Tout d'abord l'innovation en formation n'est pas l’affaire d'une seule personne (qui aurait une vision). L'innovation en formation passe par l’orchestration de la créativité de l’ensemble des membres du département formation tournés vers un seul but : la réalisation des objectifs de l'organisation via des programmes d'excellence. C’est cette recherche d'excellence doublée d’un environnement organisationnel de plus en plus complexe et changeant qui rend possible et nécessaire l'innovation en formation.
Ensuite innover en formation, c'est être curieux : de ce qui se fait en matière d’outils et d’usages numériques, bien sûr ; curieux aussi des programmes et des dispositifs existants dans d'autres entreprises qui appartiennent ou pas à d'autres secteurs d'activité… sans oublier de faire jouer sa curiosité en dehors de la formation : le moteur de l'innovation réside dans la capacité d'assemblage d’éléments divers, pouvant provenir d’autres domaines que celui de la formation, pour créer quelque chose de nouveau.
Cette curiosité se nourrit d'une volonté d'observer notamment (surtout) ce qui se passe dans l'organisation et chez ses clients. Car l’innovation doit aider à la résolution des “points de friction”. Dans les services de vente de Medtronic, nous avons par exemple observé que les leaders hésitaient à envoyer leurs vendeurs dans des sessions de formation qui les tiendraient éloignés trop longtemps de leurs territoires. On l’aura compris : innover pour innover, ce n'est pas innover ! c’est juste courir après les modes du moment. La vraie innovation découle bien à mes yeux de la volonté de résoudre des points de friction dont on vient de voir une illustration : c'est parce qu’elle apporte une solution à un vrai problème que l’innovation sera adoptée par les apprenants comme par les commanditaires.
Cette approche ne limite pas l’innovation aux domaines des contenus ou des formats ; c’est toute la chaîne ADDIE, et au-delà, qui peut être revisitée par l’innovation en formation. Pour ne s’en tenir qu’au “A” (Analyse) du modèle ADDIE, la simple reformulation du script de départ est souvent une bonne façon de démarrer dans une démarche d’innovation fructueuse.
Innover en formation suppose souvent de déconstruire ce que l'on a construit (parfois avec beaucoup d’efforts). Être curieux ne suffit pas si l’on manque du courage de remettre en question ce que l'on croit savoir ! Débutée il y a deux ans, la virtualisation des cours présentiels délivrés chez Medtronic nous a demandé ce courage de remettre en question des programmes qui existaient parfois depuis des décennies, et de monter au front pour changer des habitudes et des comportements bien ancrés chez les formateurs et les apprenants. Déconstruire - on se l’applique à soi, et plus largement on le fait accepter à ses équipes - est un exercice ardu qui peut toutefois être utilement outillé par diverses approches - mind-mapping, design-thinking, etc. - dont le moindre mérite n’est pas de suspendre le jugement pour aider à la reformulation de l’équation.
Innover en formation, c’est une prise de risque (parfois). Je me souviens de la première implémentation de notre plateforme vidéo de Social Learning : pourvu que notre analyse préalable du degré de maturité de nos collaborateurs sur cette nouvelle modalité possible… soit corroborée par les premiers résultats d’utilisation ! Pourvu que l'organisation adhère à ce nouveau format / culture ! Mais la gratification est souvent au bout : la fierté de notre équipe formation, devant un taux d’adoption stupéfiant 6 mois après le lancement : le meilleur des 5 régions du monde chez Medtronic. Au passage, l’innovation est bel et bien un moteur de cohésion et dynamique de groupe.
Un contexte particulier - celui de la crise sanitaire actuelle - peut favoriser cet “esprit d’innovation”. Si nous avons constamment à l’esprit la situation difficile des personnels de santé que Medtronic accompagne chaque jour du mieux possible avec nos moniteurs respiratoires et nos ventilateurs, les incroyables difficultés qu’ils rencontrent et les conséquences parfois funestes auxquelles ils doivent faire face, nous considérons de notre devoir de faire de cette crise une opportunité pour re-concevoir la formation.
N’attendons pas, soyons curieux, regardons d’un œil neuf nos points de friction et sans avoir peur de prendre quelques risques, car vocation de transmettre et frilosité sont incompatibles… Innovons en formation !
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