On pourrait croire que le “fonctionnel LMS” est figé depuis l’émergence de ces plateformes à la fin des années 1990. Il n’en est rien, même si les entreprises continuent d’utiliser principalement les fonctionnalités de base : diffusion de modules e-learning, assemblage de ces modalités dans des parcours de formation, évaluation des résultats, reporting (source : Panorama Féfaur sur les usages des solutions LMS et gestion des talents dans les entreprises françaises).
Ne pas croire toutefois que les entreprises n’innovent pas dans l’usage de leur plateforme : un nombre croissant d’entre elles ont d’ores et déjà mis en œuvre des fonctionnalités avancées telles que le Social Learning (formation collaborative centrée sur les contenus pédagogiques), le Mobile Learning (accès aux contenus via les smartphones) ou les ressorts du jeu collectif au service des apprentissages (gamification, badges, battles), pour ne citer qu'elles.
La plupart des plateformes réalisent aujourd’hui ces opportunités, plus ou moins bien selon qu’elles sont d’apparition plus ou moins récentes sur le marché. En particulier les LMS les plus anciens (bien antérieurs aux smartphones) rencontrent quelques difficultés à suivre le rythme de l’innovation, ces nouvelles fonctionnalités ne participant pas de “leur ADN”. La plupart ont cependant franchi plusieurs caps : celui de la vidéo car il serait difficile de faire l’impasse sur une modalité qui prend une importance croissante, ou celui de l’évaluation qui est au cœur de la formation, l’analyse des données produites par les apprenants débouchant sur des plateformes que j'ai pu qualifier de "LMS Netflix-Like".
Toutefois, si l’évaluation de la formation est bien prise en compte par les plateformes LMS, rares sont celles qui peuvent se réclamer de cette approche Netflix / Amazon, notamment faute d'un volume suffisant de contenus pédagogiques digitaux sur les “learning portals” utilisés en entreprise. La solution viendra de l’ouverture des catalogues actuels à des contenus externes ou internes, par le jeu de la curation opérée dans les départements formation et la possibilité donnée aux salariés de créer des contenus dont l’homologation sera elle aussi du ressort des équipes formation. Car plus les contenus seront nombreux et pertinents, plus élevées seront les consommations indviduelles, plus nombreuses les données à analyser, plus fine l'individualisation et la capacité d'anticipation de la formation… sous réserve que le LMS possèdent les "analytics" nécessaires.
C’est une limite de l’innovation dans le domaine des plateformes. Si les fournisseurs ne cessent d’innover dans leurs solutions, souvent à bon escient, les entreprises ne peuvent souscrire à toutes leurs suggestions. Une innovation technique ou d’usage n'a aucune chance de réussir (notamment en se généralisant) si elle ne s'accompagne pas d'une volonté d’innovation sociale et organisationnelle autrement complexe à mette en œuvre, par exemple celle que représente la curation des contenus ou le support à l’EGC (Employee Generated Content).
Et l’on se prend à rêver que les fournisseurs aillent jusque-là : aider les entreprises à innover socialement en même temps qu’ils offrent les technologies pour atteindre ce but.
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