Barbara Muchembled (Ingénieure pédagogique, EPSI) revient sur le projet de sensibilisation à l’IA des formateurs et des étudiants de l’EPSI, qui a été récompensé d’un Trophée du Digital Learning 2023. Le choix d’un Serious Game et de la réalité virtuelle, pour simuler les nombreux bénéfices qu’une ville peut tirer de l’IA, a remporté tous les suffrages.
L’enseignement de l’IA aux étudiants de l’EPSI posait-t-il des difficultés particulières ?
Barbara Muchembled : Les formations liées à l’IA sont bien présentes au sein de notre école depuis 2016. Elles constituent un axe pédagogique très important pour l’EPSI qui a déposé et validé deux certifications professionnelles RNCP auprès de France Compétences. Le premier objectif de ces formations, c’est de faire comprendre quel est le périmètre de l’IA, de la rendre accessible pour lever les craintes qu’elle ne manque pas de susciter, et de préparer le terrain à des formations plus complexes. Cette initiation ne vaut pas que pour les étudiants ; elles sont aussi destinées à nos formateurs internes. Quant aux étudiants qui ne désirent pas approfondir leurs connaissances sur l’IA, il auront au moins ce premier bagage scientifique. Pour résumer, nous souhaitions désacraliser et vulgariser l’IA !
D’où le choix d’un Serious Game…
Barbara Muchembled : Les applications de l’IA sont de plus en plus présentes dans notre quotidien sans qu’on n'en ait forcément conscience, car l’IA reste immatérielle, abstraite. Pour lui donner de la tangibilité, pour mettre ses apports concrets en évidence, nous avons opté pour le principe d’une contextualisation aussi proche que possible de la réalité, en faisant vivre une expérience engageante aux apprenants. La modalité du Serious Game s’est naturellement imposée, car elle place l’apprenant au centre d’un ensemble d'activités dont il est le principal acteur. Sa motivation, et le plaisir qu’il prend à apprendre en jouant, s’exprime notamment par l’obtention de badges après chaque lieu virtuel qu’il aura visité dans le jeu. Il s’immerge ainsi dans une ville de Lyon virtuelle dont des lieux existants sont reproduits grâce à des captations vidéo 360°, avec des effets spéciaux qui viennent renforcer la crédibilité du scénario. Cette approche s’est révélée d’une grande pertinence pour faciliter la découverte des enjeux de l’Intelligence Artificielle (IA) et de son application concrète au quotidien.
Donc, acculturer les apprenants à l’IA et à ses applications grâce au jeu ?
Barbara Muchembled : Découvrir au passage que l’IA rend de nombreux services pour nous simplifier la vie et qu’elle est potentiellement source d’amélioration, de progrès ! Ce sont des messages clés que nous voulions transmettre à travers des illustrations pratiques de l’IA, avec un bon prétexte : séjourner réellement dans une ville qui utilise l’IA pour en comprendre les divers bénéfices.
Les Trophées du Digital Learning 2023 ont également salué ce projet pour son usage remarquable de la réalité virtuelle RV dans ce Serious Game ?
Barbara Muchembled : Le premier apport de la réalité virtuelle c’est de renforcer, grâce à la variété des activités pédagogiques proposées, les compétences et les thèmes visés par le parcours, comme par exemple, prendre conscience de l’utilité de l’IA avec le transport autonome, les écoquartiers, comprendre ses critères de développement éthiques. Un autre apport réside dans les interactions qu’elle permet avec l’apprenant qui participe et reste dans l’action. Enfin, mais cette liste n’est pas exhaustive, je mentionnerai la possibilité pour l’apprenant de s’identifier grâce aux captations vidéo, car on prend tous les transports, on peut séjourner à l’hôtel ou vivre dans un bâtiment autonome. L’immersion dans une ville réelle et dans des lieux existants (le garçon d’étage de l’hôtel Campanile, l’ensemble Hikari, le métro autonome, l’immobilier intelligent, notre campus HEP Lyon.)… tous ces éléments participent à l’adhésion des apprenants. Et puis, la réalité virtuelle permet de créer la surprise et fait rester l’apprenant !
Quelles sont les perspectives ouvertes par cette réussite ?
Barbara Muchembled : Les formateurs comme les étudiants ont découvert et rapidement plébiscité l’usage que ce programme de sensibilisation à l’IA fait de l’immersion virtuelle. Ont été aussi très appréciés la clarté du contenu et le choix d’une pédagogie décalée, ludique et futuriste. Il est maintenant adossé à une certification d’expert en IA. Cette réussite ouvre de belles perspectives parce qu’elle permet d’attirer des étudiants vers cette technologie passionnante qui débouche sur des métiers émergents. Le programme va continuer d’évoluer ; ses prochaines déclinaisons viseront tout à la fois à présenter d’autres applications d’IA et à s’adapter aux profils variés des apprenants. Il devient ainsi une source d’inspiration pour l’EPSI.
|