Quelles sont les principales évolutions du digital learning dans la dernière période ?
Arnaud Blachon : Sans l’ombre d’un doute, selon moi : le mobile learning, la réalité virtuelle et l’analyse et la simulation vocale. Sans oublier les MOOCs apparus en 2014, car ils ont vraiment relancé le marché en suscitant l’intérêt des utilisateurs grâce à la flexibilité et à la liberté qu’ils leur offraient, même si les taux de complétion n’ont jamais été mirobolants…
Quels facteurs influencent ces évolutions ?
Arnaud Blachon : D’abord l’évolution rapide des métiers qui oblige les collaborateurs à se former sans cesse. On pourrait citer aussi les formations réglementaires qui contraignent les services formations à innover pour mieux engager les collaborateurs. Autre facteur : la Loi quand elle autorise de nouvelles modalités pédagogiques, et qu’elle transforme la dépense de formation en investissement, ce qui est le cas de la dernière réforme de la formation… Apparaissent alors une myriade d’outils et de méthodes, et le besoin d’évaluer la formation… De fait, on observe à travers ces évolutions que la formation est prise plus au sérieux dans l'entreprise.
Le digital est un vrai “disrupteur” ?
Arnaud Blachon : Oui, notamment parce qu’il permet de démontrer la valeur créée par la formation dans l’entreprise. Ces dernières années, beaucoup d’innovations ont pu être testées, évaluées - ce qui a permis un vrai recul. Par exemple, on sait que le serious game ne s’utilise pas n’importe quand, pour n’importe qui, juste “pour le fun”. On sait maintenant relier un objectif pédagogique, un contexte, des contraintes et un public à une technologie et une ingénierie pédagogique adaptées. En parallèle, l’offre de digital learning est suffisamment mature pour qu’on puisse créer des dispositifs de formation optimisés.
Le blended learning continue d’évoluer…
Arnaud Blachon : Il évolue avec les technologies numériques, en particulier les plateformes chargées d’orchestrer de multiples modalités et de supporter des structures d’apprentissage complexes dont elles facilitent le déploiement, l’administration et la “consommation” par les apprenants ! Il leur faut cependant concilier deux logiques différentes : la “logique managériale” qui est à l’œuvre dans les plateformes LMS traditionnelles, essentielles à la structuration et à la diffusion de formations multimodales massives, et “la logique sensorielle” exprimée par les LXP (Learning Experience Platforms) qui offrent une expérience plus intuitive, fluide et agréable aux apprenants.
Rise Up a créé sa propre plateforme…
Arnaud Blachon : C’est parce que nous avons mené ces deux logiques de concert depuis toujours, que Rise Up a créé la première plateforme Blended Learning, sans oublier d’intégrer la gestion du présentiel dans notre cahier des charges initial. Nous souhaitions simplifier le travail des responsables formation dans la gestion des sessions ; nous souhaitions aussi amener les apprenants vers le digital en agrémentant le cours en classe par des technologies innovantes.
Ceci dit, on peut constater que ces deux logiques se rapprochent progressivement : les LMS offrent une expérience apprenant améliorée et les LXP renforcent leur capacité à structurer la formation.
Est-ce que l’IA sera un “game changer” ?
Arnaud Blachon : Certainement… quand sa technologie sera vraiment prête ! La promesse de l’IA, c’est celle d’une formation plus proche de l’apprenant, d’une compréhension améliorée, d’un accompagnement sur-mesure. Potentiellement révolutionnaire !
Des conseils aux directions formation confrontées à tous ces défis ?
Arnaud Blachon : D’abord bien choisir ses technologies, sans sauter sur la toute dernière mode ! Se poser et réfléchir aux modalités de formation adaptées aux contraintes des apprenants, de l’organisation, et qui répondront aux objectifs pédagogiques définis en amont. Ensuite, ne pas former tout le monde à tout, et se concentrer sur les formations qui ont le plus d’impact sur le métier des collaborateurs : c’est ce qui générera leur plus fort engagement. Par ailleurs, il faut y aller pas à pas, pour vaincre les appréhensions et ajuster sa stratégie au fur et à mesure. Par exemple, on commence par digitaliser une session de pré-requis ou une évaluation à chaud et on voit ce qui se passe. Il faut tester, analyser, apprendre de ses apprenants. Il n’y a pas de recette miracle.
L’actualité de Rise Up, c’est le Data Lab ?
Arnaud Blachon : Tout juste créé, le Data Lab permet de générer des tableaux de bord automatisés qui analysent les données relatives aux formations déployées sur notre plateforme. Ces données peuvent ensuite être croisées avec les données des métiers (ventes, production, etc.) chez nos clients, pour mesurer le ROI des dispositifs de formation et mieux les ajuster.
Nous travaillons aussi à un projet d’IA appliquée visant à dépasser le blended learning et le carcan LMS/LXP, pour mieux accompagner l’apprenant dans ses applications métiers. Ce projet reflète la vision Rise Up d’un apprentissage et d’une montée en compétences qui doit devenir partie intégrante et naturelle de la situation de travail. Se former doit devenir une sorte de réflexe avec des allers-retours guidés par des jalons propres à la montée en compétences de chacun.
|