L’ENFIP, c’est en même temps une école et un organisme de formation ?
Christine Sibottier : L’école accueille les candidats qui ont réussi leur concours, pour un cursus de longue durée principalement en présentiel — pour un volume total de 4000 à 5000 personnes chaque année, car nous recrutons beaucoup pour compenser les nombreux départs à la retraite. L’ENFIP forme aussi les personnels en poste dans l’administration des finances publiques pour répondre à leurs besoins « au fil de l’eau » : potentiellement, nous touchons ici 100 000 personnes. Ces diverses populations sont formées par nos 300 enseignants permanents et beaucoup de professionnels associés qui sont des formateurs occasionnels sur leur cœur de métier.
Le format « classe virtuelle » à l’ENFIP : une conséquence de la crise ?
Christine Sibottier : Au contraire : les classes virtuelles sont dans notre « paysage de formation » depuis longtemps ! Mais, la pandémie ne nous ayant guère laissé le choix, notamment pour les apprenants post concours, à cause de l’interdiction des cours en salle quasiment du jour au lendemain, le choix d’une véritable plateforme de classe virtuelle s’est imposé au printemps été 2020.
Quelles contraintes pesaient sur le choix de cette plateforme ?
Christine Sibottier : D’abord les contraintes sécuritaires extrêmement fortes faciles à imaginer dans notre administration ; ensuite les contraintes techniques du réseau informatique et de la bande passante dont on sait les classes virtuelles fortement consommatrices : nous avons connu des pics de 500 classes virtuelles simultanément, avec un rythme de croisière de 100 classes de 25 apprenants… Ces raisons nous ont fait pencher, avec notre direction informatique, pour Blackboard Collaborate. Autre contrainte, et pas des moindres : nous souhaitions une plateforme d’utilisation intuitive pour mieux embarquer nos enseignants, formateurs et apprenants. Contrairement à la plupart des autres plateformes que nous avons analysées, Blackboard Collaborate se concentre sur les fonctionnalités vraiment utiles, loin de ce qu’on trouve parfois sur certains outils de Visioconférence… Quant à son système d’abonnement « à la minute », il nous a tout de suite convenu : nous pouvions faire des projections de coût en fonction des types de scolarité.
Comment ce passage du cours en salle à la classe virtuelle a-t-il été perçu ?
Christine Sibottier : Par les apprenants, en général, plutôt bien. En particulier, parce que beaucoup ont apprécié de ne plus avoir à se déplacer ; mais, certains ont pointé que le lien social s’était forcément amoindri dans la mise à distance des cours. Nombre d’enseignants de notre dispositif post concours souhaitent aussi un retour au présentiel… qu’il n’a jamais été question d’abandonner : le retour progressif à une vie normale s’accompagne de celui des cours en salle ! En revanche, dans le cadre des formations continues, nous avons développé une approche à double entrée : un même stage peut être animé en présentiel ou bien en distanciel.
Comment avez-vous préparé la montée en puissance des classes virtuelles ?
Christine Sibottier : Il nous a fallu avancer à marche forcée tout au long de l’automne 2020 : déploiement d’un guide pour les apprenants et pour les formateurs, formation des enseignants à l’animation d’une classe virtuelle sur Blackboard Collaborate. Dans cette démarche, comme dans l'intégration fonctionnelle et technique de Blackboard Collaborate dans notre écosystème digital de formation, nous avons pu bénéficier de l'accompagnement d'Aptilink. Il nous reste toutefois un virage à négocier : trop souvent encore, les enseignants se limitent à reproduire, dans leurs classes virtuelles, le rythme et les activités des modules présentiels… Il nous faut réinventer en partie notre pédagogie, en utilisant mieux les petits outils qui permettent dans Blackboard Collaborate de casser le rythme et de s’assurer que les apprenants sont vraiment actifs. Cette nouvelle approche se met progressivement en place, sous l’égide d’une forte volonté de notre direction qui y voit beaucoup d’avantages. Après l’urgence du choix, on se dirige vers une hybridation des formations mettant, par exemple, en œuvre nos « bases écoles » qui facilitent une expérimentation tutorée dans la vraie vie. Dans cette transformation pédagogique, nous accompagnerons toujours plus avant les enseignants et les formateurs, en mobilisant les ambassadeurs à identifier parmi eux.
Les classes virtuelles s’implantent donc durablement à l’ENFIP ?
Christine Sibottier : Elles s’y implantent d’autant mieux qu’on commence à en voir toutes les possibilités, notamment en matière de maintien du lien social. Je pense aux travaux des sous-groupes en atelier, qui est un point fort de Blackboard Collaborate, ou encore à la possibilité d’avoir des classes virtuelles ouvertes en permanence. Un groupe de stagiaires se voit attribuer un seul lien qui permet à chacun d’accéder à toutes les formations tout au long de son parcours Autre fonctionnalité de partage indispensable : le tableau blanc qui simule celui du cours en salle. La plateforme dispose aussi d’un outil pour poser des questions instantanées, ainsi qu’un générateur de sondage, et un « chat » socialement bien pratique pour identifier les profils en ligne ! Ce que je sais des évolutions envisagées par l'éditeur m'indique que nous ne sommes encore qu'au début d'un long chemin à parcourir ensemble.
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