Effet de la transformation numérique : de simple dispensateur de savoir, le formateur devient guide, animateur et facilitateur, œuvrant pour l'interaction et la co-construction du savoir. Entreprises et collaborateurs en attendent une capacité à ancrer théories et pratiques concrètes. L'acquisition de compétences techniques et l'ingénierie pédagogique multimédia s'avèrent cruciales. L'IA générative émerge comme une innovation majeure, un assistant pour les formateurs. Ingenium Digital Learning est au premier rang de ces transformations, en accompagnant et en formant spécifiquement les professionnels de formation pour qu'ils puissent pleinement embrasser ces changements.
Quel est l’effet de la transformation numérique des systèmes de formation sur le rôle des formateurs ?
La transformation numérique change la posture même du formateur : il n’est plus là pour transmettre un savoir, dispenser un contenu, il est là pour accompagner les apprenants dans leurs apprentissages, les mettre en situation de co-construction, les faire interagir, confronter leurs savoirs au réel. À la fois tuteur, animateur, facilitateur, il devient donc un véritable chef d’orchestre. Cette évolution est d’ailleurs soutenue par une nouvelle scénarisation des formations sur des temps distincts avec, en amont, des phases d’appropriation des savoirs, en autonomie ou accompagnées, puis des temps dédiés à la transposition de ces savoirs dans les pratiques concrètes. Le formateur accompagne les temps d'appropriation des savoirs en amont, en fonction de l'autonomie de son public, ensuite focalise son intervention sur cette transposition dans les pratiques concrètes.
Les entreprises et de leurs collaborateurs ont de nouvelles attentes vis-à-vis des formateurs ?
Les savoirs théoriques étant désormais facilement accessibles, les formateurs ne sont plus attendus sur leur capacité à délivrer ces savoirs : ils le sont également sur leur capacité à les ancrer dans le contexte de l’entreprise, à les transposer dans la réalité concrète de l’entreprise et de ses enjeux. Tout en accompagnant des cours à distance, des classes virtuelles, en animant des formations en bi-modalité… et bien sûr grâce à des outils numériques aujourd’hui nombreux ! On leur demande énormément. On a longtemps pensé que pour faire de la formation en ligne, il suffisait au formateur d’intégrer son contenu sur des plateformes. C'est évidemment loin d’être le cas. Avant le Covid, les CFA et les entreprises avançaient doucement vers la formation à distance en s’appuyant sur des formateurs volontaires et appétents au numérique, mais depuis la pandémie et la réforme de la formation professionnelle, les choses ont changé. Maintenant, les appels d'offre auxquels répondent les CFA ou autres organismes de formation demandent la mise en place de distanciel, ce n'est plus une option. Le métier de formateur change et il faut accompagner cette transformation et la montée en compétences des équipes.
Quelles sont les nouvelles compétences requises pour jouer pleinement ce rôle ?
À l’origine, l’acte de formation repose sur de nombreuses compétences du formateur : ingénierie pédagogique, conception des ressources, animation de classes, accompagnement/tutorat des apprenants. En présentiel, il cumule toutes ces compétences. Avec la transformation numérique, il y a forcément des compétences techniques à acquérir. En effet, les formateurs doivent être capables, a minima, de donner le chemin d’accès vers le savoir à leurs apprenants. Également parce qu’ils doivent utiliser de nouveaux outils, de classes virtuelles, de création de ressources, des plateformes en ligne… Cela dit, derrière les outils, il y a d’autres compétences à développer, notamment en matière d’ingénierie pédagogique multimédia pour adapter leurs ressources, leurs contenus de formation aux modalités choisies. Enfin, ce sont aussi des compétences d’animateur de communautés d’apprenants qui sont requises, car les formateurs doivent être capables de maintenir l’engagement de leurs apprenants, notamment sur des parcours hybrides.
Comment aider les formateurs à dépasser leurs craintes éventuelles face à ces changements ?
