Avec un investissement moyen de 3 % de leur masse salariale dans la formation (presque le double de l’obligation légale), les PME françaises affichent leur ambition : anticiper les besoins en compétences de demain. Face aux mutations rapides des métiers, la fonction formation devient essentielle. Comment les PME peuvent-elles encore mieux structurer et renforcer leurs dispositifs ? Retour sur l’enquête Cegos.
La formation, levier d’adaptation et de compétitivité des PME françaises… En France, les PME représentent 99,8 % du tissu entrepreneurial et doivent relever de nombreux défis, entre transition numérique, transformations écologiques et recrutements. La formation se révèle être un axe stratégique central dans cette adaptation continue. Les chiffres montrent que, bien que limitées en ressources par rapport aux grandes entreprises, les PME consacrent souvent un budget supérieur aux obligations légales pour la formation. En moyenne, ces entreprises investissent 3 % de leur masse salariale dans ce domaine, contre 1,68 % d’obligation légale, selon les données Cegos. Malgré des contraintes de temps et de budget, les dirigeants des PME valorisent ce levier comme un moyen d’assurer la pérennité et la compétitivité de leur entreprise. Pour 68 % d’entre elles, investir dans la formation est essentiel pour répondre aux enjeux futurs, tels que le renforcement des compétences techniques et transversales ou l’anticipation de l’obsolescence technologique qui bouleverse les métiers.
Un choix des formations qui n’est pas laissé au hasard… Les décisions de formation dans les PME ne se prennent pas à la légère. Dans 93 % des entreprises sondées, elles résultent d’un processus collectif impliquant au moins deux décideurs, fréquemment les directeurs généraux (66 %) et les responsables des ressources humaines (63 %). Cette organisation permet de centraliser les besoins et d’assurer un alignement avec les objectifs stratégiques. Le recours au plan de développement des compétences (PDC) est l’outil privilégié des PME pour structurer leurs actions de formation. Ce plan, élaboré pour formaliser les actions de formation interne, se généralise au sein des PME de taille intermédiaire : 66 % d’entre elles, et jusqu’à 77 % des entreprises comptant de 250 à 500 salariés, l’ont mis en place. En structurant ainsi les actions de formation, les PME peuvent prioriser les compétences critiques et optimiser leur budget, tout en valorisant leur marque employeur et en fidélisant leurs collaborateurs.
Les dispositifs de formation en PME : pragmatisme avant tout… Les PME cherchent avant tout des formations qui aient un impact direct sur le quotidien des salariés. 87 % des formations concernent des compétences spécifiques aux métiers exercés dans l’entreprise, tandis que 64 % portent sur les réglementations de sécurité, et 51 % sur les compétences informatiques. Ce pragmatisme se traduit aussi dans le choix des modalités de formation : 72 % des formations sont dispensées en présentiel, car ce mode reste privilégié pour favoriser les échanges et les interactions, malgré la montée du digital. Cependant, les formations à distance gagnent du terrain en complément du présentiel. La flexibilité offerte par le digital est également un atout pour des PME où les collaborateurs jonglent souvent entre plusieurs responsabilités. Le « blended learning » (apprentissage mixte) et les outils de suivi, tels que les Learning Management Systems (LMS), sont de plus en plus intégrés pour répondre aux besoins de personnalisation et de souplesse.
La formation en PME, un enjeu de fidélisation et de compétitivité… Outre le renforcement des compétences, les PME voient dans la formation un moyen de fidéliser leurs équipes, le développement professionnel devenant un argument fort pour attirer et retenir les talents. « La formation est un levier de fidélisation fort et un pilier de notre marque employeur », explique Cassandre Allias, Responsable Recrutement et Gestion de Carrières chez FBD International, interrogée dans l'étude, soulignant l’importance d’un suivi annuel des compétences pour maintenir la motivation et l’engagement des collaborateurs. Cette dynamique de fidélisation se traduit également par des pratiques de co-construction des parcours de formation avec les salariés eux-mêmes. De plus en plus de PME mettent en place des politiques d’abondement au CPF (compte personnel de formation), et certaines envisagent même de co-financer des formations avec leurs salariés. Cette démarche participative renforce l’appropriation des formations et contribue à accroître l’engagement des employés dans le développement de leurs compétences.
La place croissante des financements externes… Pour les PME, l’accès aux financements externes est un élément essentiel de leur stratégie de formation. La plupart d’entre elles collaborent avec des OPCO (opérateurs de compétences) pour bénéficier de prises en charge, ce qui les aide à optimiser leurs investissements. Selon l’étude Cegos, 62 % des PME estiment que les OPCO leur permettent de bénéficier de conditions tarifaires avantageuses. En outre, les aides comme le FNE-Formation, destiné aux entreprises touchées par les transitions économiques et écologiques, sont un soutien précieux pour les PME qui souhaitent accompagner leurs salariés dans l’acquisition de nouvelles compétences. Les entreprises voient aussi dans ces financements une opportunité d’étendre leur champ de formation, notamment en matière de transition numérique et écologique. Les PME anticipent l’arrivée de nouveaux métiers et se préparent en conséquence en formant leurs équipes aux compétences de demain.
Quel avenir pour la fonction formation dans les PME ? Avec l’essor des nouvelles technologies, l’avenir de la fonction formation s’annonce prometteur, mais aussi exigeant. Les PME se montrent de plus en plus proactives dans l’intégration des outils numériques de formation et des pratiques de « learning analytics » pour personnaliser les apprentissages. En analysant les données de progression des apprenants, elles peuvent ajuster leurs programmes pour maximiser l’efficacité et garantir que les compétences acquises sont en phase avec les objectifs de l’entreprise. Dans cette optique, le développement de solutions comme le collaborative learning (apprentissage entre pairs) est également une tendance à surveiller. Cette approche, qui valorise les échanges d’idées et les apprentissages mutuels, est perçue par de nombreuses PME comme un moyen d’optimiser l’efficacité des formations tout en renforçant la culture d’entreprise.
Anticiper les compétences de demain… Les nouvelles technologies accélèrent l’obsolescence des compétences, obligeant les PME à s’adapter sans cesse. D'ici à 2030, 85 % des métiers que nous connaîtrons n’ont pas encore vu le jour. Dans ce contexte, les PME devront se montrer agiles et renforcer leur capacité à se projeter dans l'avenir pour anticiper ces mutations. Miser sur la formation continue et adopter une approche prospective sera essentiel pour maintenir leur compétitivité face aux grandes entreprises et à un marché de l’emploi en perpétuelle transformation. La fonction formation dans les PME est en pleine expansion, portée par une volonté d’adaptation et de pérennisation des savoir-faire. À mesure que les dispositifs se structurent et que les financements se diversifient, les PME françaises prouvent qu’elles sont prêtes à faire de la formation un pilier stratégique de leur développement.
Pour en savoir plus : L’étude Cegos sur l’avenir de la formation en PME
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