L’aventure de Klaxoon, autrefois star de la French Tech, semble toucher à sa fin telle qu’on la connaissait. Rachetée par l’Américain Wrike, la start-up rennaise laisse derrière elle un héritage riche d’enseignements pour les directions de formation. Portée par une ambition claire dès ses débuts – transformer les réunions en véritables moments de collaboration interactive –, Klaxoon a su séduire un temps, avant de s’essouffler face aux réalités du marché et des usages.
Une ambition forte née du groupe Regards
Fondée en 2014, Klaxoon n’est pas apparue par hasard. La start-up est issue du groupe Regards, reconnu pour son expertise en formation et en ingénierie pédagogique. Cette filiation a, dès le départ, donné à Klaxoon un ancrage solide dans l’univers de l’apprentissage et du développement des compétences. La promesse était simple mais puissante : dynamiser les réunions pour les rendre productives grâce à une plateforme ludique, intuitive et accessible. Brainstormings interactifs, quiz, sondages, challenges… Klaxoon a misé sur l’engagement et l’interactivité pour redonner du sens et de l’efficacité à ces temps collectifs souvent perçus comme improductifs. Une ambition qui a résonné dans les services formation, séduits par l’opportunité de dynamiser leurs ateliers, de capter l’attention des apprenants et de créer un environnement d’apprentissage collaboratif stimulant.
Un succès rapide, mais un frein à l’adoption massive
En quelques années, Klaxoon s’est imposée comme une solution innovante, adoptée par des géants tels que L’Oréal, Disney, McDonald’s ou encore Accenture. Elle s’est exportée à l’international, affichant des milliers d’utilisateurs dans plus d’une centaine de pays dès 2016. Le succès semblait fulgurant, porté par une proposition de valeur claire : simplifier et dynamiser la collaboration. Pourtant, l’histoire de Klaxoon raconte aussi ses limites. Malgré des qualités reconnues, la solution s’est retrouvée progressivement reléguée au rang d’outil « complémentaire », peinant à s’imposer face à des plateformes collaboratives plus globales comme Microsoft Teams ou Slack, devenues omniprésentes dans les environnements de travail. Là où Klaxoon voyait un espace pour améliorer la collaboration, d’autres acteurs ont su s’intégrer dans le quotidien des équipes de façon plus fluide et transverse. Les départements formation, pourtant séduits par l’outil, se sont heurtés à une réalité d’usages éclatés : dans un paysage saturé d’applications, Klaxoon a parfois été perçu comme une innovation ponctuelle, efficace pour des ateliers ciblés mais moins pertinente au quotidien.
Le temps d'une réévaluation
L’histoire de Klaxoon pose une question essentielle : les départements formation sont régulièrement conduits à réévaluer les outils numériques dont ils se sont dotés (sans forcément aller jusqu'à exnover systématiquement !), non pour les rejeter brutalement, mais, dans le cadre d'une démarche de questionnement stratégique. Par exemple, ici : quel rôle joue encore Klaxoon dans leurs dispositifs ? Si son potentiel d’engagement et de dynamisation reste indéniable, son adoption comme plateforme centrale a clairement montré ses limites. Peut-être faut-il désormais repositionner Klaxoon comme un outil spécialisé, idéal pour des sessions ponctuelles : ateliers de créativité, workshops interactifs ou animations spécifiques. Mais dans un contexte où la collaboration se construit au quotidien, les directions formation doivent miser sur des outils capables de s’intégrer naturellement dans les flux de travail, sans ajouter de friction.
Les limites de l'innovation
Klaxoon laisse un enseignement précieux : l’innovation, aussi brillante soit-elle, ne garantit pas sa pérennité sans une adoption transversale et stratégique. Les outils de formation et de collaboration doivent aujourd’hui répondre à une double exigence : simplicité d’usage pour les équipes et intégration fluide dans l’écosystème digital existant. Pour les responsables formation, il s’agit de rester vigilants face aux nouvelles solutions, en gardant un œil critique sur leur valeur ajoutée réelle et leur capacité à générer des usages durables. Klaxoon a montré ce que l’innovation pouvait apporter dans la dynamisation des apprentissages, mais aussi à quel point il est facile de se heurter aux limites des usages dans des organisations complexes. Le niveau de performance de l'outil, certes essentiel, ne suffit pas. Il doit être compris, adopté et intégré dans une vision stratégique claire, où formation, travail et collaboration avancent de concert. Question d’efficacité et d’impact, pour éviter de s’égarer dans l’accumulation d’outils, aussi innovants soient-ils.
Source : Usine Digitale - Klaxoon, ex-star de la French Tech absorbée par Wrike
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