Bruno Fajnzilberg (CEO, LMS Factory) revient sur les observations qu’il a pu faire auprès des visiteurs de Learning Technologies, et qu’il met en perspective avec les clés de succès qu’il tire des centaines de projets LMS menés auprès d’entreprises de tout secteur et de toute taille… Son diagnostic : si les règles de bonne gouvernance sont connues en théorie, elles sont loin d’être systématiquement mises en pratique.
Trois semaines après Learning Technologies et à trois semaines d’eLearning Expo, qu’est-ce que les visiteurs viennent chercher sur le stand de LMS Factory ?
Bruno Fajnzilberg : Ils viennent s’informer sur la possibilité d’avoir enfin une véritable plateforme LMS sur mesure. Produire ce type de LMS, c’est le cœur de métier de LMS Factory… Notre communication est parfaitement explicite à ce sujet ! Tous nos visiteurs ont pour projet de déployer ou d’améliorer un LMS existant, à plus ou moins long terme.
Ces visites… un bel observatoire pour apprécier comment les entreprises s’y prennent pour déployer leur plateforme LMS ?
Bruno Fajnzilberg : C’est vrai, et ces observations viennent compléter celles que nous avons pu faire dans les projets LMS mis en œuvre par LMS Factory dans des entreprises de tout secteur et de toute taille. Cette prise de recul nous permet de constater que les projets qui atteignent le plus vite leurs objectifs ont, dans leur genèse, des caractéristiques communes :
- Ce sont des projets « concrets », visant à répondre à un besoin opérationnel dont les objectifs, les publics cibles et les modalités de mise en œuvre sont connus à l’avance. La plupart des projets réussis avaient (ont) pour particularité d’être portés par des opérationnels métiers, en réponse à des attentes métiers. Et, même si la DSI n’a pas participé aux spécifications du projet, elle a été impliquée dans la prise en compte des critères techniques et de sécurité à respecter pour intégrer la plateforme dans le patrimoine SI et faciliter les processus d’échange ou d’interfaçage.
- Ces projets procèdent selon une approche progressive et itérative de leur déploiement. Loin des grands projets stratégiques à déployer lors d’un « Big Bang » qui impliquerait des milliers d’utilisateurs, du jour au lendemain, après une interminable phase de préparation, ces projets avaient, en effet, une approche progressive élargissant et approfondissant, étape après étape, la richesse fonctionnelle de la plateforme.
- Enfin, ce qui caractérise ces projets, c’est la place prépondérante donnée aux retours des protagonistes qui ont leur mot à dire dans les évolutions du projet : utilisateurs, gestionnaires, formateurs, Learning designers comme apprenants.
À vous entendre, seuls les petits projets opérationnels ont des chances de réussite !
Bruno Fajnzilberg : Alors, vous m’auriez mal compris… Qu’il s’agisse de petits projets pilotés par des opérationnels, ou de grands projets stratégiques, c’est avant tout l’état d’esprit dans lequel ils ont été conduits qui préside aux chances de réussite. N’oublions pas que l’apparition progressive de la méthode Agile dans le développement informatique de grands projets a résulté de l’échec cuisant de projets conçus très en amont, dans une vision stratégique souvent éloignée des réalités opérationnelles, et sans réelle implication du terrain. La méthode Agile signe, d’une certaine façon, la prise de pouvoir des opérationnels métiers sur la maîtrise d’ouvrage purement SI, voire sous-traitée à des cabinets de conseil.
Il en va de même des projets de déploiement LMS ?
Bruno Fajnzilberg : Il arrive qu'un tel projet soit issu d’une décision Corporate intimant l’ordre de digitaliser le plupart des domaines de l'entreprise ! Dans ce cas, où le digital est souvent confié à un consultant SI ou à la DSI, le cahier des charges du projet LMS insiste sur le contexte et les exigences techniques, et passe à côté des aspects humains et métier de la plateforme. Dans ces projets, c'est trop fréquemment la performance technique, l’innovation « pédagogique » proposées par l’outil qui est recherchée ; et l'on peut y déplorer la piètre expression des attentes métier, et le peu de place accordée à ceux qui vont effectivement « opérer » la plateforme. À l'inverse, si le projet n'est porté que par une direction formation (ou compliance ou marketing) désireuse de s’affranchir à tout prix de l’emprise technique de la DSI, il aura peu de chance de réussir, car, même si la plateforme livrée fonctionne parfaitement, les utilisateurs paieront le prix fort par des difficultés d’accès aux ressources, des notifications non délivrées, des équipements peu adaptés…
Vous préconisez de mettre tout le monde autour de la table ?
Bruno Fajnzilberg : En effet, le succès est le fruit d’une alliance intelligente dans laquelle la maîtrise d’ouvrage est pleinement assumée par les opérationnels métiers, une « MOA » qui s’appuiera sur les parties prenantes en charge d’opérer la plateforme LMS — formateurs, learning designers, apprenants — auxquelles elle saura s’adapter, au fil du temps, en fonction des remontées du terrain. La DSI doit appartenir à cette alliance ; sans volonté de prendre le pouvoir, elle constitue le garde-fou essentiel des possibles/impossibles au regard de l’infrastructure du réseau, des postes, des règles de sécurité de l’entreprise, de l’organisme de formation, de l’école ; elle jouera un rôle tout aussi indispensable dans l’intégration du LMS au patrimoine SI de l’entreprise.
De l’importance des métiers, dans la réussite d’un projet LMS…
Bruno Fajnzilberg : Pour conclure, une évidence : laisser la prépondérance aux hommes et femmes du métier « formation » dans le pilotage du projet, tout en laissant sa juste place à la DSI, c’est un gage essentiel de réussite des projets LMS. Mais cette évidence n’est pas si fréquemment mise en pratique… Nombre de projets présentés par les entreprises qui ont visité notre stand restaient un peu bancals, négligeant tantôt l’une ou l’autre des parties.
Pour en savoir plus sur notre métier : lmsfactory.com
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