Que qualifie-t-on aujourd’hui « d’expérience formation » ?
Laurent Delaporte : Le terme « expérience formation », est très intéressant, car il qualifie la place de l’apprenant au cœur du dispositif formation et plus largement de l’innovation pédagogique. Il y a quelque chose de vivant, d’agile et d’évolutif par opposition à des schémas historiques beaucoup plus figés.
L’approche « user-centric » permet de mettre l’apprenant dans de bonnes conditions d’apprentissage en lui offrant des chemins, des parcours et des médias personnalisés quelles que soient ses conditions de travail et ses préférences d’apprentissage.
Penser « Expérience Formation », suggère d’ouvrir sa vision pédagogique pour se concentrer sur l’atteinte des objectifs professionnels quel que soit le chemin et les moyens. Nous apprenons tout au long de notre vie, donc la formation doit s’adapter à notre quotidien pour tendre vers l’apprentissage continu en respectant les contraintes de chacun.
Cette évolution dans la manière de dispenser des formations permettra à l’apprenant d’expérimenter par lui-même, de tester sa pratique, d’évaluer ses connaissances et de trouver rapidement les réponses à ses questions.
Cette expérience se limite-t-elle aux seuls usages du digital en formation, ou bien doit-elle aussi embrasser le Blended Learning voire le présentiel ?
Laurent Delaporte : Il ne faut pas opposer la formation digitale à la formation en présentiel. Toutes les études tendent dans le même sens, la multiplicité des modalités pédagogiques (Blended Learning) permet d’ancrer les connaissances dans le temps. Ce n’est pour rien que l’on dit que la formation est l’art de la répétition. Il s’agit surtout d’utiliser chaque modalité de formation à bon escient, le digital pour les aspects plus théoriques et le présentiel pour les cas concrets, la pratique et les points de difficultés.
Pour intégrer l’expérience formation dans le quotidien du salarié, les responsables de formation peuvent également mettre en place des actions de formation en situation de travail (AFEST). L’enjeu de cette pratique est de mettre de la formation dans le travail et non plus de considérer la situation de travail comme le moyen d’appliquer ce qui a été vu en formation.
Comment s’assurer que l’expérience formation aura l’impact attendu sur le développement des compétences ?
Laurent Delaporte : La formation ou l’expérience formation sont vaines sans les ressorts de la motivation du collaborateur. Et comment s’assurer de cette motivation ? C’est la juste corrélation entre le projet professionnel du collaborateur et la formation proposée qui est la véritable clef. Pouvoir se projeter vers de nouvelles compétences améliore le succès. L’envie d’apprendre et de retenir facilite la rétention des connaissances et les chances de mise en pratique pour développer de nouveaux savoir-faire ou de nouveaux réflexes.
En effet, une étude sur la courbe de l’oubli menée par le psychologue allemand Hermann Ebbinghaus en 1985 montre que sans aucune sollicitation particulière de la mémoire ni mise en application des nouvelles connaissances, 90 % de ce que nous apprenons est oublié dans les trois jours.
Si l’autonomie d’inscription et l’individualisation des parcours sont également de bons leviers de réussite, chez Syfadis nous offrons aussi de bonnes solutions pour faciliter l’ancrage et maximiser l’impact des formations avec du micro-learning, ou des méthodes ludiques et itératives quotidiennes (2Spark).
Peut-on considérer que l’expérience formation est une composante majeure de « l’expérience employé » ?
Laurent Delaporte : Un grand OUI. Les politiques des RH sont de plus en plus orientées vers l’expérience collaborateur. La formation s’intègre totalement dans cette dynamique. Cette « expérience employé » englobe l’ensemble des interactions vécues par le collaborateur de son recrutement jusqu’à la séparation. La formation occupe donc une place non négligeable au sein de l’expérience en entreprise au même titre que la QVT (qualité de vie au travail), l’organisation du travail, les locaux ou la qualité des relations humaines.
Quel est le rôle dévolu aux plateformes digitales dans la meilleure prise en compte de l’expérience formation ?
Laurent Delaporte : L’expérience formation doit nécessairement s’accompagner par une prise en compte du niveau de l’apprenant et de la capacité de la plateforme à s’adapter à celui-ci.
En effet, chaque apprenant est différent et a besoin d’être accompagné à sa mesure pour garantir une parfaite complétude de la connaissance. La création de "parcours mixtes" (Xperience + 2Spark) permet à l’apprenant de suivre sa formation sur la plateforme LMS et en fonction de ses résultats de bénéficier d’un complément pédagogique dispensé par notre solution de micro-learning 2Spark. Cette dualité garantit à l’apprenant une réponse très aboutie aux difficultés d’apprentissage. Elle lui permet, grâce à l’usage des sciences cognitives conjugué à une parfaite compréhension de son parcours d’augmenter fortement le niveau d’adhérence et d’aboutissement des formations dispensées.
Quelles innovations voyez-vous se dessiner dans la formation à l’horizon d’un an ?
Laurent Delaporte : L’usage de la data dans la compréhension du parcours de l’apprenant sera assurément l’une des plus grandes innovations de l’année à venir. Sur ces sujets, les entreprises sont de plus en plus matures. Notre capacité d’innovation nous permettra d’être de plus en plus précis dans la recommandation des parcours de formation, mais également dans la capacité à restructurer en temps réel le parcours de l’apprenant afin d’optimiser l’ancrage des connaissances et donc les chances de succès.
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