Jean-Martins Jaspers, Directeur du CHEMI, revient sur les années de pratiques et d'innovations de cette entité stratégique du Ministère de l'Intérieur dans la e-formation… Une révolution numérique, selon lui, qui va bousculer beaucoup d'institutions vieillissantes… Preuves à l'appui !
Quelle est la vocation du CHEMI ?
Jean-Martin Jaspers : Le CHEMI est en charge de la formation des cadres dirigeants civils et militaires du Ministère de l’Intérieur. Nous réalisons par exemple la formation continue des préfets. Également, le CHEMI élabore une trentaine d’études stratégiques par an. Sur la période 2014-2016 nous allons renforcer nos services d’accompagnement des cadres dirigeants pour consolider leurs compétences professionnelles.
Quel bilan tirez-vous de la e-formation ?
Jean-Martin Jaspers : Depuis 2010 le CHEMI est un centre national en pointe en e-formation dans le segment particulier des cadres dirigeants. Nous avons construit un catalogue d’une cinquantaine de modules offerts sur la plate-forme « ALLCHEMI.eu ». Ils sont ouverts aux préfets, aux généraux de Gendarmerie, et aux inspecteurs généraux et contrôleurs généraux de la Police Nationale. Ces modules d’une durée de 45 minutes portent sur des sujets comme le leadership ou la gestion des conflits ou des thématiques de l’action internationale du Ministère de l’Intérieur. La e-formation représente entre 10 et 50% de notre offre de formation selon les cycles. Nos modules de e-formation comptent en moyenne 300 participants.
Le bilan de la e-formation est très positif lorsqu’elle est articulée avec le présentiel. Nous sommes très satisfaits de notre LMS « Moodle » et travaillons en étroite coopération avec la Police Nationale et la Gendarmerie Nationale. La e-formation est depuis 2014 obligatoire pour l’ensemble des cadres dirigeants du Ministère de l’Intérieur avec 5 séquences par an. Nos principales difficultés tiennent à l’ergonomie de la plate-forme et nos systèmes de suivi et d’accompagnement des apprenants que nous souhaitons rendre toujours plus performants. Pour la période 2014-2016, nous travaillons sur une troisième version de la plate-forme pour mieux adapter les formats aux tablettes numériques. « ALLCHEMI.eu » va augmenter le nombre de modules de e-formation courts dans un format de l’ordre de 10 minutes, très adapté à notre public qui a entre 45 et 65 ans d’âge.
A quels enjeux répondent les formations linguistiques qui figurent à l’offre de formation du CHEMI ?
Jean-Martin Jaspers : Au CHEMI, l’anglais est une langue de travail et nous concentrons la formation linguistique sur ce vecteur de communication entre cadres dirigeants. En langue anglaise, nous visons le niveau B2 ou C1 nécessaire à la performance de cadres à haut potentiel dans l’offre « communications internationales. » Le CHEMI mixe du e-learning en face à face avec des séquences de 30 minutes avec un professeur spécialisé, Mme Scattolini, des conférences en présentiel et des services de l’université numérique « Tell me More ».
La motivation des apprenants s’opère de manière continue en commençant par la présentation de la part du français déjà intégré dans la langue anglaise, et le rappel de la chance inouïe, pour nous, que l’anglais soit la langue internationale et pas le chinois ou une langue plus éloignée de nous.
Également, il est essentiel de situer les objectifs quantitatifs précis. Au CHEMI, nous situons à 20 heures de travail individuel intensif la barre minimale de e-formation et ce niveau est généralement respecté. La motivation intègre de très nombreuses actions comme l’encouragement à chaque étape réussie et des séances collectives d’émulation. Il faut sans cesse redonner du sens aux actions de e-formation et valoriser les progrès.
Quels sont les points forts de la solution Tell Me More ?
Jean-Martin Jaspers : Tell Me More offre un remarquable service « clef en main » d’enseignement avec une prise en main très rapide par des cadres dirigeants. Nous constatons au CHEMI un taux d’échec inférieur à 2% pour un public, je le rappelle, âgé de 45 à 65 ans. La solution intègre des classes virtuelles particulièrement efficaces grâce aux petits groupes de 6 à 8 apprenants venant du monde entier.
Nous utilisons aussi Tell Me More pour former nos cadres de haut niveau à l’usage d’une plate-forme de e-formation. L’anglais est pour nous un produit d’appel, souhaité par tous, facile à enseigner, facile à évaluer, aussi, grâce aux tests de la plate-forme. Cette capacité d’évaluation nous intéresse beaucoup au CHEMI, parce qu'elle est immédiatement disponible et très rapide à mettre en œuvre. De ce point de vue, les tableaux de bord de suivi des apprenants fournis par Tell Me More sont aussi très clairs pour l’équipe de direction du CHEMI. Et comme la solution est très robuste, elle s'est placée parmi nos meilleures formations depuis trois ans que nous l'utilisons.
Comment voyez-vous l’évolution de la formation mixte au CHEMI ?
Jean-Martin Jaspers : En 2014, nous travaillons sur des cycles supérieurs composés d’une quarantaine de séquences : la moitié en présentiel, avec en général 5 séquences par jour, et la moitié en e-formation, avec une vingtaine de séquences que l’apprenant de haut niveau peut effectuer à domicile ou lorsqu’il le souhaite sur son lieu de travail. Un cycle supérieur de 40 séances est efficace et ne consomme que 4 jours de présentiel dans l’année, en général répartis au rythme d’un séminaire par trimestre. Par ailleurs, nous allons mettre la priorité sur les classes virtuelles en lien avec la Police Nationale qui s’est dotée de licences « Classilio Via ».
En présentiel, nous allons tenter de réduire de 10 à 20% nos programmes. D’immenses gains de productivité sont à portée grâce à la e-formation qui décolle vraiment en 2014-2015 au sein des services de l’État. Le mixte est très adapté au Ministère de l'Intérieur qui dispose de l’ordre de 300.000 collaborateurs dispersés en 4.500 implantations territoriales. Notre impératif majeur est d’auto-produire des modules courts, efficaces, faciles à consommer, et centrés sur les savoirs professionnels immédiatement utiles ou stratégiques.
Notre Ministre de l’Intérieur, M. Manuel VALLS, a donné en 2014 les impulsions nécessaires au CHEMI pour progresser à rythme soutenu. Notre Ministère compte aussi maintenant une dizaine de e-formateurs à grand succès comme le Général de Gendarmerie GALTIER , commandant de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA) sur la « gestion des conflits », et le Général MAZY, directeur des personnels militaires qui a mis au point un enseignement performant sur la « gestion du temps. » Je souhaite aussi citer parmi nos grands e-formateurs Mme la préfète Sophie THIBAULT, qui a élaboré un cours sur l’ « organisation des visites présidentielles » ou le préfet de la Réunion Jean-Luc MARX, sur « la modernisation des organisations publiques. » Le vrai succès et potentiel considérable est qu’une trentaine des plus hauts cadres de l’État sont passés par de la simple « découverte-consommation » de modules à la production de e-formations.
Cette révolution numérique dans le domaine de la formation qui va bousculer beaucoup d’institutions vieillissantes est en marche…
Propos recueillis par Michel Diaz
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