel transformateur ? L'IA a bien toutes les caractéristiques d'une innovation de rupture (disruption majeure). Dans le champ de la formation qui nous intéresse, l’offre de solutions explose littéralement… la rationalisation attendra encore un peu ! Pour autant, en moins de deux ans, que de chemin déjà parcouru : les territoires explorés sont déjà nombreux, sont touchés les rôles comme les processus. Pour citer uniquement cet exemple : l’impact est déjà considérable dans la production de contenus digitaux, tous médias confondus. Gains d’énergie, de temps pour les équipes formation ; énergie, temps qui peuvent être redirigés vers des tâches à plus forte valeur ajoutée. Et, nous n’en sommes qu’au début ! Là aussi, les départements L&D seront bien inspirés de se mettre rapidement en ordre de marche, pour soutenir les métiers de l’entreprise, pour envisager leur propre mutation et la transformation des métiers de la formation.
|