Les micro-certifications émergent comme un puissant levier de valorisation des compétences au sein des entreprises. Jérôme Bruet (CEO, Procertif) décrypte comment elles transforment la gestion des talents et permettent d'optimiser la stratégie de formation des entreprises. En offrant une reconnaissance tangible des compétences individuelles, elles renforcent l’attractivité de l’employeur tout en affinant la cartographie des compétences disponibles. Point d'étape : bénéfices des micro-certifications, intégration des plateformes de micro-certification (MCS) dans les écosystèmes de formation existants, impact sur la personnalisation et la flexibilité de la formation en entreprise.
Quels sont les apports des micro-credentials (en français : micro-certifications) pour les entreprises ?
Jérôme Bruet : Les « micro-certifications » sont des preuves de compétences validées. Elles ont donc pour premier bénéfice de valoriser ceux qui les obtiennent via une logique de reconnaissance. Second avantage pour l’entreprise : la preuve qu’elle reconnaît les compétences de ses collaborateurs, ce qui a un effet positif sur la rétention des talents ; diverses études montrent, en effet, que les entreprises qui investissent sur leurs talents, et les reconnaissent, sont plus attractives sur le marché du travail : leur marque employeur y gagne ! Dernier atout, et pas des moindres, grâce aux micro-certifications, l’entreprise dispose d’une cartographie de ses aptitudes opérationnelles. Cette nouvelle approche est appelée au plus grand avenir, compte tenu de sa performance dans le pilotage des compétences.
On entend de plus en plus parler des plateformes Procertif et Skilldy… Leadership en vue ?
Jérôme Bruet : Nos principaux concurrents sont américains… Ils ont, en toute honnêteté, une longueur d’avance au niveau de leur taille d'entreprise. Mais, sur le plan fonctionnel, nous procurons les mêmes possibilités ; mieux encore : nos plateformes répondent à toutes les exigences européennes et nationales en matière de certification ! Pour n’en citer que deux : l’hébergement SecNumCloud, le plus haut niveau de sécurité en termes d'hébergement, et bien sûr, l’accrochage à la Caisse des dépôts qui structure le passeport français des compétences.
Pourquoi deux plateformes ?
Jérôme Bruet : Nous avons deux grandes familles d’utilisateurs : d’une part, les organismes de formation et les écoles, et, d’autre part, les services RH et formation des entreprises. Par conséquent, bien que nous disposions d’un seul socle technologique, nous avons créé deux variantes disposant chacune de l’intelligence métier propre à l’univers qu’elle sert. Procertif est dédiée aux organismes de formation, y compris les plus exigeants en matière de processus de certification. Skilldy est la version entreprise qui permettra aux DRH et aux métiers de piloter et de valoriser les aptitudes opérationnelles de leurs collaborateurs. On peut parler ici de MCS : Micro-Credential System, qui est un nouveau venu dans l’univers des plateformes Learning & Talent.
Votre technologie MCS s'intègre-t-elle facilement dans l’écosystème numérique de formation, à commencer par les LMS ou les LXP dont sont déjà équipées les entreprises ?
Jérôme Bruet : Les MCS sont composés de 3 grands blocs fonctionnels. Le point central est la délivrance sécurisée, c’est-à-dire infalsifiable, de toute preuve de compétences (diplômes, certificats, badges, etc.). La seconde brique est centrée sur la création de valeur, pour le bénéficiaire comme pour l’entreprise. Pour cela, les MCS intègrent des moteurs identiques à ceux que l’on trouve dans les solutions marketing pour faire rayonner les micro-certifications sur les réseaux externes (LinkedIn, Facebook, Instagram, etc.) et internes (Viva, Workplace, par exemple). Enfin, la troisième brique, ce sont les outils d’évaluation des compétences. Les MCS se différencient des multiples solutions d’évaluation déjà existantes, par leur capacité à évaluer des constatations terrain notamment.
Quel est l'apport d'un MCS à une plateforme LMS ou LXP ?
Jérôme Bruet : Sur le plan fonctionnel, les Micro-Credentials Systems n’ont pas réellement de point de recoupement avec les plateformes LXP ou LMS, mais ils apportent à celles-ci un accélérateur d’engagement des apprenants, comme le montre l’analyse Data de nos clients : en associant un MCS à leur LMS, ils augmentent leur taux de complétion de manière significative. Au point de vue technique, la connexion entre LMS et MCS est « plug&play » grâce en particulier à la norme Scorm. Aucun projet informatique n’est nécessaire. La force des solutions comme Skilldy et Procertif est d’aider les entreprises à tirer les bénéfices du micro-credential en seulement quelques jours, sinon en quelques heures après le démarrage du projet.
On imagine qu’un MCS permet de renforcer la personnalisation et la flexibilité de l'apprentissage dans l’entreprise…
Jérôme Bruet : Si le premier enjeu de la micro-certification réside dans la création de valeur pour tous les acteurs de la chaîne de développement des compétences, le second est assurément la réponse aux besoins de flexibilité que vous évoquez. On peut même parler d’adaptation des parcours de formation au juste nécessaire. Car la mise en œuvre d’une plateforme de micro-certifications vient modifier tout simplement l’angle de vue des professionnels de formation chargés d’élaborer les programmes de formation. D’une approche initialement centrée sur les contenus de formation, on en vient à privilégier la validation des compétences : j’aime dire qu’on passe d’une « vision parcours » à la « vision ligne d’arrivée » ! Cela n’a rien d’anecdotique ni de rhétorique…
Il s’agit d’un véritable changement de paradigme !
Jérôme Bruet : Dans l’approche initiale, vous tracez un chemin en imaginant un point de départ, des points de passage et un point d’arrivée. C’est le mécanisme appliqué par tous les ingénieurs pédagogiques lorsqu’ils structurent un parcours de formation. Par définition, on part du principe que le chemin est adapté à tous et que tout le monde part du même point de départ ! Cherchez l’erreur !
Dans l’approche micro-certification, c’est la ligne d’arrivée qui compte : il faut s’assurer que tout le monde a bien « franchi la ligne d’arrivée », même si c’est en empruntant des chemins différents. L’approche flexible et personnalisée de la montée en compétences devient alors une évidence. Mieux, tandis qu'elle semblait souvent inaccessible en termes d’ingénierie pédagogique, elle est ainsi à la portée de chaque formateur. La micro-certification n’a pas seulement un effet sur l’estime de soi et l’image de l’entreprise, elle contribue puissamment à l’efficacité et à la performance des dispositifs de formation.
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