Les entreprises françaises investissent considérablement pour innover dans leurs programmes de formation. Mais combien ont le courage de tout arrêter quand une méthode ou un outil ne rend pas les services attendus ? De l’art de se débarrasser de l’obsolète ! Autrement dit : l’exnovation, une compétence que les Directions learning & development doivent impérativement cultiver…
Exnover : une pratique qui doit prolonger l’innovation
L'innovation est aujourd’hui perçue comme nécessaire pour garantir la compétitivité et l'adaptation des entreprises à leurs marchés. Cependant, peu d’entreprises remettent en question leurs innovations passées, quitte à les abandonner quand elles n’apportent plus de valeur. L’exnovation, ou l'art d’éliminer des pratiques désuètes, mérite qu’on lui fasse plus de place, tout spécialement dans un contexte où l’obsolescence rapide des savoir-faire est une réalité.
La fonction formation est aux avant-postes. D’abord, parce qu’elle peut en tirer de nombreux bénéfices dans sa gestion des compétences, de ses offres et processus pédagogiques. Ensuite, parce qu’elle peut accumuler pratiques, outils et innovations, parfois au détriment de l’efficacité et de l’agilité des offres et des services dont elle est chargée ; les départements formation se retrouvant fréquemment prisonniers de méthodes vieillissantes qui, novatrices à leur époque, ont cessé de répondre aux attentes et aux besoins actuels des équipes. En mettant en place un processus d'exnovation, ils s’offrent l’opportunité d’une réévaluation continuelle de leurs pratiques visant à ne conserver in fine que les approches qui créent un réel bénéfice aux apprenants.
Exnover pour adapter les compétences
Alors que les besoins en compétences évoluent à grande vitesse dans la quasi-totalité des secteurs d’activité, conserver des programmes ou des modules de formation peu adaptés aux exigences du moment constitue une sérieuse entrave à la compétitivité de l'entreprise. Certains experts s'entendent sur une prévision : jusqu’à 30 % des compétences actuelles seraient devenues inutiles d’ici à trois ans (sources : Cedefop, Cegos). L’exnovation est une partie de la solution : elle pousse les départements formation à adapter leurs programmes aux compétences réellement nécessaires, en supprimant ceux qui ont perdu leur pertinence. Par exemple, une formation de gestion de projet fondée sur des outils dépassés ou des processus rigides pourrait être exnovée pour favoriser des méthodologies plus agiles, répondant aux standards contemporains. L’abandon d'anciennes pratiques n’est pas une perte : au contraire, il est une étape de renouvellement des offres, des pratiques et des processus de formation au bénéfice des réalités du marché et des métiers.
Exnover pour rentabiliser la formation et développer l’engagement des équipes
Mais l’exnovation ne se borne pas à produire de l’efficacité pédagogique. Elle permet également de réduire, sinon de supprimer, le coût inhérent aux dispositifs obsolètes que le département formation tentera vaille que vaille de sauver. Cela vaut pour les programmes, on l’a vu : des formations non adaptées aux besoins actuels sont une perte de temps et de ressources pour les entreprises. Cela vaut aussi pour les technologies de formation (la plateforme LMS sur mesure dont la maintenance coûte une fortune). Au contraire, exnover des pratiques permet de réorienter les investissements vers des programmes et des outils de formation réellement utiles. Sans oublier l’impact positif que cette démarche peut avoir sur le moral et l’engagement des équipes (des formations inutiles ou inadaptées peinent à maintenir un niveau de motivation). Au contraire, exnover, c’est offrir aux collaborateurs des opportunités d’apprentissage en lien avec leurs objectifs professionnels et leurs aspirations.
L’exnovation : composante à part entière de la « Learning Strategy »
L’exnovation suppose d'abord d’identifier les pratiques devenues obsolètes via une évaluation régulière des dispositifs de formation en place. En France, à l’instar de ce qui est couramment pratiqué dans le monde anglo-saxon, de grandes entreprises ont commencé d’introduire des méthodes de suivi des performances des formations outillées par des indicateurs d’impact portant sur les compétences des collaborateurs. À terme, l’objectif est d’intégrer des processus d’exnovation, au même titre que l’innovation, dans toute stratégie de formation. Les entreprises pourraient s’inspirer d’autres secteurs, comme celui de l’énergie, où l’exnovation permet d’abandonner les pratiques polluantes au profit de solutions durables. En formation, une approche similaire pourrait consister à retirer progressivement des modules ou des outils de formation trop coûteux en temps ou en ressources, ou dont la pertinence est devenue discutable. En privilégiant des pratiques de formation plus flexibles, les entreprises françaises pourraient répondre plus efficacement aux changements de leur environnement et préparer les collaborateurs aux mutations rapides du marché du travail.
Complément (Harvard Business Review France) : Pourquoi les entrepreneurs devraient davantage « exnover » ?
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