Le Digital Learning ne cesse d’évoluer. Dernière évolution en date : l’Intelligence Artificielle (IA) appliquée à la formation (et bien au-delà), dont l’émergence n'a pas pu échapper aux professionnels de formation. Deux raisons au moins mettent l'IA sous le feu des projecteurs : son impact potentiel et sa généralisation en cours — depuis 2017, le nombre des professionnels ayant adopté l’IA dans au moins un domaine d’activité a grimpé de 20 % à 50 % (source : (McKinsey et Cie, The State of AI in 2022) ! Il est temps, donc, de s’interroger sur ce nouveau terrain de jeu, ses opportunités, ses risques pour la formation.
Les principaux bénéfices de l’IA appliquée à la formation
Relevons plusieurs bénéfices déjà avérés de l'IA appliquée à la formation :
L’hyper-personnalisation de l’expérience d’apprentissage : l’« adaptive learning » (apprentissage adaptatif) est à la croisée des neurosciences, de la Data ; ainsi que de l’IA dont les algorithmes permettent de proposer des offres de formation personnalisées aux apprenants. Les offres de contenus, notamment, évoluent selon les données systématiquement produites par le collaborateur quand il se connecte à sa formation en ligne. Par exemple, si j’obtiens un score insuffisant à un quiz de connaissance, je recevrai automatiquement l’offre d’une ressource pédagogique pour revoir / combler ces insuffisances. Adaptation aussi à son rythme de consultation pour lui « pousser » du contenu dans les plages horaires où il semble le plus enclin à se former. Last but not least, cette personnalisation de la formation est paradoxalement délivrée à grande échelle.
La génération automatique de contenus : l'apparition fracassante de ChatGPT dans notre environnement professionnel / personnel en fait le grand sujet de l’heure. La réponse aux enjeux cruciaux de formation (up skilling / re skilling) requiert un volume important et sans cesse croissant de contenus de formation. Les organisations n’ayant guère le temps ni les moyens d'assurer ce flux de contenus, ChatGPT vient à la rescousse comme source complémentaire de création et de diffusion instantanée de contenus, quelle que soit la thématique dont a besoin l’apprenant. En outre, les coûts de production engagés par l’entreprise sont radicalement réduits ; le budget ainsi libéré sera judicieusement reporté, par exemple, sur des actions à haute valeur ajoutée, comme le partage entre pairs et/ou des temps de rassemblement.
On notera aussi que l’IA facilite grandement la traduction automatique des dispositifs de formation conçus et déployés dans des entreprises qui doivent former leurs collaborateurs dans plusieurs pays / langues. Cette capacité « multilingue » est essentielle localement, au niveau des pays, et globalement, pour homogénéiser ce qui peut l’être au niveau du Groupe.
Enfin, on rappellera que l’IA se nourrit des datas, des données disponibles à partir desquelles elle peut élaborer des parcours d’apprentissage adaptés aux profils et aux motivations des apprenants (ce que nous avons déjà évoqué). Au sortir de ce processus, le ROI (Rentabilité des investissements) de la formation ne peut qu’en bénéficier, avec un surcroît de performance pour l’apprenant comme pour l’organisation. Les concepteurs de formation ayant accès à ces « smart datas », notamment celles qui portent sur les comportements des apprenants, pourront faire des offres, des recommandations plus pertinentes. Leurs ingénieries pédagogiques en seront rehaussées.
Les trois risques majeurs de l’IA
Cependant, trois risques majeurs doivent, selon nous, être circonscrits :
#1 Sécurité et fiabilité des données : les données utilisées pour entraîner les algorithmes d’une IA sont souvent soumises à diverses protections organisées dans les systèmes de propriété intellectuelle (droits d’auteurs, brevets, marques ou secrets commerciaux). De plus, elles peuvent également être protégées par la législation relative à la protection des données à caractère personnel ou du droit d’auteur, l’utilisation d’œuvres protégées pour entraîner les algorithmes pouvant, en effet, constituer une violation du droit d’auteur si l’autorisation préalable des titulaires de droits n’a pas été obtenue (la réponse dépend de circonstances spécifiques à chaque cas, ainsi que de la législation du pays où l’on se trouve). La fiabilité des sources est aussi questionnable, car certains liens proposés (par exemple, pour la création d’articles) sont parfois obsolètes… ce dont vous avez certainement déjà fait l’expérience avec l’utilisation de ChatGPT dans la rédaction de contenus !
#2 Appauvrissement de la conception pédagogique : ce risque n’est pas des moindres, parce que la conception d’un dispositif relève plus d’un art que d’une science exacte. Si l’IA peut apporter un support dans ce domaine, elle ne saurait remplacer le concepteur / architecte de formation dans une activité qui reste profondément humaine. En effet, on voit mal qu’un algorithme puisse se substituer, sauf à standardiser facheusement les actions de formation, au concepteur dans le choix des bons formats, contenus, agencements, phrasés, et plus encore storytelling qui permettent à un dispositif de faire mouche, d’être percutant, adapté au profil de ses futurs clients. L’innovation n’est pas réduite à des choix techniques : ce sont surtout les choix pédagogiques qui font la différence, des choix, il faut y insister, portés par le formateur qui reste la clé de voûte et l’ordonnateur du dispositif, ce que Teach on Mars pose en principe : notre solution doit pouvoir être facilement utilisée par tout formateur conduit à formaliser et à délivrer son offre de formation aux apprenants.
#3 Le risque écologique : l’impact environnemental de l’IA, sa consommation d’énergie sont loin d’être négligeables : la mise à jour d'un simple modèle d'IA pourrait dévorer l'équivalent de la consommation annuelle de 100 foyers américains (source : Les Échos) ! Une consommation permanente, car chaque modèle doit régulièrement être entraîné pour être actualisé de nouvelles informations.
En guise de conclusion…
L’IA foisonne de promesses pour les concepteurs de formation et pour les apprenants. La pédagogie assistée par l’IA offre de nouvelles opportunités d’une éducation de masse personnalisée et il ne faut pas craindre le remplacement de l’homme, indispensable pour délivrer du sens aux actions engagées. L’IA propose aux apprenants un service unique pour le développement de leurs compétences et les différents usages de l’IA intègrent encore mieux l’apprentissage au cœur du quotidien des collaborateurs, dans l’esprit du “Learning in the flow of work” de Josh Bersin. L’IA en est encore à ses débuts et les avancées sur le terrain de la formation pourront réjouir formateurs et apprenants pour les prochaines décennies !
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