La veille prédomine dans les départements formation

Les Départements Formation semblent encore osciller entre prudence et curiosité face à l'IA. Près de 29 % d'entre eux déclarent ne pas encore l'utiliser mais être en veille. Ambivalence ? Besoin d’observer avant de s’engager, potentielle crainte de l’inconnu ? Ces chiffres témoignent également d’un fossé technologique persistant dans certaines structures. Pourtant, les bénéfices tangibles de l’IA dans le secteur de la formation ne manquent pas. Automatisation des tâches administratives sinon de la production des contenus, personnalisation des parcours ou encore analyse fine des besoins, sans même parler de l’avénement d’une administration LMS via l’IA : les cas d’usage crédibles se multiplient. Alors, cette lenteur à franchir le pas se trouve peut-être dans la crainte de déshumaniser la formation (une antienne qui ressort de toutes les études menées sur l'application de l'IA à la formation), ou dans des contraintes organisationnelles freinant l’expérimentation.

Commencer prudemment, monter en puissance

Les chiffres montrent cependant une dynamique plus prometteuse. Près de 26 % des Départements Formation utilisent l’IA occasionnellement, souvent dans des tâches spécifiques comme le traitement de données ou la génération de contenus pédagogiques. D’autres, plus audacieuses, l’intègrent modérément dans certaines activités. Ces pionniers ne se contentent plus de la veille passive. Ils testent et ajustent (test and learn), démontrant que l’IA peut s’inscrire harmonieusement dans une pédagogie active et orientée résultats. Parmi les applications en vogue, citons les plateformes adaptatives capables d’ajuster les contenus en temps réel ou encore les assistants conversationnels guidant les apprenants dans leurs parcours. Ces initiatives, bien que limitées pour l’instant, ouvrent la voie à une généralisation progressive.

Des fournisseurs en ordre dispersé

Du côté des fournisseurs, l’enthousiasme est perceptible, bien que variable selon leur taille et leurs moyens. Près de 37 % des répondants envisagent d’intégrer l’IA à moyen terme. Une posture prudente, mais qui ne manque pas d’ambition. Il est frappant de constater que plus d’un quart déclarent avoir déjà intégré l’IA dans leurs produits ou services, preuve que la technologie ne reste pas cantonnée aux laboratoires d’innovation. Cependant, l’effort n’est pas homogène. Certains fournisseurs investissent massivement, souvent via leur département R&D, pour développer des solutions robustes et attractives. Ces investissements ne visent pas seulement à répondre aux attentes des Directions Formation, mais aussi à se démarquer dans un marché devenu ultra-concurrentiel. Le moment n'est sans doute plus lointain où la plupart des fournisseurs disposeront d'une offre intégrant l'IA, native ou issue de partenariats avec les acteurs les plus avancés.

La tension entre innovation et scepticisme

Pour les Départements Formation comme pour leurs fournisseurs, l’intégration de l’IA repose sur une série d’équilibres fragiles. D’un côté, la promesse d’une efficacité accrue et d’une personnalisation inédite. De l’autre, une interrogation sur le risque d'une perte du lien humain si crucial dans l’apprentissage. Parfois d’ordre culturel, les résistances traduisent aussi un besoin de repenser les modèles économiques et pédagogiques en profondeur. L’hésitation des entreprises à adopter l’IA massivement peut également s’expliquer par une méfiance vis-à-vis de la qualité des outils existants. Tous ne se valent pas, et les risques d’échec sont réels. Cependant, les expérimentations réussies montrent que les barrières peuvent être surmontées avec un accompagnement adéquat et une vision stratégique claire.

Un écosystème à structurer

Pour que l’IA devienne un levier incontournable de la formation, une approche collective est nécessaire. Les Départements Formation doivent sortir de leur réserve, en faisant accompagner par des fournisseurs à même de démontrer concrètement la valeur ajoutée de leurs outils. Le dialogue entre ces deux parties prenantes est essentiel pour aligner attentes et offres, tout en répondant aux exigences croissantes des apprenants. On notera également que l’IA ne se contente pas de transformer les processus ; elle redéfinit les attentes des apprenants désormais habitués à des expériences fluides et personnalisées dans d’autres sphères de leur vie : ceux-ci n’acceptent plus les formations standardisées et peu interactives. Un défi que les professionnels de formation devront relever avec créativité et pragmatisme.

Vers une normalisation de l’IA dans la formation ?

Si l’intégration de l’IA dans la formation en est encore à ces débuts, la montée en puissance semble déjà engagée. Les équipes formation qui sauront franchir le cap bénéficieront d’un avantage compétitif majeur, tandis que les fournisseurs les plus audacieux seront récompensés par une fidélisation accrue de leurs clients. Ce cheminement, bien que complexe, appelle à une réflexion collective et à des actions concertées. L’IA n’est pas un simple effet de mode ; elle représente une opportunité de repenser profondément les mécanismes de l’apprentissage. L’étude ayant été réalisée à l’été 2024, on a constaté depuis une accélération de l’appropriation de l’IA par les professionnels de formation, en entreprise et chez les prestataires, tout au long de l’automne et du début de l'hiver. La clé du succès réside dans une intégration progressive mais ambitieuse, adossée à une réflexion préalable approfondie sur la part qui restera réservée à l’humain dans les prochains dispositifs. Les fournisseurs, quant à eux, devront continuer à innover pour répondre à des besoins de plus en plus précis et exigeants. Si ces deux mondes parviennent à s’accorder, l’IA transformera durablement la formation, offrant ainsi un nouveau souffle à un secteur toujours en quête de modernité.