Si la maîtrise du français paraît une évidence en entreprise, une étude Féfaur x Frello révèle que plus de 40% des organisations identifient des lacunes significatives chez leurs collaborateurs. Ces déficiences linguistiques impactent directement la performance collective, avec des conséquences concrètes sur la communication interne (63%), la compréhension des consignes (41%) et même la productivité (26%). Comment transformer cette compétence fondamentale en avantage stratégique pour accompagner l'upskilling et le reskilling dans les entreprises ?
La maîtrise du français constitue-t-elle un levier stratégique dans la dynamique d'upskilling et de reskilling en cours dans les entreprises ?
Louis Rapilly : Les entreprises rencontrent de grandes difficultés à pourvoir de nombreux postes. Dans ce contexte, les métiers de l'industrie, du service à la personne et du BTP ont de plus en plus recours à une main d'œuvre dont les compétences en français sont trop limitées. Sans un accompagnement RH visant à renforcer ces compétences en français, la bonne réalisation des missions est menacée, et la fidélisation des collaborateurs mal assurée. En revanche, en s'assurant que les compétences en langue française, orales ou écrites, respectent le minimum requis, les DRH pourront pleinement miser sur l'approche reskilling qui permet de proposer des plans de carrière dynamiques répondant efficacement aux tensions du marché du travail.
Quelles sont, selon vous, les principales raisons qui expliquent que les compétences linguistiques en français ne sont pas systématiquement intégrées dans les parcours de montée en compétences ?
Louis Rapilly : Le français est victime de son évidence. Cette compétence est tellement centrale qu'on finit par l'oublier ! Première barrière évidente : le manque d'évaluation pour diagnostiquer correctement le besoin des collaborateurs en français. Sans ce positionnement, impossible d'agir. Une réalité confirmée par l'étude Féfaur-Frello, qui montre que 71,19% des entreprises n'utilisent pas de test de français lors du recrutement ou de la mobilité interne, et 62,71% n'ont pas de suivi spécifique de ces compétences.
Ensuite, les décideurs s'inquiètent devant la durée pressentie des parcours d'apprentissage du français... une tâche, en effet, colossale si on applique le schéma d'apprentissage d'une langue étrangère à l'ensemble de l'organisation. Pourtant, le risque est majeur, pour l'organisation, de ne pas traiter cet enjeu. Incompréhension des consignes, tension quotidienne entre les salariés, communautarisme, inefficacité de la formation métier, etc. Ces symptômes découlent régulièrement du manque de compétences en français.
On peut ainsi être confronté à des collaborateurs dont l'implication semble limitée, car ils ne s'expriment jamais lors des moments collectifs, alors que c'est en réalité le plafond de verre linguistique qui est en cause. À l'inverse, les personnes formées au français vont bien mieux trouver leur place dans l'entreprise. Oublier la question des compétences linguistiques dans ces difficultés organisationnelles, c'est bien souvent passer à côté de la solution.
Comment votre solution répond-elle concrètement aux défis de l'upskilling et de la reconversion professionnelle ?
Louis Rapilly : Frello cherche pratiquement à ancrer les compétences linguistiques en français dans la performance opérationnelle des métiers. Cette approche, banale, prend cependant tout son sens avec le ciblage progressif de Frello : Positionnement des salariés pour déterminer le niveau et le besoin (15 minutes) ; Parcours dédié entièrement personnalisé en tenant compte des résultats du test, des besoins de compétences pour le poste, du temps disponible pour se former ainsi que des centres d'intérêt de ce dernier ; Apprentissage flexible pour répondre aux contraintes organisationnelles. Notre approche rejoint directement les attentes exprimées dans l'étude, où 64,41% des répondants considèrent l'évaluation initiale des compétences comme une caractéristique prioritaire d'un dispositif de formation idéal, suivie par les formats courts et flexibles (55,93%) et la personnalisation des contenus (54,24%).
Que ce soit sur des créneaux très courts (à partir de 10 minutes par jour) ou pour des apprentissages intensifs, l’apprenant suit son parcours mais peut également aller au-delà s’il le souhaite. Enfin, nous proposons un accompagnement on demand pour maximiser l'efficacité de l'apprentissage tout en minimisant les coûts pour l'organisation. L'accompagnement humain à l'apprentissage des salariés se déclenche si des blocages sont identifiés dans le parcours. Cette méthodologie unique, qui se concentre sur les efforts d'accompagnement, optimise les moyens financiers de l'entreprise et lui garantit la meilleure rentabilité de ses investissements.
L'essor des outils d'IA comme ChatGPT permet aux collaborateurs de pallier certaines lacunes linguistiques en français. C'est une solution viable ?
Louis Rapilly : L'IA est parfois perçue comme la solution magique aux difficultés linguistiques. Je n'en sous-estime pas les capacités, notamment dans les corrections orthographiques et grammaticales. Mais on n'oubliera pas que la première compétence à maîtriser dans l'utilisation d'une IA, c'est d'écrire correctement un prompt pour s'en faire comprendre ! On y revient : pour que les salariés puissent réellement tirer parti de l'IA, ils doivent être formés au français ! Cela dit, nous mobilisons l'IA pour améliorer l'expérience d'apprentissage sur Frello. Cela se traduit notamment par des corrections instantanées des expressions écrites et orales, un agent conversationnel pour encourager la pratique du français écrit, et un ajustement des parcours en fonction des progrès.
Quels retours observez-vous sur l'impact de ces formations en termes de performance, d'engagement et d'adaptabilité aux évolutions des métiers ?
Louis Rapilly : Le déploiement de Frello répond à l'objectif prioritaire d'assurer un pilotage 360° des compétences en français dans une organisation. Nous passons par les étapes déjà évoquées : diagnostic et positionnement massivement utilisés pour vérifier le niveau des collaborateurs (en ciblant souvent un métier) ou intégré dans le processus de recrutement. Nos clients nous disent grandement apprécier cette capacité à valider un pré-niveau de l'ensemble des collaborateurs pour anticiper les écarts de compétences à combler. Ils sont en général très surpris des résultats : la perception habituelle d'un besoin de formation touchant 5 à 10 % des salariés se transforme en un besoin pour entre 15 % et 45 % des salariés. Ce constat rejoint les données de l'étude qui identifie particulièrement les salariés de niveau opérationnel (58,46%), les non-francophones natifs (33,85%) et les nouveaux arrivants (24,62%) comme les populations prioritaires à former.
Après cette phase de diagnostic, une phase de bilan et de définition du plan de reskilling est réalisée en collaboration avec nos clients. Grâce à cette enquête approfondie, nous pouvons lancer des pilotes pour former des groupes tests de 50 à 200 salariés. Et certains de nos clients intègrent désormais les compétences détectées par Frello dans l'élaboration des plans de carrière des collaborateurs. L'étude montre d'ailleurs que 71,18% (45,76% "modérément" et 25,42% "très fortement") des répondants estiment que le niveau de français impacte l'efficacité des formations internes, soulignant l'importance stratégique de cette compétence pour le développement global des talents.
Actualités de Frello
Rendez-vous à Paris Porte de Versailles à l’occasion du Salon Innovative Learning les 19 et 20 mars : STAND C50 et lors du webinaire du 3 avril à 11h : La maîtrise du français, un levier de performance ?
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