Les technologies ne sont plus à blâmer, affirme Élodie Primo, CEO de MOS - MindOnSite, mais bien la gestion de projet. Face aux dérives stratégiques, aux lacunes de gouvernance et aux problèmes d'engagement des apprenants, l’agilité et la personnalisation pourraient-elles enfin permettre aux entreprises françaises de transformer durablement leurs pratiques de formation ? Vade mecum.
La récente enquête de Féfaur x Innovative Learning met en lumière plusieurs causes d’échec des projets Digital Learning. Quels enseignements en tirez-vous et comment l’approche de MOS - MindOnSite permet-elle d’y remédier ?
Elodie Primo : Déjà un aspect rassurant : les technologies ne figurent pas parmi les causes d’échec ! Les entreprises évaluent donc soigneusement les solutions avant de les adopter ! Pour le reste, c’est la gestion de projet qui semble en cause. Nous y remédions grâce à notre méthodologie « agile » : le projet Digital Learning est structuré en plusieurs phases avec des étapes de validation dans les différents comités. En avant-vente, nous désignons un chef de projet qui sera l’interlocuteur unique tout au long de la mise en place. Avant de signer, le client peut donc apprécier qui va l’accompagner ! De plus, nous avons choisi de ne pas déléguer l’intégration de nos solutions à des tiers pour un maximum de rapidité et de qualité. Une définition claire du périmètre est cruciale pour éviter les dérives et les attentes non satisfaites.
Le manque de vision stratégique est l’un des principaux freins identifiés…
Elodie Primo : La vision stratégique, c’est une image claire des objectifs et des priorités de l’organisation qui vont contribuer à sa réussite. Sans cela, le projet peut manquer de direction et de cohérence. Nous donnons le ton bien en amont du projet avec notre modèle de cahier des charges (en téléchargement libre sur notre site web). Dans la rubrique stratégie, il est demandé de préciser les enjeux, challenges et problématiques auxquelles fait face l’organisation. Dans celle de la gouvernance, on pose des questions sur le sponsor, qui décide, valide la stratégie et les enjeux du projet, quelle est l’entité à l’origine du projet et qui sont les parties prenantes. Ce cadrage du projet est ’essentiel pour atteindre plus rapidement les objectifs.
Une gouvernance efficace et une communication fluide avec les parties prenantes sont également indispensables…
Elodie Primo : La réussite est une coproduction : nous accompagnons notre client dans la mise en place d’une équipe constituée d’un sponsor, d’un chef de projet, d’un responsable de l’application, d’un responsable technique et de référents métiers. MOS nomme aussi son propre sponsor garant de la réussite du projet ; quant à notre équipe projet, elle est exclusivement constituée de profils séniors. Pour faciliter la communication et le suivi, nous utilisons une équipe Teams dédiée au projet, où communiquer, planifier, suivre les activités et partager des fichiers, des notes de réunion ainsi qu’un glossaire pour parler le même langage !
L’accompagnement des apprenants reste un défi clé pour l’engagement et la réussite des formations. Comment MOS - MindOnSite conçoit-il l’expérience apprenant pour maximiser l’implication et limiter l’abandon ?
Elodie Primo : La conception de l’expérience apprenant est centrale dans la mise en place des dispositifs de formation. Il s’agit de créer un environnement d'apprentissage engageant et de soutenir les apprenants tout au long de leurs formations. Les parcours sont personnalisés au profil, aux besoins et préférences individuelles des apprenants, à leur avancement, évaluations et compétences. La plateforme est conçue pour favoriser l’interactivité, personnaliser la gamification à différents niveaux et intégrer des systèmes de reconnaissance. Cela inclut la vue de la progression dans les niveaux, des certificats, des badges, des points, des podiums ou encore des récompenses tangibles. Les espaces de discussion et de partage d’expérience, comme les blogs et forums, renforcent le sentiment d'appartenance et de soutien. Nous proposons aussi la mise en place de chatbots et assistants virtuels, qui peuvent fournir un support instantané aux apprenants, répondre à leurs questions et les guider tout au long de leur parcours de formation. Les apprenants bénéficient aussi d'accompagnement humain avec les tuteurs et les managers qui, à travers des portails d’administration dédiés, vont créer et gérer les sessions de formation et coaching tant au niveau inscriptions que suivi, notes, commentaires et documents associés.
Autre point, nous attachons une importance toute particulière au marketing de la formation. Comme pour le marketing classique, l’objectif est de créer suffisamment de valeur perçue pour obtenir l’adhésion des apprenants, les faire monter en compétences et atteindre les objectifs business plus larges. Dans ce contexte, les apprenants deviennent clients et tout est mis en œuvre pour les satisfaire. Dans cette approche, nous collaborons avec Anne-Marie Cuinier, experte de ce sujet, qui a conçu un parcours e-learning dédié à l’aide de notre plateforme. Son livre a également inspiré une automatisation des tâches du marketing de la formation, qui peuvent être intégrées à notre plateforme MOS Chorus dans un environnement dédié pour chaque client.
Le manque de ressources humaines et d’indicateurs d’impact en amont complique le suivi et l’amélioration des projets…
Elodie Primo : Toute stratégie digne de ce nom doit prévoir des indicateurs clés de performance (KPI) spécifiques pour mesurer la rentabilité des investissements en formation, ne serait-ce que pour décrocher un financement des ressources à engager ! On évitera les « vanity metrics », spectaculaires, mais superficielles, qui n’épuisent pas la question du ROI. Pour mesurer l’impact réel des dispositifs sur le business, on doit se concentrer sur les « business metrics » : quelle que soit la façon dont on le mesure, l’impact doit toujours se référer au gain de productivité et de performance organisationnelle.
L’adhésion des dirigeants est parfois limitée… peut-elle freiner le développement des projets ?
Elodie Primo : Pour faire adhérer les dirigeants, il faut démontrer que le projet LMS s'alignera sur les objectifs stratégiques de l'entreprise et qu’il contribuera à la croissance et à la compétitivité de l'entreprise. Avec des exemples et des données chiffrées, pour illustrer les gains potentiels de productivité, de réduction des coûts de formation, et d'amélioration des compétences. Nos clients peuvent aussi puiser dans notre banque d’études de cas et références clients pour rassurer leurs dirigeants. Le prototypage personnalisé du LMS est un autre moyen, utile, car les dirigeants aussi comprennent mieux en voyant des exemples !
Trois conseils pour synthétiser ce qui précède ?
Elodie Primo : D’abord, veiller, au démarrage, à l’alignement stratégique et à l’implication des parties prenantes — les équipes RH, IT, communication et les managers. Il est indispensable de partir avec des objectifs clairs, notamment sur les compétences à développer et les résultats attendus, et de collaborer étroitement avec ces parties prenantes pour assurer une mise en œuvre cohérente et intégrée. Ensuite, il est crucial de dessiner une expérience apprenant engageante et personnalisée pour maximiser l'implication. Enfin, mettre en place des mécanismes de suivi et d'évaluation pour mesurer l'impact du projet et l'améliorer en continu.
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