Les dispositifs de formation en entreprise ont connu de notables transformations lors des deux dernières années. La 3ᵉ édition de « La Grande Enquête du Digital Learning » (Féfaur, Innovative Learning by eLearning Expo) a interrogé les Directions Formation et leurs fournisseurs sur ces évolutions. Convergences et divergences riches d’enseignement de ce second volet de l'étude.
Le Digital Learning continue sa percée (généralisation en vue ?)
Le développement du Digital Learning se positionne en tête (rang 1) des évolutions pour les Directions Formation (61,34 %), ce que confirment les fournisseurs, qui le placent au second rang (48,65 %) : ce mode d’apprentissage ne fait plus débat , il est désormais incontournable pour les grandes entreprises comme les PME. Cette convergence entre les Directions Formation et leurs fournisseurs témoigne d’une commune stratégie visant tirer tout le parti des technologies numériques pour procurer une formation accessible, flexible et adaptée aux besoins de compétences évolutifs des collaborateurs. Cependant, l’écart de près de 13 % entre les deux groupes suggère que les Directions Formation souhaitent visiblement renforcer encore davantage leurs dispositifs digitaux, avec une attente peut-être plus forte que ce que les fournisseurs proposent actuellement. Opportunités en vue ?
Le retour du présentiel : des perceptions contrastées
Le retour du présentiel figure comme seconde évolution la plus constatée par les fournisseurs (50,45 %), largement au-dessus de l'avis donné par les Directions Formation (27,73 %). Cet écart interroge. Les fournisseurs observent une forte demande de la part de leurs clients pour revenir à des formats présentiels, sans doute en réponse à une certaine « fatigue digitale » et au besoin d’interactions humaines directes (est-ce l'explication qu'ils donnent à leurs carnets de commande moins fournis ?). Les Directions Formation, en revanche, paraissent plus modérées sur cette question, privilégiant encore des approches hybrides sinon entièrement digitales. L’écart peut également trouver sa source dans des considérations pratiques x budgétaires. Ayant massivement investi dans le digital, les entreprises ont définitivement sauteéle pas : elles hésiteront à revenir aux formations en salle, souvent plus coûteuses et moins flexibles. Par ailleurs, beaucoup d’entre elles sont convaincues (sur preuve) qu'une partie des objectifs de formation peuvent être atteints sans recourir systématiquement au présentiel. Ce décalage incitera sans doute les fournisseurs à adapter leur offre pour proposer davantage de formations hybrides, équilibrant présence physique et apprentissage en ligne.
L'IA générative : un intérêt croissant, mais encore émergent
L'intégration de l'IA générative dans la conception des formations est perçue, par les deux parties, comme une évolution importante des dispositifs de formation. 24,37 % des Directions Formation citent ce sujet. Il est déjà observé par 44,14 % des fournisseurs dans les projets clients. Les fournisseurs perçoivent une dynamique plus marquée pour intégrer l’IA générative, sans doute vue comme un « game changer » sur lequel il faut se positionner via des projets pilotes ; promesse à la clé : le développement accéléré de contenus personnalisés et interactifs, en s’adaptant au niveau et aux préférences d'apprentissage de chaque collaborateur. Mais, les Directions Formation sont à juste titre prudentes face à une technologie encore récente dont l'impact sur la pédagogie reste à déterminer, et qui entraîne son lot de questions sur la sécurité et la confidentialité des données, comme sur la propriété intellectuelle. Cependant, les cas d’usage concrets assortis de résultats mesurables existent d’ores et déjà.
Classes virtuelles et amélioration de l’expérience d’apprentissage : un terrain d’entente
La montée en puissance des classes virtuelles et de l’amélioration de l’expérience d’apprentissage dans les dispositifs de formation, depuis deux ans, est constatée par les deux groupes, avec des pourcentages similaires : 32,77 % pour les classes virtuelles selon les Directions Formation et 36,04 % pour les fournisseurs, tandis que l’amélioration de l’expérience d’apprentissage est à 31,93 % pour les Directions Formation et 34,23 % pour les fournisseurs. Les Directions Formation et leurs prestataires sont alignés sur la nécessité de maintenir l’engagement et la satisfaction des apprenants dans les environnements virtuels. Les classes virtuelles garantissent la souplesse du digital tout en permettant une interaction synchrone, tandis que l’amélioration de l’expérience d’apprentissage inclut des éléments tels que la gamification, l’interactivité renforcée et des parcours d’apprentissage plus personnalisés.
Soft skills et innovation : des priorités encore sous-estimées
La montée en puissance des formations transverses (soft skills) est citée par 29,41 % des Directions Formation, elle figure à 26,13 % pour les fournisseurs. Un écart peu significatif qui laisse penser que les entreprises et les fournisseurs ont constaté que les dispositifs de formation prennent désormais au sérieux ces compétences comportementales et relationnelles, perçues comme essentielles dans un monde du travail en constante évolution. Quant à l’intensification de l’innovation, elle figure, de façon compréhensible, en bas du classement pour les deux groupes (19,33 % des Directions Formation, 22,52 % des fournisseurs). Interprétation : si les professionnels de formation sont enjoints de se conformer au mantra de l’indispensabilité d'innover, ils le font à pas mesurés, sans omettre la nécessaire analyse d’efficacité / coût de toute innovation ni l’impératif de stabilisation après une période de transformation intense. Toutefois, dans un contexte où l’innovation est cruciale pour s’adapter aux nouvelles attentes des apprenants, ce faible pourcentage peut également indiquer une opportunité pour les acteurs du secteur de se différencier par des solutions plus créatives et innovantes.
Take away : vers une complémentarité renforcée entre digital et présentiel
L’analyse de ces données révèle que, bien que des différences subsistent dans les priorités, les Directions Formation et leurs fournisseurs partagent un objectif commun : développer des dispositifs de formation adaptés aux évolutions rapides des compétences requises en entreprise. La complémentarité entre le digital et le présentiel, l'innovation technologique (IA générative), ainsi que le renforcement des soft skills sont des éléments stratégiques pour répondre aux besoins des entreprises. Il semble néanmoins nécessaire pour les fournisseurs d’ajuster leur offre en fonction des priorités de leurs clients. En parallèle, les Directions Formation pourraient aussi envisager de s’engager davantage dans une co-construction des dispositifs avec leurs partenaires, pour maximiser l’impact des formations sur la performance et l’engagement des collaborateurs. De ce point de vue, on pourra mentionner, en complément « terrain » de l’étude, la rareté des chantiers portant sur l’impact et la rentabilité des investissements formation…
Menée par le cabinet Féfaur pour le salon Innovative Learning by eLearning Expo, La Grande Enquête du Digital Learning a interrogé 373 professionnels de la formation à l’été 2024. Les regards des Directions Formation d’entreprises utilisant le Digital Learning (51,5 % des réponses) et de leurs fournisseurs de solutions (48,5 %) ont été croisés pour obtenir une vision comparée.
Volet 1 : Ce que les Directions Formation et leurs fournisseurs pensent des enjeux de formation
|