Mathieu Heidsieck (Directeur du développement, Xperteam) souligne les avancées majeures de l’IA générative dans l’e-learning. Avec des gains de temps et financiers significatifs, l’auto-traduction instantanée et la facilité de production de contenus multilingues, les entreprises comme Auchan et Nissan optimisent leur ROI. L’utilisation d’Elucidat, plateforme-auteur collaborative, augmente considérablement la productivité des auteurs ainsi que leur nombre… Prudence, toutefois ; il ne s’agit pas de tout transformer en module e-learning !
Bénéfices de l'IA générative dans la production et l'auto-traduction des contenus pédagogiques numériques ?
Mathieu Heidsieck : Très importants ! Il y a un avant et un après. D’abord, des gains de temps spectaculaires qui se traduisent évidemment par des gains financiers très significatifs. Concernant la traduction, les budgets souvent conséquents facturés par des agences externes seront économisés. Avec l’auto-traduction instantanée des modules, à coût fixe annuel quel que soit le volume, et un processus simplifié et fluide, les équipes L&D corporate peuvent rendre de grands services à leurs clients internes et aux « learning managers » pays. Peuvent aussi être considérées les initiatives des filiales et pays d’une entreprise internationale pour que l’équipe L&D puisse partager les meilleures créations au niveau de l’organisation. Elucidat, plateforme collaborative de la production e-learning de qualité à grande échelle, procurait des gains de temps et d’argent dès avant l’arrivée de l’IA générative. Les clients qui l’utilisent autant pour la production interne qu'externalisée, comme Auchan, maximisent le ROI. Dans de grandes entreprises internationales, l’économie peut rapidement dépasser le million d’euros. Les studios de création de contenu sont aussi plus productifs (Renault et Nissan sous-traitent à l’international la production aux agences sur leur compte Elucidat). Il n’y a qu’un seul projet pour livrer un module PC et smartphone, contrairement à Storyline… Par ailleurs, de nombreux contenus qui restaient confidentiels (supports de formation présentielle, présentations d’experts, d’équipes marketing, etc.) ou auxquels on renonçait pour raison budgétaire voient désormais le jour, avec de la rapidité, de l’impact et de la traçabilité. Ils seront embarqués sans efforts dans l’écosystème L&D de l’entreprise.
Quelles sont d'ores et déjà les fonctionnalités d'IA générative dans un outil auteur comme Eludicat ?
Mathieu Heidsieck : L’auto-traduction est disponible dans 75 langues (y compris les sous-titres). Par ailleurs, il est possible de produire un module multilingue, pour une traçabilité unique. Les apprenants apprécient vraiment de pouvoir se former dans leur langue. Côté création de contenus, on a le choix entre la création des modules à partir de « prompts » (questions posées à l’IA) ou via l’import de présentation PPT ou autres ressources internes, c’est le nouvel apport de l’IA générative. La solution propose une ingénierie qui repose sur le modèle pédagogique AIDA, avec des tests formatifs, etc. Les gains de temps ne se font pas au détriment de la qualité, au contraire : Elucidat permet de modifier très facilement le contenu proposé par l’IA, et donc de convertir une activité qu'elle propose par une autre préférée de l’auteur. Ces possibilités, en particulier l'auto-traduction, sont déjà exploitées par nos clients comme Auchan Retail International ou Adeo, une ETI comme Radiall, ou un organisme de formation comme Baguette Academy.
Pour en savoir plus sur cet usage chez Auchan.
Quant à la création de contenus par Elucidat Create, elle est pour l’instant réservée à un panel de clients, son lancement officiel intervenant au début 2024. Nos clients Elucidat (Auchan ou Nissan, par exemple) envisagent de rendre visible des contenus intéressants actuellement restés sous les radars : toute une couche de contenus circulent lentement, qui ont besoin de leurs auteurs pour exister, et qui pourraient pourtant profiter à des équipes élargies en autoformation.
Pour un client qui veut se lancer, quels sont vos conseils ?
Mathieu Heidsieck : D’abord d'explorer et de comprendre comment l'IA générative peut traiter le contenu, puis de s'adapter. Par exemple, Adeo crée aujourd'hui son contenu en français et en anglais, et le traduit dans toutes les langues depuis l'anglais. En introduisant AutoTranslate, ils traduiront dorénavant depuis le français pour mieux distinguer entre « tu » et « vous » et pour s'assurer que les différentes langues possédant cette distinction partent du bon modèle. Ce changement de workflow s’est avéré facile.
Les équipes L&D clientes d’Elucidat et de Xperteam qui reçoivent le contenu source sous format PowerPoint, peuvent instruire les équipes pour que le PowerPoint arrive dans un format qui optimisera le résultat à l'import (éviter les slides avec trop peu de contenu ou perdre du temps avec des images de fond qui feront doublon avec la charte graphique applique automatiquement).
Overdose de modules e-learning en vue ?
Mathieu Heidsieck : Il importe de ne pas tout convertir en module e-learning ! Et de se poser systématiquement les questions de fond : « est-ce que ce contenu est nécessaire ? », « quel problème doit-il résoudre ? », « est-ce qu'un e-learning est la bonne solution pour résoudre ce problème ? »… Cependant, un autre avantage de l’IA générative, c’est d’uniformiser le contenu selon le ton et le format, en cohérence avec la charte graphique, tout en s'adaptant davantage à l'apprenant à qui on procure notamment du contenu dans la langue la plus confortable pour lui. À l'avenir, on peut aussi envisager des procédés beaucoup plus simples pour permettre du « branching » ou du « test then teach ».
Quel impact de l'IA générative sur les métiers de la production e-learning ?
Mathieu Heidsieck : Avant tout, on passera moins de temps sur des tâches « ingrates » comme le copier-coller ! Du temps libéré pour la stratégie à laquelle on ne consacre jamais assez de temps. C'est aussi la possibilité d'impliquer davantage les experts de terrain / contenus former longuement à l'outil. Un expert, qui fournit aujourd’hui du texte ou du texte-image, peut déjà créer une première mouture de module e-learning et l'envoyer ensuite à une équipe L&D pour parfaire le travail. Là aussi : gain de temps pour les L&D, et surtout un engagement plus profond des experts. Ces innovations devraient permettre de franchir un palier de maturité en matière d’organisation apprenante, parce qu'elles démultiplient l'aptitude à transmettre les expertises… Attractivité, accessibilité, partage des actifs, diffusion et la traçabilité : les équipes L&D vont accompagner ce changement avec l’ouverture à la création de contenu pour de nombreux nouveaux auteurs. La prise en main de la solution étant très rapide, la doctrine en matière de contenu doit être posée et partagée. Ce département va certainement jouer un rôle de « point de contrôle » pour valider la diffusion des contenus de nouveaux auteurs et autoriser leur diffusion sur la plateforme de formation.
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