L’évaluation de l’impact de la formation dans l’entreprise va devenir la clé de voûte du processus pédagogique : une thématique au centre de l'interview d’Olivier Gauvin, Directeur de l’offre de formation au sein d’Opcalia.
Quelle place prendra l’évaluation des actions de formation dans les années qui viennent ?
Olivier Gauvin : L’évaluation de l’impact de la formation dans l’entreprise va devenir la clé de voûte du processus pédagogique. La formation devient un investissement et on ne peut imaginer une entreprise faire un investissement sans en mesurer l’impact sur son activité, son organisation et sa performance.
Opcalia a fait le choix de tester une approche basée sur Kirkpatrick. Pour les prestataires de formation, l’incidence ne peut être que positive. En effet, les organismes de formation auront, en amont, les indicateurs économiques sur lesquels ils seront évalués ; cela leur permettra d’être créatifs et innovants pédagogiquement dans leurs réponses.
De plus l’évaluation impliquera tous les acteurs : salariés, managers, responsables formation, dirigeants… Ainsi, la non-atteinte des objectifs ne pourra plus être uniquement répercutée sur l’organisme de formation. A travers ce dispositif, nous pourrons également valoriser les bonnes pratiques et justifier les différences de tarifs. En effet, une formation peu chère mais n’ayant aucun impact positif coûte finalement beaucoup d’argent à l’entreprise.
Existe-t-il un dispositif d'évaluation prenant en compte la FOAD (Formation Ouverte A Distance) dont on sait qu'elle monte fortement en puissance ?
Olivier Gauvin : Il faut garder un cadre d’évaluation identique, quelle que soit la modalité pédagogique, même si les indicateurs ne sont pas tout à fait les mêmes. Rappelons, en effet, que l’enjeu in fine est de mesurer l’impact de l’investissement formation pour l’entreprise. Il faut donc pouvoir comparer différentes modalités d’organisation des formations sur les mêmes bases. La FOAD est une modalité de formation parmi d’autres. Il faut néanmoins la démocratiser car elle présente de nombreux avantages : individualisation des parcours, flexibilité des durées, limitation des contraintes de lieu et de temps…
Quoi qu’il en soit, il revient au responsable de formation ou l’acheteur de choisir la modalité de formation la mieux adaptée aux besoins de l’entreprise, au public concerné et aux contraintes d’organisation.
En quoi consiste le système d’évaluation en ligne des actions de formation expérimenté par Opcalia en Ile-de France ?
Olivier Gauvin : Le système d’évaluation mis en place par Opcalia consiste à adresser un questionnaire à chaque stagiaire à l’issue de sa formation. Ce questionnaire ne porte pas uniquement sur la prestation de formation, mais également sur la mise en place de la formation en amont, impliquant le manager ou l’entreprise. Dans un deuxième temps, environ 3 mois après la fin de la formation, le stagiaire reçoit un autre questionnaire qui permet d’évaluer les effets de la formation sur son activité et la façon dont il occupe son poste de travail.
Notre objectif est de donner des indicateurs à l’organisme de formation afin qu’il puisse améliorer ses prestations, mais également à l’entreprise pour comprendre pourquoi une formation n’a pas totalement répondu à ses attentes. Combien de salariés partent en formation sans savoir pourquoi ? Nous sommes donc dans une logique d’amélioration continue et de sensibilisation des entreprises. Pour l’instant, cet outil est lié aux formations collectives que nous mettons en place à destination des petites et moyennes entreprises. Initié par Opcalia Ile-de-France, il sera ouvert en 2015 à l’ensemble des formations du réseau Opcalia à travers notre Espace Formation.
La Réforme de la formation professionnelle articulant plus finement les enjeux de la formation avec le développement des compétences, est-ce que l’évaluation des actions de formation devra prendre en compte l’évaluation des compétences acquises grâce à la formation ?
Olivier Gauvin : Le transfert des acquis de la formation en situation de travail : tout l’enjeu est là pour l’entreprise, car les gains de productivité se feront maintenant sur les compétences de leurs collaborateurs. Dans le même temps, grâce à la valorisation des compétences acquises, tant par la formation externe qu’interne, les salariés pourront sécuriser leur parcours professionnel en valorisant ces compétences par l’obtention d’une certification, d’un titre ou d’un diplôme. Cet objectif est bien évidemment à la portée des OPCA à condition de nous outiller et, bien sûr, de travailler avec les entreprises et les branches professionnelles pour connaître finement leurs besoins à court et moyen termes.
Propos recueillis par Michel Diaz
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