États-Unis : les métiers de la formation sont en pleine évolution. Les tendances y font écho à la situation française. De manière contrastée, comme on pourra le constater dans les données portant notament sur la progression des salaires et les postes prisés. Des pistes de réflexion, donc, pour les acteurs de la formation en France… Le gap des salaires pratiqués (France, États-Unis) ne laissera pas d’interroger.
Une augmentation des salaires dans un contexte de rationalisation budgétaire
Aux États-Unis, le secteur de la formation a vu les salaires des professionnels de formation progresser de 9,3 % pour atteindre une moyenne annuelle de 101 253 dollars (!) en 2024. Une augmentation qui reflète une reconnaissance croissante de leur rôle stratégique, même si elle s’accompagne d’une réduction globale des dépenses dans ce domaine, en baisse de 3,7 % sur la même période. Les entreprises privilégient désormais une rationalisation budgétaire, optant pour des solutions plus économiques tout en augmentant leurs investissements dans des outils numériques, qui ont bondi de 23 %. En comparaison, en France, selon les données de l’ISTF, les professionnels de formation voient également leur rôle et leurs salaires évoluer (hausse moyenne de 5,7 %), mais la pression sur les coûts reste forte, notamment dans les PME. Si les salaires n’ont pas suivi une progression aussi marquée qu’outre-Atlantique, l’accent est mis sur la montée en compétences numériques, un écho direct aux priorités des entreprises françaises pour accompagner leur transition numérique.
Quels métiers sont les plus prisés ?
Aux États-Unis, les postes les plus recherchés dans le secteur de la formation sont ceux liés au développement de contenus numériques, à la gestion des plateformes LMS et aux compétences en analyse de données pour évaluer l’efficacité des programmes. L’IA appliquée à la formation (analytics et genIA) et les technologies immersives telles que la réalité virtuelle figurent aussi en bonne place dans les investissements des entreprises. En France, bien que le marché ne soit pas totalement aligné sur ces tendances, les métiers liés à la conception de modules e-learning et au pilotage de dispositifs blended learning connaissent une demande croissante. L’étude de l’ISTF souligne que 80 % des entreprises françaises investissent désormais dans des contenus multimédias interactifs, un domaine qui s’impose comme un levier essentiel pour répondre aux attentes des apprenants. Cependant, la transition reste parfois freinée par une moindre adoption des outils analytiques pour évaluer l’impact des formations.
Salaires : des écarts révélateurs
Avec un salaire moyen de 101 253 dollars pour les métiers de la formation aux États-Unis, l’écart avec la France reste plus que significatif, où le salaire moyen, selon l’étude ISTF, est de 37,000 euros annuels… Toutefois, les différences s’expliquent en partie par la structure des entreprises : les grandes multinationales américaines investissent massivement dans des profils experts, alors que les entreprises françaises se concentrent fréquemment sur des équipes internes polyvalentes en privilégiant la fonction de Chef de projet Digital Learning. Le défi pour la France réside donc dans l’attractivité du métier ; un enjeu d’autant plus crucial que les formateurs doivent faire face à une double transformation : l’émergence des technologies et une demande croissante de personnalisation des apprentissages.
Des enseignements pour la fonction formation en France
En analysant ces évolutions, plusieurs enseignements peuvent être tirés pour la fonction formation dans les entreprises françaises. Tout d’abord, la montée en puissance des compétences technologiques est incontournable. Alors que les entreprises américaines adoptent des outils d’intelligence artificielle et des plateformes avancées pour améliorer l’efficacité de leurs programmes, les entreprises françaises doivent accélérer leur appropriation de ces technologies (23 % des entreprises françaises citent la conception de contenus e-learning comme la compétence la plus recherchée). Ensuite, la valorisation du rôle des formateurs passe également par un alignement sur les attentes stratégiques des entreprises. Aux États-Unis, les départements formation sont perçus comme des catalyseurs de performance, avec une focalisation sur la rentabilité des programmes de formation. En France, bien que cette approche commence d'émerger, il reste nécessaire d’inscrire les initiatives de formation dans une logique de transformation globale des organisations. Enfin, la question des budgets reste centrale. Alors que les entreprises américaines rationalisent leurs dépenses tout en augmentant leur recours à des solutions externes, les entreprises françaises doivent trouver un équilibre entre investissements technologiques et montée en compétences interne, 52 % des freins au développement du digital learning cités en France étant d’ordre RH (manque de compétences, difficultés de recrutement, etc.). Il ne faudra pas compter outre-mesure sur le CPF (Compte Personnel de Formation) pour avancer sur cette voie…
Source : Training Magazine
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