En quoi Coorpacademy diffère-t-elle des acteurs du e-learning de première génération ?
Jean-Marc Tassetto : La volonté des 3 co-fondateurs était d’apporter une solution aux problèmes posés par le e-learning de première génération inventé au début des années 2000, soit un faible taux d’engagement des apprenants lié à une expérience en ligne perçue comme lourde et ennuyeuse.
Ce que les MOOC ont apporté à partir des années 2012-2013, ce sont les codes du web et de la révolution numérique : flexibilité, dimension collaborative, possibilité d’intégrer les codes des « games » et enfin formats vidéos plus proches de la culture Youtube que des longs tunnels audiovisuels.
Si le e-learning de première génération répondait aux besoins exprimés par les responsables formation-RH (traitement des parcours qualifiants, tableaux de bord RH, agrégation parcours présentiels /e-learning…), la plateforme Coorpacademy a été elle conçue et écrite pour l’apprenant final. Elle est aussi technologiquement totalement compatible avec l’ensemble des LMS dont sont en général équipés nos clients. Elle propose néanmoins des analytics et des données pour les administrateurs considérés comme les plus avancés du marché.
Quel a été le parcours de Coorpacademy depuis sa création il y a 3 ans ?
Jean-Marc Tassetto : Coorpacademy a connu un très fort développement depuis sa création en doublant son chiffre d'affaires chaque année. C’est désormais une start-up de 45 collaborateurs, proposant plus de 60 cours à plus de 400.000 apprenants, dont 40% hors Europe.
Cette très forte croissance a été possible grâce à des fonds propres et deux levées de fonds, la première en novembre 2014 de plus de 3 millions d’euros et la deuxième il y a quelques semaines de 10 millions, soit une des levées les plus importantes de la EdTech en Europe.
Notre offre initiale était constituée de deux volets : notre plateforme en tant que telle et un cours que nous avons édité sur la culture digitale. Ce cours, qui nous permet de démontrer concrètement notre credo pédagogique, adresse un problème de fond des entreprises : la création d’une culture digitale commune à l’ensemble des collaborateurs. Le succès a été au rendez-vous, plus de 50.000 apprenants dans le monde s'étant frottés à ses 14 disciplines, plus de 1.600 questions, 200 vidéos… Nous continuons de l'enrichir.
Constatant le degré d’engagement et de satisfaction de leurs collaborateurs sur ce cours, les entreprises nous ont très vite demandé de créer des cours sur mesure sur des thématiques managériales de première importance pour elles, cours portés et délivrés par notre plateforme. Enfin plus récemment des partenaires comme Capgemini Consulting ou aufeminin ont choisi notre protocole pédagogique pour transformer et valoriser leur contenu sous forme de MOOC. Ces clients et d'autres ont limité la phase d’expérimentation à quelques semaines et ont opté pour un déploiement massif et rapide de l’approche MOOC dans leur organisation, parce qu'elles ont réalisé que les taux d’engagement passaient de 5 à 6% à plus de 70 % et même à des niveaux records de plus de 90%.
Ce qui est mis en évidence, c'est la supériorité de l’expérience de l’apprenant offerte par la plateforme Coorpacademy, tout en garantissant une totale compatibilité avec les LMS en place. L’entreprise n’a pas à faire de write-off de ses investissements historiques. Quant au sujet traité, notre plateforme aborde les cours liés aux compétences techniques (hard skills) et fait également une très grande place aux compétences douces comportementales et managériales (soft skills) qui sont une de leurs préoccupations émergentes majeures.
Pour une EdTech comme Coorpacademy, les partenariats et les alliances sont essentiels…
Jean-Marc Tassetto : En effet Coorpacademy vit dans un écosystème ouvert où les partenariats et les alliances sont la règle, que ce soit avec de grands intégrateurs comme Capgemini Consulting ou avec de grands éditeurs qui souhaitent transformer leur contenu et le monétiser sur notre plateforme… Laquelle devient ainsi une marketplace de la compétence et du savoir en entreprise.
Vous disiez avoir fait l'une des principales levée de fonds du secteur ?
Jean-Marc Tassetto : La dernière levée de fonds de 10 millions d'euros a été réalisée auprès de nos deux investisseurs historiques qui sont Debiopharm Investment et NextStage et auprès d’un troisième fonds leader Serena Capital présidé par Philippe Hayat. Les fonds levés visent à financer trois grands types de projets. D'abord nous maintenir en tête de la course technologique et pédagogique, notamment en renforçant notre R&D pédagogique avec les laboratoires de l’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne, et augmentant nos capacités de développement en propre. Au besoin, ces fonds nous permettront aussi de faire des acquisitions pertinentes et ciblées. Deuxième axe : l’international. Si la plateforme est déjà largement déployée à l’international par nos clients, il nous faut néanmoins renforcer notre présence physique dans les grands pays européens au plus près de nos clients. Troisième axe, le partenariat de co-édition avec de grands éditeurs.
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