Avec "Les Pédagos Podcast", LaLigneContinue explore une nouvelle approche de la formation en proposant des contenus audio dédiés aux professionnels de l’imprimerie. Un format accessible, immersif et pensé pour accompagner la montée en compétences dans un secteur en pleine évolution, notamment avec l'essor de l’intelligence artificielle. Sylvie Soriano, co-fondatrice du collectif, revient sur cette initiative et ses ambitions.
Votre nouvelle série de podcasts, Les Pédagos Podcast, ambitionne d’explorer les multiples facettes des métiers de l’imprimé. Pourquoi avoir choisi le format audio pour aborder ces thématiques et quel public ciblez-vous en priorité ?
Sylvie Soriano : Le crédo de LaLigneContinue : faciliter l’accès à la formation. Nous sommes un collectif qui explore tout ce qui facilite cet accès à la formation, et donne envie de se former. Le podcast, c’est une tentative modeste pour aller gratter sous la surface. Après un pilote interne testant l’audio comme vecteur d’apprentissage sur un panel de 40 apprenants, le podcast s’est imposé. C’est un format pratique qui s’intègre au quotidien, qui peut déclencher le besoin d’aller plus loin en formation : simple, accessible, direct, proche. C’est aussi pour moi une façon de montrer que même des sujets techniques peuvent devenir abordables (en audio) si on les raconte avec simplicité, un peu d’expérience vécue et d’appliquer certains leviers de la gamification. Nos cibles sont les professionnels de l’imprimerie en poste qui veulent monter en compétences sur les aspects techniques, ainsi que les nouveaux arrivants, les apprentis pour qui cette approche permet de découvrir simplement les exigences du métier.
Les premiers épisodes abordent des sujets techniques comme la composition graphique et la chaîne de production. Comment conciliez-vous vulgarisation et exigence professionnelle pour rendre ces contenus accessibles aux apprenants, qu’ils soient novices ou experts du secteur ?
Sylvie Soriano : L’idée générale du format est de donner une porte d’entrée : un concept clair, une anecdote du terrain – par exemple, une erreur classique en prépresse qu’on a tous fait un jour – et une astuce que les personnes peuvent retenir, qu’ils soient novices ou experts. Nous misons ensuite sur la plateforme (LaLigneContinue.fr) en ligne pour compléter, avec d’autres formations (accompagné(e) ou en solo) pour ceux qui veulent creuser. Nous (LaLigneContinue, Amigraf, NormaPrint, Compterr, JM Lebreton, F comme Formation) avons cherché à créer des passerelles entre la complexité technique et la compréhension générale. Nous voulions parler à tous sous un angle différent. Après avoir trouvé le thème qui touche l’ensemble des métiers de l’imprimé (ici les normes, standards et certifications) et doser le niveau de progression : le standard, la norme et enfin la certification, nous avons granularisé les 10 micro sujets.
L’intelligence artificielle dans les logiciels de PAO sera au cœur d’un prochain épisode. Quel regard portez-vous sur l’impact de l’IA dans les industries graphiques et quels enjeux de formation cela soulève-t-il pour les professionnels du secteur ?
Sylvie Soriano : La Drupa 2024 (drupa - 2028 - Messe Düsseldorf — drupa - 2028 - Messe Düsseldorf) a confirmé que l’IA est au cœur des transformations des industries graphiques, avec des avancées majeures en automatisation, en personnalisation et en optimisation des flux de production. Ces innovations redéfinissent les compétences requises : les professionnels sont appelés à maîtriser ces outils/équipements, comprendre leurs impacts et apprendre à repenser leur travail avec l’IA. Cela pose un enjeu de formation clé : accompagner cette transition en alliant savoir-faire technique et compréhension stratégique. La particularité avec l’IA / autre mutations antérieures, c'est qu’elle accélère les processus à tous les niveaux : de la direction aux ateliers. De la compréhension des enjeux stratégiques de l’IA, sa place et son rôle au sein l’organisation de l’imprimerie à son utilisation et interactions. Elle ne se contente pas d’automatiser des tâches, elle transforme la manière dont les professionnels interagissent avec leurs outils, leurs collègues, leurs clients et prennent des décisions. Pour les professionnels, cela veut dire avant tout : savoir travailler avec. Côté formation, les enjeux sont clairs : l’adaptation accélérée des compétences aux nouveaux outils, matériels, ainsi que l’éthique, la RSE… et l’accompagnement au changement. Il s’agit de comprendre comment intégrer l'IAG dans les processus existants tout en préservant la créativité et l’expertise métier.
Vous proposez déjà des formations multimodales sur LaLigneContinue. Comment ces podcasts s’intègrent-ils dans votre offre globale de digital learning ?
Sylvie Soriano : Les Pédagos Podcast LaLigneContinue® viennent enrichir notre offre en apportant (nous l’espérons) une nouvelle dimension à l’apprentissage. Chez nous, chaque format a sa force : micro learning, VR (Réalité virtuelle), modules interactifs, simulateurs… Maintenant, les podcasts, pour exercer sa réflexion, se connecter aux enjeux actuels. Je vois les podcasts comme un levier d’apprentissage informel. Par exemple, l’épisode sur l’IA générative en PAO (Publication Assistée par Ordinateur) peut donner envie à un graphiste de tester une fonctionnalité en solo, puis dans un atelier pratique que nous proposons. Par ailleurs, je les vois comme un déclencheur, une passerelle. De plus, ils permettent de (re)poser des bases, de décrypter des techniques, et d’ouvrir des discussions sur des sujets métiers. À terme, j’aimerais qu’ils deviennent un rendez-vous attendu pour notre communauté, un espace où on apprend en écoutant et qui se poursuit sur notre social learning : notre communauté de pratiques, par exemple, de même que nos partenaires organismes de formation les intègrent davantage dans leurs formations pour accompagner l’acquisition de compétences.
Enfin, avec la montée en puissance des supports numériques, comment voyez-vous l’évolution des besoins en formation dans les industries ?
Sylvie Soriano : Depuis plusieurs décennies, mutation après mutation, notre secteur s’adapte, se transforme. Aujourd'hui, nous faisons face à une énième vague (avec IAG) qui va au-delà de simples réponses techniques. Cette transformation implique une redéfinition globale des processus de production et nécessite une adaptation des compétences à tous les niveaux. Nous observons une tendance qui se renforce : les besoins de formation se concentrent sur l’hybridation des compétences et le développement de la polyvalence. Autrement dit, il va falloir retrousser nos manches et co-construire des programmes évolutifs pour répondre à ces tendances… Ce dont nous nous réjouissons à l’avance !
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