Avec l'application PipetteCoach™, Gilson transforme une technique manuelle exigeante en levier pédagogique numérique. Pour Mikael Amsellem, Executive Director de l’entreprise, il ne s'agit pas seulement d'améliorer un geste, mais de réconcilier rigueur scientifique et autonomie apprenante dans un contexte de formation souvent contraint. Une réponse concrète aux attentes des enseignants, des laboratoires… et des étudiants.
Votre application PipetteCoach™ digitalise une pratique manuelle très précise…
Mikael Amsellem : La solution a d'abord été conçue pour lever une difficulté de fond en matière de formation ; à savoir, le décalage entre la compréhension d’une technique et sa bonne exécution. En effet, jusqu’ici, l’attention du manipulateur — et de son formateur — portait principalement sur le tube où il pipetait et la sensation de son pouce sur le piston de la pipette. Grâce à notre application, il obtient un retour visuel et quantitatif sur les paramètres qui font la qualité du pipetage : force d’appui sur le piston, position de la pipette, répétabilité, vitesse, etc. C’est l’apport en temps réel de ces nouvelles informations qui permet à l’élève de mieux comprendre ce qu’il fait, et d’être ainsi davantage capable de s’autocorriger et de progresser.
Grâce à l’affichage en temps réel des paramètres clés comme l’effort exercé sur le piston ou la perte d’échantillon, le Digital Learning permet une montée en compétences immédiate ?
Mikael Amsellem : Le digital est partout présent dans notre quotidien au point d’avoir transformé nos comportements, mais également la manière dont nous évaluons et nous emparons d’une situation. Nous apportons une information en temps réel à une génération d’élèves pour lesquels tout se fait dans l’instant grâce au digital : une communication, un achat, un contrat et un webinaire qu’on suit quand on le souhaite et d’où on le souhaite. Notre solution constitue un outil pour mieux apprendre, mais surtout, elle est en phase avec son mode de vie, ce qui explique la facilité avec laquelle tous les élèves qui l’ont essayée se la sont appropriée et ont travaillé avec, qu’ils aient été BTS ou thésards.
Finalement, une solution numérique débouche sur une pédagogie plus efficace, innovante ou personnalisée qu’un dispositif classique ?
Mikael Amsellem : Les enseignants et les responsables de laboratoire se devaient d’être au cœur du projet : ils sont ceux qui en maîtrisent le mieux la dimension pédagogique et les difficultés opérationnelles liées à sa transmission. En effet, au fil des années, les formations (BTS, Licence, voire Master) avec des cours de pipetage ont connu une forte augmentation du nombre de sujets à traiter en cours ainsi que du nombre de personnes à former. Les enseignants se sont ainsi trouvés confrontés à une baisse de leur temps disponible pour expliquer cette technique alors même qu’elle constitue un savoir-faire clé pour l’avenir professionnel de leurs élèves. Une autre difficulté remontée tient malheureusement au manque d’intérêt des élèves pour une technique perçue comme vieillotte et qu’ils ne cherchent donc pas à maîtriser. Ces retours ont joué un rôle déterminant dans l’orientation que nous avons donnée à l’application : ils se retrouvent à deux niveaux. D'abord, nous avons exploité la présence d’indicateurs de performance et l’organisation de l’interface pour introduire une dimension de défi qui suscite rapidement de l’émulation et une dynamique d’engagement. Et, nous avons voulu apporter aux élèves davantage d’autonomie dans leur apprentissage : lors de sa session, il constate lui-même ses lacunes et – en comprenant qu’il est responsable de s’améliorer – sollicite son formateur de façon plus précise ce qui permet une meilleure gestion du temps de chacun.
Vous insistez également sur les valeurs à transmettre en formation…
Mikael Amsellem : Au-delà de ce partage des difficultés inhérentes à l’enseignement du pipetage aujourd’hui, nos échanges avec les formateurs et les laboratoires nous ont aussi permis d’apprécier pleinement les valeurs qu’ils souhaitent voir mieux passer en formation. Un sujet particulièrement sensible : faire prendre conscience de l’impact d’un pipetage mal exécuté. En effet, en phase de recherche ou de préparation de certains médicaments, une mauvaise manipulation peut entraîner des variations de volume et des contaminations qui vont directement nuire à un résultat, et retarder la prise en charge des patients ou la mise à disposition de nouveaux produits. C’est de ces échanges qu’est née l’idée d’un indicateur exprimant la quantité d’échantillons perdue par l’utilisateur. Une autre rupture demandée par rapport à la formation traditionnelle portait sur la nécessité de faciliter le suivi personnalisé des élèves : nous avons ainsi développé une option d’enregistrement des sessions de travail…
Autre innovation majeure : la possibilité d'enregistrer et d'analyser ensuite les séances grâce à PipetteCoach™ ?
Mikael Amsellem : Le suivi de la progression de chaque élève est une attente légitime de la part des pouvoirs publics ; cependant, comme je l’ai évoqué plus haut, elle est difficile à réaliser au regard de la charge de travail des enseignants et du nombre d’élèves par classe. Les enseignants, les laboratoires et les élèves sont conscients de ce paradoxe, mais jusqu’ici, il n’y avait pas d’autre choix que d’accepter que l’enseignant ait à peine quelques minutes à consacrer à chaque élève pour l’observer travailler et le conseiller sur la façon de corriger sa gestuelle. L’application offre à l’élève la possibilité d’avancer dans l’analyse de sa performance, ainsi qu’une réelle flexibilité pour trouver un moment où discuter avec son enseignant des seules difficultés qu’il n’arrive pas à résoudre seul.
Moins de 5 minutes pour prendre en main la solution de formation… on fait difficilement mieux !
Mikael Amsellem : La formation et le digital se marient parfois assez mal, notamment lorsque la transformation digitale dénature l’expérience apprenante, comme cela peut se produire en VR. Nous souhaitions éviter cet écueil en plongeant l’utilisateur au cœur d’une expérience en laboratoire la plus réaliste possible. Il en a découlé le choix d’utiliser, pour notre application, une véritable pipette et des efforts conséquents pour que les algorithmes derrière nos indicateurs soient aussi précis que possible. Nous avons fait notre possible pour que l’utilisateur accède le plus directement possible au contenu pédagogique, pour lui permettre de mieux apprendre à pipeter, sans perdre du temps à domestiquer notre application. Concrètement, cela se traduit par un nombre d’écrans limité avec un contenu peu chargé, un vocabulaire simple.
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