On ne cesse de mettre en avant la puissance des « IA génératives » dans la conception de ressources pédagogiques, à travers nombre d’outils qui permettent de reformuler et de structurer un contenu, de générer des images, de rédiger des textes… ChatGPT, Gamma, Nolej, DALL·E ou Canva, pour ne citer qu’eux, ainsi que des outils auteurs comme Articulate ou Genially… Certes, autant d’outils précieux pour aider les formateurs à concevoir leurs formations. Mais qu’en est-il de leur mission de tuteur ? comment l’IA peut-elle rendre le tutorat plus pertinent et performant ?
Tutorat : la clé d’un dispositif de formation efficace et optimisé
La dernière édition du baromètre Digital Learning de l’ISTF confirme de nouveau le rôle clé du tutorat comme facteur de motivation pour aller au bout d’une formation. L’enquête montre que le tutorat a un impact direct sur le taux de complétion : 65 % des dispositifs tutorés affichent un taux de complétion supérieur à 60 %, tandis qu’une majorité des dispositifs non tutorés (58 %) peinent à dépasser les 10 % de complétion. CQFD ! C’est que les missions du tuteur sont multiples ; elles couvrent un champ d’action qui va bien au-delà de la simple réponse aux questions éventuelles des apprenants ! En effet, le tuteur guide les apprenants en les nourrissant d’informations pour s’orienter dans leur formation ; il accompagne l’apprentissage de ses conseils pédagogiques et des ressources adaptées pour faciliter la compréhension et la progression de ses acquis ; il apporte un soutien organisationnel et technique pour lever les éventuels freins rencontrés ; il contribue à motiver les apprenants tout au long de leur parcours de formation afin de limiter les abandons en chemin. Enfin, il évalue les travaux et apporte du feedback. Quant à ses modalités d’intervention, elles sont fort diverses : approche synchrone ou asynchrone, réactivité ou en proactivité, actions en groupe ou individuelles, présentielle ou à distance… La charge tutorale peut être répartie entre plusieurs personnes : le formateur, bien sûr, ainsi que d’autres profils (community manager, gestionnaire de la formation, personnel administratif ou technique). Résumons : pour un architecte de formation ou un concepteur pédagogique, la matière à réflexion ne manque pas ! Ni le plaisir à imaginer le meilleur dispositif tutoral.
Les trois freins au tutorat : conception, budget et réactivité
Le premier frein trouve sa source dans l’ingénierie de la formation, dès la phase de conception : le tutorat est trop souvent absent du scénario de formation, sinon réduit à un simple espace asynchrone dédié aux questions x réponses. Deuxième frein : peu de moyens ou des moyens mal utilisés. Si l’on est revenu des médiocres expériences de formation présentielle sans formateur dans la salle, les organismes de formation n’en sont pas encore à investir dans un temps dédié aux actions de tutorat requises pour toute formation distancielle. Le troisième et dernier frein consiste dans l’écart entre la disponibilité des tuteurs et les attentes des apprenants. Soit, par exemple, un stagiaire qui bloque 2 heures de son temps pour travailler sur un cas d’application proposé post formation présentielle : s’il sait qu’il devra attendre de 12 à 24 heures pour obtenir une réponse à ses questions, plutôt que de solliciter le tuteur, il préfèrera interroger l’IA pour obtenir une réponse immédiate, même si parfois approximative.
IA vs tuteur humain : un combat plié d’avance ?
Comment le tuteur humain pourrait-il concurrencer une IA disponible 24/24 pour répondre individuellement aux questions des stagiaires ? Pour exécuter des tâches répétitives, chronophages et à faible valeur ajoutée (envoi de notifications, de rappels, gestion des relances à grande échelle, etc.) ? Pour détecter systématiquement les signaux faibles de démotivation, les apprenants au bord de décrocher ? Pour adapter automatiquement les parcours de formation en fonction de la progression des apprenants, de leurs besoins, de leurs préférences d’activités ? Pour reformuler immédiatement les contenus ou consignes selon les besoins ? Toutes ces actions sont de nature à optimiser l’engagement des participants et faciliter leur progression. Sur ces tâches spécifiques, qui couvrent une partie seulement du rôle du tuteur, le combat semble effectivement inégal et plié d’avance.
L'IA, alliée du tuteur : entre potentiel et nécessaire cadrage
Un rappel utile : l’IA sert à augmenter les actions de tutorat, non à remplacer le tuteur ! L’intelligence émotionnelle, l’empathie, la présence réelle demeurent des facteurs déterminants de la motivation des apprenants. Ensuite, à l’instar de toute technologie, l’usage de l’intelligence artificielle requiert un contrôle rigoureux. Les formateurs (comment leur donner tort ?) n’ont aucunement la volonté de donner accès à un Chatbot (par exemple, fondé sur ChatGPT, Le Chat ou autre) ou autre en prétendant proposer un outil de tutorat, car l’IA ne doit souffrir aucune approximation dans ses réponses. Pour cela, les formateurs devront comprendre et maîtriser l’IA, via la conception de prompts précis venant encadrer son action, la définition du périmètre de son intervention (lui demande-t-on de proposer des activités d’apprentissage personnalisées ? de rédiger des commentaires formatifs ?…). Le constat est sans appel : aujourd’hui, bien peu d’entre eux sont formés à l’enjeu stratégique du prompt.
L’IA au service d’un tutorat enrichi
Loin de remplacer les formateurs, l’IA peut devenir un véritable assistant pédagogique. Le tuteur IA, AsTuSse, développé par les équipes d’Ingenium digital learning s’inscrit dans cette démarche. Il propose aux apprenants, en temps réel, des réponses précises selon un périmètre de recherche défini par le formateur, garantissant ainsi la qualité et la fiabilité des contenus. Le formateur n’a pas à se soucier de créer des prompts, il indique uniquement les sources présentes dans la plateforme qui serviront de corpus pour répondre aux questions des apprenants. Mieux encore, il ne se contente pas de répondre, il motive : de manière proactive, il interroge l’apprenant sur ses connaissances, le corrige, le relance et lui propose des ressources adaptées pour approfondir son apprentissage.
Takeaway : L’intelligence artificielle au service du tutorat est un levier puissant permettant d’optimiser l’apprentissage. Bien exploitée, elle ouvre la voie à un tutorat augmenté, où la technologie et l’humain collaborent pour procurer une expérience pédagogique plus efficace et stimulante.
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