Les Services Industriels de Genève (SIG) sont le bras armé de l’efficience énergétique du Canton de Genève. Un rôle clé est dévolu à la formation et l’accompagnement des nombreux acteurs, professionnels ou non, de la transition énergétique, dans une approche blended learning plébiscitée par les partenaires. Les résultats en économie d’énergie sont au rendez-vous ; le dispositif qui permet de les mesurer a été salué par une place de finaliste dans la catégorie « Évaluation et mise en pratique » des Trophées du Digital Learning 2023. Interviews.
En matière de transition énergétique, il se dit que le canton de Genève est un bon élève…
Un excellent élève ! Puisque, dès 2010, le canton de Genève a été l’un des premiers à voter sa loi sur l’Énergie. Fin 2019, déclarant l’urgence climatique, Genève a décidé de réduire de 60 % ses émissions de gaz à effet de serre et d’injecter, d'ici à 2030, 80 % d’énergie renouvelable dans ses réseaux thermiques pour viser une neutralité carbone en 2050. Le Plan Directeur de l’Energie du Canton en détaille la feuille de route, avec notamment un nouveau règlement qui contraint les propriétaires immobiliers à rénover leurs bâtiments et à intégrer massivement les énergies renouvelables pour le chauffage et l’eau chaude sanitaire. C’est dans ce contexte qu’interviennent les Services Industriels de Genève qui fournissent l’eau, le gaz, l’électricité et l’énergie thermique au 500 000 habitants du canton, et soutiennent le développement des quartiers intelligents pour Genève.
En quoi consiste le projet Eco21 ?
Depuis 2007, le programme SIG-éco21 aide les habitants du canton à réduire leur consommation d’énergie / émissions de CO₂ pour accélérer la transition énergétique. Les trois piliers en sont des programmes d’accompagnement des collectivités, de l’immobilier, des entreprises et des particuliers à la planification de leurs plans d’action ; le développement de solutions destinées aux acteurs techniques pour réaliser ces actions ; le déploiement de « Réseaux de Partenaires éco21 » formés à la transition environnementale pour leurs propres clients.
Vous avez opté pour une approche « blended » de la formation et de l’accompagnement ?
La montée en compétences et l’engagement des acteurs techniques dans la transition énergétique étant essentiels à la réussite du programme, les opérateurs techniques doivent s’approprier les « Solutions » éco21 qu’ils pourront ensuite déployer chez leurs clients, sans nuire à leur compétitivité dans un secteur en constante évolution. C’est pourquoi SIG-éco21 propose et finance des actions de formation et d’information qui aident les professionnels de Genève à renforcer leurs compétences et à se tenir informés des dernières évolutions techniques d’efficience énergétique. Près de 4 500 professionnels se sont déjà formés sur les thématiques disponibles, supportées par une quarantaine de formations ancrées dans les réalités métiers et axées sur la pratique. Notre dispositif de formation intègre une plateforme LMS accessible aux entreprises partenaires ainsi que des formations blended Learning largement accessibles et débouchant sur des certifications. Enfin, nous maintenons un contact régulier avec nos partenaires, par exemple, à travers des séminaires, des webinaires et des ateliers, pour les accompagner dans le programme. Au cœur de ce dispositif se trouve notre plateforme digitale « Espace Formation Efficience ».
Le Digital Learning est un axe essentiel ?
Oui, parce qu’il met l’apprenant, ses besoins, ses contraintes, au centre du dispositif de formation. Ses méthodes et stratégies d'apprentissage diversifiées peuvent s’adapter au style cognitif de tout apprenant, surtout si l’on ne se prive pas de les combiner en alternant les plages de formation synchrones et asynchrones. La même diversification est à l’œuvre dans l’évaluation (formative ou sommative) de nos formations, dans l’approfondissement post formation via des séminaires techniques, et dans l’accompagnement des partenaires au quotidien pour s’assurer de leur motivation à développer leurs compétences de façon continue. Séminaires techniques, webinaires et ateliers : ces regroupements sont l’occasion d’actualiser l’information technique et législative de nos partenaires, et de les valoriser lors des partages d’expérience. Le succès ne se dément pas : près de 1 500 personnes ont participé à ces rassemblements depuis 2019 !
Quel a été l’impact de ce dispositif d’ensemble ?
D’abord, la réelle montée en compétences, indispensable, du secteur, et la forte hausse des actions d’efficience énergétique mesurables sur les économies d’énergie, comme l’a démontré l’Université de Genève dans ses mesures d’impact grâce à la méthode des « kWh Cumac » (Journal Officiel de La République Française n˚265 du 14 novembre 2012) qui comptabilise les gains énergétiques selon les coûts de formation investis par les professionnels : près de 3 GWh d’économie électrique ont été induits par cette politique d’accompagnement.
Un bilan flatteur…
Le Digital Learning a permis d’accroître la satisfaction globale des apprenants, passée de 80-85 % à 90-92 %, et d’atteindre les objectifs. Des retours très positifs ont surtout mis en avant la variété et l’alternance des modalités pédagogiques (présentiel, classes virtuelles, 19 séquences e-learning, 129 vidéos pédagogiques, 47 quiz et plus de 50 documents). Les formations éco21 y ont gagné une visibilité et une attractivité qui facilitent grandement le remplissage des séances de formation. Quant à L’Espace Formation Efficience, il est devenu une référence pour les associations métiers de Genève, chaque fois qu’il est question d’efficience énergétique ; avec elles, nous continuons de développer des formations certifiantes, reconnues par les branches concernées.
Quelles leçons en tirez-vous ?
D’abord, l’importance de bien communiquer avec toutes les parties prenantes dès la phase d’analyse du besoin, ne serait-ce que pour écarter tout doute quant à l'efficacité du dispositif blended learning ou 100 % digital. Ensuite, maintenir durablement l’engagement des participants suppose une présence / accompagnement humain tout au long du parcours de formation. Enfin, les formateurs doivent étroitement être accompagnés dans la compréhension et l’intégration du numérique dans leurs pratiques. Ces leçons permettent d’entrevoir de belles perspectives pour nos divers dispositifs de formation. Nos experts techniques, qui ne sont pas des formateurs de métier, seront de plus en plus encouragés à créer des contenus digitaux à l’aide d’un outil auteur simple d’utilisation actuellement en test. Nous avons également prévu de mettre en œuvre « MOS Manager », une extension de notre plateforme MOS Chorus (MOS MindOnSite), pour aider les managers externes à conduire les formations de leurs collaborateurs. Forum, communication, espaces documentaires : ces ressources vont être amplifiées. Enfin, nous n’oublions pas qu’il faut donner encore plus de place à la définition et à l’usage de KPI.
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