Cela passe par la mise en place d’un accompagnement spécifique, une véritable conduite du changement. On l’a vu, il y a des compétences indispensables à acquérir. Cependant, il faut également agir pour que le formateur change de posture et accepte ce nouveau rôle d’animateur et de tuteur. Tout ne repose pas uniquement sur les formateurs. En distanciel, les rôles peuvent se partager et s’associer. L’entreprise peut intégrer de nouvelles compétences, comme un référent sur la partie technique, par exemple, sur lequel le formateur peut s’appuyer et qui peut l’aider à dépasser la crainte de « est-ce que je vais être capable d’utiliser tel ou tel outil ? ou de créer telle ressource ? ». La digitalisation implique un changement global au niveau de l’entreprise dans la façon même de concevoir les formations : c’est un acte collectif aux multiples conséquences, bien au-delà des formateurs.
Quels exemples d’accompagnement vous viennent à l’esprit ?
Sur ces sujets, nous avons accompagné plusieurs CFA dans la boulangerie, dans l’automobile, la coiffure. Nous sommes également aux côtés du CFA ECB (Enseignement Catholique de Bretagne), réseau d’enseignement professionnel qui propose plus de 150 formations. La conduite du changement est indispensable pour les grands réseaux avec de vastes plans de déploiement ; elle l’est tout autant pour des structures plus petites avec lesquelles nous travaillons également. Autre exemple pour une fondation de plus de 30 établissements de formation au service des jeunes : nous les accompagnons dans la transformation de leurs pratiques pédagogiques. Nous avons commencé par la conduite du changement : il a fallu fédérer les équipes, laisser s’exprimer les craintes des formateurs, ainsi que les bénéfices de cette transformation : pourquoi digitaliser ? Pour quelles plus-values pédagogiques ? Maintenant, nous travaillons avec eux à l’hybridation des parcours. Côté entreprise également, nous avons travaillé avec un grand groupe du bâtiment à la refonte d’un programme de formation, initialement dispensé uniquement en présentiel par des experts métiers. Il a fallu repenser les modalités de la formation, y associer du distanciel, des interactions, des défis individuels et collectifs, et accompagner la montée en compétence des intervenants vers une posture de formateurs-animateurs.
Quelles sont les récentes « innovations de rupture » dans le métier de formateur ?
Incontestablement, l’IA générative ! La réalité virtuelle et la réalité augmentée viennent en complément des formations. L'IA générative marque une véritable rupture, un basculement. Cela suscite de nouvelles craintes, certes, mais c’est un outil extraordinaire pour le formateur qui va lui permettre d’aller beaucoup plus vite dans la conception de ses formations… et qui va lui apporter de nouvelles compétences. Il faut voir l’IA comme un assistant : à la conception, à la réalisation de la formation, à la création de ressources… Un gain de temps pour lui permettre de se concentrer sur le cœur de sa formation, c’est-à-dire l’animation, au sens noble du terme. C’est pourquoi nous venons de finaliser une formation sur l’IA à destination des formateurs pour, dans un premier temps, les sensibiliser à cette innovation, la démystifier également, faire comprendre son fonctionnement, puis leur faire appréhender les changements que cela implique (côté formateur et côté apprenant) et enfin, voir les différents usages possibles et les bénéfices à en tirer. Évidemment, de notre côté, nous restons très en veille sur ces sujets, nous nous initions à ces innovations, et les utilisons nous-mêmes dans nos métiers de concepteur pédagogique, de développeur web et Moodle, et de formateur.
Quelle est l’actualité d’Ingenium Digital Learning ?
En interne et de façon transverse également, notre actualité est très orientée « IA générative » pour comprendre et anticiper les transformations qu’elle implique dans nos métiers et nos pratiques. En externe, nous travaillons à de nombreux projets de digitalisation de parcours pour des ministères ou des organismes parapubliques. Nous développons aussi actuellement des dispositifs de formation en réalité virtuelle pour les travailleurs sociaux. Ensuite, bien sûr, nous poursuivons le déploiement de plateformes Moodle personnalisées. Nous travaillons actuellement avec la Chambre des métiers (CMA France) au lancement de leur plateforme de Formation Moodle, à destination de toutes les CMAR.
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