Un rapide tour d'horizon avec Aude Dellacherie, responsable des activités études et conseil LMS du cabinet Féfaur, assorti de deux ou trois conseils dans le processus de choix…
Le marché mondial des plateformes LMS est en pleine progression, selon une récente enquête de Bersin et Associates… Avec une croissance de 14% en 2012, il est attendu en hausse à 1,9 milliards de dollars cette année. Une belle performance, malgré ou grâce à la crise : ces plateformes sont devenues incontournables pour les entreprises qui souhaitent optimiser leurs coûts de formation par la mise en œuvre d’une stratégie e-learning.
La France n'est pas à l'écart, la croissance ayant été du même ordre l'an passé. Le retard hexagonal devrait être en partie comblé dans les prochains 18 mois, comme on peut le penser devant l'accélération récente des grands appels d'offres…
Des acteurs de classe mondiale…
Les acteurs de classe mondiale, principalement d'origine américaine, sont parmi les premiers à tirer les bénéfices de cette croissance du marché français, avec des fortunes diverses. Saba ou SumTotal paraissent légèrement en retrait depuis deux ou trois ans. Au contraire de Cornerstone OnDemand, sans doute le fournisseur qui a engrangé le plus grand nombre de contrats sur la dernière période auprès de grandes entreprises et de PME, grâce à une offre SaaS qui lui permet de servir des entreprises de toute taille à moindre coût… On peut s’attendre aussi à une intensification de la concurrence avec l'entrée en lice de SAP et d’Oracle une fois que ces majors auront «digéré» leurs acquisitions respectives de SuccessFactors-Plateau et de Taleo-Learn.com…
Gestion de la formation et des talents vont-ils de pair ?
On notera au passage que formation et gestion des talents vont souvent de pair, au moins chez ces grands fournisseurs qui soutiennent qu’on ne peut plus piloter et administrer séparément formation et gestion des talents… Avec un solide argument, car la formation vient nourrir la plupart des processus RH, de l'intégration d'un nouveau collaborateur à la gestion de carrière et de mobilité en passant, bien sûr, par la gestion de la performance. SuccessFactors, Taleo, Cornerstone, Technomedia (lui aussi très présent en France et en Amérique du Nord) : des éditeurs qui misent clairement sur cette convergence, avec des solutions unifiées permettant aux entreprises de piloter leur stratégie talent… Attirer, fidéliser, développer ces talents, plus qu’un slogan : un impératif dans la compétition féroce que se livrent les entreprises.
Le dynamisme des éditeurs spécialisés dans les seuls LMS…
En même temps, le Benchmark LMS Féfaur témoigne du dynamisme des fournisseurs exclusivement concentrés sur une offre LMS. Certpoint et MindOnSite, respectivement d'origine américaine et suisse, en sont de bonnes illustrations, qui intègrent les domaines LMS et LCMS permettant de gérer les contenus e-learning et les diverses ressources pédagogiques, et disposent chacun d'un générateur de contenus qui, sans avoir la puissance des outils auteurs tiers, suffit à un vaste spectre de besoins.
Des éditeurs français qui tirent leur épingle du jeu…
Les éditeurs d’origine française sont aussi bien présents, certains ayant réussi à se hisser aux tout premiers rangs du marché français. C’est notamment le cas d’e-doceo, qui réalise plus d'un tiers de son chiffre à l'exportation, et dont la Learning Suite constitue une offre complète quoique modularisée, qui couvre l'ensemble des besoins d'un service formation, de la conception e-learning à la diffusion de blended learning et aux classes virtuelles. C’est aussi le cas de Futurskill, anciennement Syfadis, qui possède une part significative du marché français, et finira bien par tirer les synergies business de son rapprochement avec Manpower il y a deux ans.
Ces deux acteurs ne suffisent pas à épuiser le dynamisme hexagonal, comme le montre la plateforme Lynx qui fait son bonhomme de chemin, pas à pas, avec de belles références, en particulier dans le monde des PME à réseau… Et il y en a d'autres ! Quant aux LMS "open source", leur part de marché reste marginale dans le monde professionnel, et l'on ne voit pas que cela puisse évoluer fortement dans un avenir proche, malgré des atouts indéniables.
Deux ou trois conseils pour finir…
Premier conseil : bien s'informer sur les solutions disponibles sur le marché. Raisonner, justement, en terme de solution : le choix d'une plateforme, c'est celui d'une technologie, bien sûr ; c’est aussi celui d'un partenaire dont les équipes suivront le client pendant des années… Comme dans tout mariage, il est préférable de connaître son promis (ou sa promise) avant de s’engager !
Autre conseil : qui dit solution dit aussi besoins… L'expression de ceux-ci est une étape clé du processus de choix… Une étape délicate, car il ne faut pas chercher à tout envisager - ce dont on n'est pas capable en général -, sans pour autant renoncer au choix d’une plateforme qui pourra accompagner l'évolution des besoins… Ensuite, exprimer ses besoins de façon compréhensible : une responsabilité de la maîtrise d'ouvrage, le plus souvent le service formation, qui pourra s’appuyer, par exemple, sur la méthode des cas d'utilisation produits pour des profils variés.
Surtout faire simple… Ce qui semble être compris d’un nombre croissant d’entreprises, comme le montre le panorama des Usages des plateformes LMS dans les entreprises françaises* publié en novembre 2012… Les LMS restent encore largement utilisés dans leur périmètre fonctionnel de base !
*Accessible sur www.fefaur.com
Aude Dellacherie, Féfaur, Directrice associée
|