Il ne faut pas s'y tromper. Il n'y a pas d'un côté les Anciens, et les Modernes. Ceux dont les savoir-faire et l'expérience pédagogiques auraient cessé de répondre aux besoins des entreprises et des salariés, et les "barbares" du Digital Learning, sorte de génération spontanée inventant des approches et des outils inconnus auparavant.
Les Modernes (les start-ups de la "edtech") se sont largement inspirés des pratiques existantes pour imaginer leurs solutions : le Digital Learning est, pour une bonne part, le prolongement d'innovations pédagogiques qui n'ont pas attendu le numérique pour être mises en application. Il en va ainsi par exemple de l'utilisation du jeu et des mises en situation (immersion), de l'usage de la vidéo (dans les jeux de rôle utilisés de longue date dans les formations commerciales), de celui des outils d'interaction permettant de renforcer la participation des apprenants lors d'un stage, de la segmentation d'un cours en brèves séquences, chacune ayant son objectif et ses modalités pédagogigues, et même de la poursuite d'une relation de coaching entre le formateur et les apprenants après la formation…
La plupart des innovations du Digital Learning (méthodes, et a fortiori outils) partent d'une analyse des souhaits non exaucés jusqu'alors des formateurs ou des concepteurs pédagogiques, et d'une utilisation intelligente du digital pour donner corps à ces rêves. Si le digital introduit une rupture, c'est par sa capacité à satisfaire de façon élégante et à bon marché à la quasi-totalité des demandes que les professionnels de formation auraient pu inscrire dans leur cahier des charges le plus exigeant.
Cette collaboration souvent implicite parfois explicite va se poursuivre. Comme en témoigne ce nouveau dossier de la rédaction, le Digital Learning innove du côté de la demande, dans les entreprises (l'exemple de Orange Learning Agency est éloquent). Il innove aussi dans ses offres à travers la mobilisation des meilleurs usages du Web par Webedia Learning ; il se met au service de la mobilité interne via le développement des compétences digitales portées par Vodeclic ; il pousse très loin le séquencement des contenus, avec Smartcanal, sans nuire au propos pédagogique ; il permet de raccourcir le cycle de production des contenus en ligne grâce à 360Learning.
Il est souhaitable que ces innovations continuent de plonger leurs racines dans les pratiques innovantes des professionnels de formation : loin d'être en concurrence, digital learning et formation "traditionnelle" font excellent ménage !
Michel Diaz
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