Pourquoi parle-t-on aujourd’hui d’écosystème digital de formation plutôt que seulement de plateforme LMS ?
Elodie Primo : Les LMS ne peuvent pas tout bien faire ! Donc si une fonctionnalité n’est pas couverte, il y a toujours la possibilité de trouver la réponse via d’autres applications externes. Le « Social Learning » est un bon exemple : si les LMS disposent d’outils de communications intégrés - blogs, forums, chat, etc., les organisations utilisent souvent des réseaux sociaux d’entreprise comme MS Yammer, MS Teams, Slack… : plutôt que de multiplier les outils, autant interfacer ces réseaux sociaux à la plateforme LMS, ce qui favorisera une meilleure adoption d’ensemble. Par ailleurs, ce serait une erreur de considérer que l’écosystème se réduit aux outils, car il est aussi constitué de personnes, de canaux de communication, de processus, de contenus et de données, le tout organisé dans une architecture. Le digital offre donc de multiples opportunités de faire évoluer la chaîne de valeur de la formation grâce à un écosystème bien plus large.
Quels sont les facteurs d’évolution des plateformes LMS ?
Elodie Primo : La pression est venue des évolutions numériques ; avec l’arrivée notamment du Mobile Learning et la multiplication des APPs, l’écosystème digital s’est considérablement élargi. Le besoin existe de visualiser l’ensemble des actions de formation, de recueillir les informations de suivi et de passer du LMS aux applications externes de façon transparente sans avoir à s’identifier à chaque fois - ce qui exige une forme d’intégration dont la réponse se trouve dans les APIs (dont font partie les services web), qui sont les ponts permettant à des applications de communiquer et échanger des données. Pour illustrer le propos, le LMS peut communiquer avec l’annuaire des collaborateurs, le CRM, le TMS et une application mobile, etc.
Les standards eLearning ayant évolué, la norme xAPI devient le standard applicable aux données du monde de la formation, elle définit le format et les mécanismes d’échange des données d’un système à l’autre pour permettre la construction de véritables écosystèmes pédagogiques. Mais les considérations ne sont pas seulement technologiques, car les évolutions en cours sont aussi liées au besoin des organisations d’intégrer la formation en situation de travail et à la rendre plus sociale. Ceci dit, la plateforme LMS demeure le cœur de l’écosystème digital de formation, de plus en plus couplé avec un ou plusieurs Learning Record Stores (LRS) qui servent à stocker et préserver les données indépendamment du LMS et des outils qui les ont générées. Chacun son rôle !
L’intégration de l’écosystème digital de formation est-elle possible dans une entreprise « en silo » ?
Elodie Primo : Effectivement, dans ce contexte, il est temps de s’intéresser aux personnes et à la collaboration ! Concernant les équipes internes, le manager participe activement et pilote la formation de son équipe. Il inscrit ses collaborateurs aux programmes de formation, suit leur progression, valide les demandes de formation et se mue en véritable coach de ses collaborateurs. Les formateurs sont actifs sur le devant de la scène en organisant et animant des sessions synchrones - même si elles se résument parfois encore à du distanciel « dégradé » c’est-à-dire à des journées de présentiel transposées en l’état en classe virtuelle. Comme la formation s’adresse aussi aux partenaires et clients de l’entreprise, les différents départements de l’entreprise sont amenés à collaborer activement. Des populations cibles diverses, qui doivent être traitées spécifiquement notamment en matière de communication et de modalités d’engagement, mais beaucoup de ressources - internes ou non - sont mutualisables. Par exemple je constate que les départements communication et marketing sont souvent impliqués dans la personnalisation des portails de formation, en particulier quand ses portails visent à former les clients. Au passage l’entreprise fait des économies en réalisant certaines prestations en interne ! Enfin je voudrais souligner la montée en puissance des DSI, dans l’intégration des outils de formation avec le reste du système d’information de l’entreprise, et dans la sécurité et la confidentialité des données… C’est une bonne chose.
Quels sont les défis à relever par les directions formation dans la construction et l’exploitation de ces nouveaux écosystèmes ?
Elodie Primo : La question des contenus de formation est clé. En complément des objets de formation spécifiques aux métiers de l’entreprise, les apprenants doivent pouvoir accéder aux autres thématiques plus transversales qui sont disponibles sur les catalogues d’organismes de formation en ligne.
Mon premier conseil à un responsable de formation, c’est de vérifier que ses partenaires au titre de l’écosystème travaillent sur des technologies ouvertes qui communiquent à travers des APIs : c’est un préalable pour pouvoir centraliser a minima. Il en va de même pour les classes virtuelles, car une entreprise peut avoir besoin de plusieurs solutions selon les contextes ! Mon deuxième conseil, c’est de croiser des données de l’entreprise avec celles de la formation, pour une exploitation plus poussée et pertinente des résultats : les outils de reporting ou de Business Intelligence - Power BI, par exemple - font souvent partie de l’écosystème de nos clients. À utiliser !
Actualités de MOS – MindOnsite : Elodie Primo vous invite le jeudi 18 mars à 11:00 au webinaire Kiabi : la puissance du Digital Learning s’illustre dans le retail !
|