Le numérique représente déjà 2,5 % des émissions de CO₂ en France… Moins de déchets technologiques, moins d’obsolescence forcée, une utilisation de ressources enfin maîtrisée : ce n’est pas une vision radicale, mais un cap que peuvent pratiquement se fixer les concepteurs de contenus pédagogiques, en suivant les conseils délivrés dans le « Référentiel général de l’écoconception des services numériques » (RGESN) publié par l’Arcep.
Un contexte porteur pour la sobriété numérique… Le RGESN s’inscrit dans un contexte qui peut inquiéter : déjà responsable de 2,5 % des émissions nationales (France) de carbone, le numérique ne cesse d’augmenter son empreinte avec l’essor des objets connectés et la croissance exponentielle du trafic de données. Le référentiel pose donc les bases d’une approche durable, en identifiant des moyens de réduire la consommation de ressources tout au long du cycle de vie numérique, depuis les terminaux et l’infrastructure d’hébergement jusqu’à la conception des interfaces utilisateurs. Ses rédacteurs lui ont fixé quatre objectifs principaux. D’abord, prolonger la durée de vie des équipements en adaptant les services numériques pour qu’ils soient utilisables sur des appareils plus anciens, afin de limiter la fréquence de renouvellement des dispositifs. Ensuite, promouvoir une forme de sobriété numérique qui ne cède pas aux pratiques de rétention excessive de l’attention, lesquelles génèrent une demande de ressources et d’énergie exponentielle. Par ailleurs, le référentiel vise à réduire l’empreinte des contenus multimédias, notamment par l’optimisation des formats de fichiers et une compression adaptée. Enfin, les développeurs sont invités à accroître la transparence de l’impact environnemental de leurs services, par l’adoption de critères de mesure clairs et accessibles au public. Des objectifs qui pourront inspirer les concepteurs de solutions numériques de formation…
Ce référentiel, particulièrement bien adapté aux besoins des concepteurs de contenus pédagogiques numériques, procure des pistes concrètes pour réduire les impacts environnementaux de leurs activités. En effet, dans la création de contenus éducatifs, il est essentiel de veiller à ce que les formats multimédias (images, vidéos, sons) soient précisément adaptés aux objectifs pédagogiques et ne consomment pas de ressources excessives. L’utilisation de formats compressés et optimisés peut permettre aux concepteurs de limiter le volume de données échangées, tout en maintenant une qualité visuelle et sonore propice à l’apprentissage. Autre point clé, le RGESN encourage la compatibilité des services numériques avec des versions plus anciennes des appareils et des systèmes d’exploitation. Cette démarche améliore non seulement l’accessibilité des contenus pédagogiques, mais elle renforce également la durabilité de ces services, car elle évite aux utilisateurs de devoir renouveler leur matériel pour accéder aux derniers modules de formation. En ce sens, l’inclusivité et l’efficacité deviennent des leviers complémentaires de la durabilité numérique. Pour aller plus loin, le RGESN s’attaque aussi à l’économie de l’attention, ce modèle économique qui repose sur des stratégies de captation de l’utilisateur pour prolonger son temps passé sur les applications. Si cette approche s’est révélée profitable pour les réseaux sociaux, elle risque de dévier de l’objectif premier de la formation, qui est de favoriser un apprentissage profond et ancré. Dans les contenus pédagogiques, il est donc recommandé d’éviter des interfaces trop stimulantes ou manipulatrices, et de privilégier un parcours utilisateur qui mette en avant la clarté et la sobriété. Par exemple, en découpant des modules d’apprentissage en sessions concises et bien structurées, le contenu devient plus digeste et l’apprenant n’est pas incité à une consommation excessive et inconsidérée.
Collecter les données en toute confiance (et durabilité)… Dans un monde où la protection des données devient de plus en plus centrale, le RGESN adopte une posture sobre et respectueuse en matière de collecte d’informations personnelles. Pour les concepteurs de formations en ligne, ce principe est crucial. Il s’agit de limiter les données collectées sur les apprenants et d’encadrer leur usage, notamment pour éviter le recours au profilage abusif ou au stockage inutile d’informations qui ne contribuent pas à l’expérience pédagogique. Cette approche diminue l’empreinte environnementale de la formation en ligne, tout en rassurant les utilisateurs sur le respect de leur vie privée. En misant sur une collecte de données limitée aux besoins essentiels, les professionnels de la formation renforcent la confiance des utilisateurs, qui devient ainsi un gage de qualité et d’engagement.
Des outils d’évaluation et de suivi intégrés pour structurer la démarche écologique
L’un des grands atouts du RGESN réside dans son côté pratique, car, au-delà des principes posés, le référentiel propose des outils concrets pour faciliter l’intégration de l’écoconception dans les processus de développement. Parmi eux, les fiches pratiques détaillent les 78 critères classés par thématiques, tels que la stratégie, l’architecture, l’interface utilisateur ou encore l’algorithmie (rien n’empêche un concepteur ou un service de formation de s’adapter un noyau simplifié de cet ensemble de critères). À chaque critère sont associées des recommandations applicables à toutes les étapes du développement d’un contenu éducatif numérique (vérification de la conformité écologique). De plus, le modèle de déclaration d’écoconception vient compléter la démarche en offrant aux organisations la possibilité de publier et de valoriser leurs engagements écologiques. Cette déclaration est l’occasion de préciser les critères validés et ceux restant à atteindre, tout en assurant la transparence de l’entreprise vis-à-vis de ses clients et de ses apprenants. Le calcul du score d’avancement, enfin, permet aux concepteurs de suivre la progression de leur démarche d’écoconception (évaluation du niveau d’adoption des pratiques écologiques définies par le référentiel, indicateur de maturité écologique, moyen de communiquer sur les avancées de l’organisation en matière de développement durable).
Quels bénéfices en attendre ? En s’engageant dans l’écoconception via le RGESN, les prestataires de formation comme leurs clients réduisent leur impact environnemental tout optimisant leurs coûts d’infrastructure via une moindre consommation de ressources liées à l’hébergement et à la transmission des contenus. Par ailleurs, cette transition écoresponsable devient un argument de taille pour les entreprises, qui peuvent ainsi valoriser leur engagement auprès de leurs partenaires et clients. Cette stratégie constitue également un puissant levier de sensibilisation pour les apprenants eux-mêmes. En intégrant l’écoconception dans leurs programmes de formation, les entreprises transmettent à leurs salariés ou stagiaires des pratiques numériques plus durables, qui pourront s’étendre à d’autres projets. L’écoconception devient ainsi un savoir-faire à part entière, porteur d’une transformation culturelle et professionnelle vers une utilisation plus respectueuse et consciente des ressources numériques.
Pour en savoir plus : Référentiel général de l’écoconception des services numériques (RGESN)
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