Comment la formation sert-elle aujourd’hui les enjeux de performance et d’aisance opérationnelles des métiers et des personnes ?
Pierre de Champsavin : Plus que jamais la formation doit accompagner les équipes dans la réussite de leur objectifs métiers. Dans cet accompagnement, les managers ont le rôle de mettre en harmonie développement collectif et développements individuels. Il faut noter que la formation peut être ici freinée par l’imbrication complexe de l’individuel et du collectif, principalement faute de données suffisantes et parce que les managers ne se sentent pas toujours concernés par le lien entre l’individu et le collectif.
Si les responsables de formation privilégient souvent les objectifs collectifs, le digital les aide à présent d’embrasser les deux champs de l'individuel et du collectif, notamment via le partage des outils digitaux qui leur permettent une co construction avec les managers : plans de formation, suivi des résultats, détection des régulations à faire en cours de formation. De plus, le digital learning viendra spécifiquement à la rescousse d'un collaborateur qui rencontrerait des difficultés dans sa formation, pour un impact positif sur le fonctionnement de l’équipe à moyen terme.
Enfin, notons qu’il est maintenant possible d’anticiper l’impact d’une formation grâce aux méta données collectées tout au long des parcours d'apprentissage, car les différentes modalités suivies - classe virtuelle, module e-learning, MOOC, etc. - sont autant de capteurs d’information spécifiques à des groupes d'apprenants. Faire coller étroitement la réponse formation aux besoins opérationnels, c’est donc à portée des L&D qui pourront décider à partir des recommandations optimisées offertes par l’IA.
Le Blended Learning permet-il de renforcer le développement humain à moyen et long terme dans l’entreprise ?
Pierre de Champsavin : Le blended est toujours d’actualité ! Il a beaucoup évolué, dans toutes ses dimensions : présentielle, “live”, asynchrone, mobile, sociale… Sa puissance au service du changement organisationnel a permis de rendre la formation plus rapide, ludique et efficace, jusqu’à en faire un catalyseur de compétences pour tous les employés. Ceux-ci peuvent et veulent désormais maîtriser, par l’infinité des formations à portée de main, leur développement à moyen et long terme. Ils peuvent aussi donner plus de sens à leur travail… (85% des actifs considèrent en que le travail a le sens qu’on lui donne, selon l'étude Viadéo : “sens au travail ou sens interdit”, 2017). Pour dresser un pont entre le développement des compétences et les objectifs personnels de carrière ou de mobilité, il faut créer et entretenir le lien entre les aspirations personnelles, la situation professionnelle actuelle et le champ des possibles. Casser des cailloux prend tout son sens si chaque geste s’insère dans le projet de construire une cathédrale !
Seule une plateforme de talent unifiée, centralisant les données et les processus RH, peut répondre à ce vaste spectre de besoins. En conjuguant les missions de tous les collaborateurs avec celles de l'entreprise, et en croisant les mobilités possibles avec les formations disponibles, on permet à chacun de prendre en main son développement en adéquation avec les besoins des organisations. C’est ce que Talentsoft permet à ses 2 000 clients partenaires de réaliser quotidiennement.
La formation peut-elle aujourd’hui servir les deux horizons de la performance opérationnelle à court terme et de la gestion des carrières et du capital humain à plus long terme ?
Pierre de Champsavin : Oui, la formation peut clairement servir la performance à court terme et la carrière à plus long terme, principalement grâce aux choix de parcours adaptés et en lien avec les enjeux propre à chaque temporalité. Elle se doit même, selon moi, de servir systématiquement et ouvertement ces deux horizons, en se gardant bien d’opposer performance opérationnelle et gestion de carrière. Pour ce faire, il est nécessaire de composer soft skills et hard skills, ces dernières étant particulièrement sujettes à obsolescence, et de responsabiliser les collaborateurs dans leur employabilité… L’évolution d’une carrière professionnelle est conditionnée par ce qu’on apprend dans l’entreprise comme en dehors ! Il faudrait ici parler de “Learning in the flow of life”, c’est-à-dire d’une formation qui embrasse la formation “dans le flux du travail”, celle qu’on a acquise à l’école, les formations extra-professionnelles, sans oublier toute la curation pédagogique que l'on fait individuellement quand on souhaite développer ses compétences.
D’où, selon vous, l’indispensabilité des Talent Management Systems…
Pierre de Champsavin : En effet, car dans ce contexte, c’est aux plateformes qu’il appartiendra de centraliser le maximum de données autorisées possibles, provenant des collaborations d’équipe, d’échanges par mail, de demandes de mobilités et de formation, etc. L’IA pourra émuler toutes les combinaisons imaginables, détecter ou confirmer des tendances, puis proposer des options auxquelles on n’aurait pas pensé. Mais à l’inverse d’une plateforme Netflix ou Amazon qui proposent des produits liés à l’historique des achats, cette IA pourra étendre le champ des possibles et laisser le choix à chaque personne de prendre en main son développement en adéquation avec sa singularité.
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