Le LMS occuperait donc une place centrale ? Il est vrai que depuis son émergence à la fin des années 90, les LMS ont su combler un besoin d‘offre dématérialisée de contenus disponibles anytime-anywhere, et de reporting à destination de l’interne et de l’administration, tout en étant capables d’évoluer jusqu’à s’allier ou à s'intégrer à des plateformes de gestion des talents. Tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes LMS, avec une solution offrant aux services RH et organismes de formation de supporter la gestion des formations formelles, online ou présentielles.
L’irruption du premier iPhone (juin 2007), puis celle des tablettes, ainsi que l’arrivée d’une nouvelle génération d’apprenants (les digital natives) dans les entreprises ont progressivement transformé la façon d’apprendre et ouvert la porte à une floraison de nouvelles plateformes et de nouveaux usages. Le LMS continuera-t-il d'occuper la place centrale qu'on lui a longtemps reconnue ? C'est une question que peuvent se poser trois acteurs clés de l’environnement LMS : éditeurs, entreprises et utilisateurs finaux.
Les éditeurs de LMS sont concurrencés par des nouvelles offres "natives"… Du côté des éditeurs, les LMS sont aujourd’hui challengés en matière de technologie et de fonctionnalités, même s’ils essaient de rattraper le temps perdu en ajustant leur matrice, leur coding - par exemple à travers l'ajout de briques "Social Learning" et même "Intelligence Artificielle". Mais la compétition devient rude avec des nouvelles offres qui intègrent nativement des nouvelles fonctionnalités et design qui répondent aux usages les plus contemporains. En cause aussi la difficulté d'évolution et de déploiement rapide de ces nouvelles approches, alors que les éditeurs doivent composer avec les centaines de milliers de lignes de code déjà existantes dans leur plateforme !
Les entreprises ont un usage limité de leur plateforme LMS… E-learning, collection de données pour satisfaire aux exigences de déclaration légale en matière de formation professionnelle, multiplication de modules de compliance… Ces usages, bien que nécessaires, font beaucoup de mal à la perception que l'utilisateur final du e-learning et du LMS peut avoir. Ils témoignent en effet d’une approche délibérément "push" et formelle de l’utilisation de la plateforme, laquelle doit aujourd’hui composer avec l’explosion des comportements d’apprentissage "pull" et informel mal pris en compte par les LMS. Réconcilier les deux n'est pas simple.
Des LMS débordés par les utilisateurs finaux… Du côté des utilisateurs finaux enfin, les LMS semblent vieux jeu. Par exemple, le Social Learning est loin d'être naturel dans la façon dont il est implémenté : comment lutter contre WhatsApp et autres réseaux sociaux, quand l'éditeur n'offre aucune App ou bien que sa solution demande une identification de l'utilisateur à chaque connexion ? Par ailleurs, ces nouvelles applications plébiscitées par les utilisateurs s’imbriquent dans nos vies au quotidien (le côté obscur du "OnDemand"), avec l’avantage d'être immédiatement accessibles, ce que ne sont pas les contenus du LMS.
Le LMS est victime de son cycle de vie, comme tout produit : arrivé à maturité, il doit se réinventer face à des nouveaux outils et usages qui constituent une lame de fond remettant en question les positions établies. Pour autant, il me semble que sa place reste centrale, au moins parce qu'il permet de centraliser les données formations et donc d'en assurer l'exploitation analytique. Outil stratégie du département RH : oui, sous réserve qu'il ne se laisse pas distancer et supplanter par les offres qui répondent aux nouveaux usages.
Au fond, il s'agit pour les éditeurs de LMS de se réinventer, de se repositionner, de nouer de nouvelles alliances comme toute entreprise doit le faire quel que soit son secteur d'activé. Tant mieux… Le LMS est mort, vive le LMS !
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