De nombreuses applications à base d’Intelligence Artificielle (IA) envahissent notre quotidien ; elles proposent de nouvelles perspectives en matière d’innovations pédagogiques et digitales ; c’est le cas, par exemple, de la solution de création de vidéos à base d’IA testée pour les lecteurs d’e-learning Letter. Retour d’expérience sur cette première utilisation de l’avatar en vidéo, dans l’univers de la formation.
Création de vidéo par l’IA : proposition de valeur alléchante
Difficile, sur les réseaux sociaux, d’échapper au marketing appuyé des nouvelles solutions de vidéo fondées sur l’IA. Leur principe réside dans la mise à disposition d’outils auteurs permettant la création rapide de vidéos à l’aide d’avatars auxquels vous pouvez faire dire un texte préalablement préparé dans la langue de votre choix. Tout est personnalisable : l’avatar et la mise en scène avec le fond (habillage de la vidéo) et la forme (présentation de l’avatar).
La proposition de valeur de ces solutions est multiple : flexibilité d’utilisation (on changera à volonté le texte), persistance de l’avatar en termes d’image et de voix (une lutte efficace contre l’obsolescence de vos vidéos, par exemple, suite au départ du sponsor…), localisations multiples (un argument de taille pour vos déploiements à l’international) et un temps de réalisation limité (notre estimation de la charge de réalisation d’une telle vidéo : deux heures pour le script, deux heures pour la production proprement dite, soit quatre heures au total.
Catalogue et marketing de l’offre : les parents pauvres de l’innovation en formation
Nous avons choisi d’expérimenter cette innovation dans un champ d’application qui, semble paradoxalement peu sensible… à l’innovation ! En effet, l'offre de formation et son catalogue paraissent immuables, quand des pans entiers de la formation muent à vitesse V. Autre constat : les apprenants sont peu nombreux, qui lisent en détail des fiches de catalogue souvent trop chargées et rarement affriolantes…
Notre idée de départ était simple : promouvoir les nouvelles formations au travers d’une vidéo avec avatar, en en reprenant les grandes caractéristiques. La mise en place d’un modèle a permis d’industrialiser la production des textes et des vidéos. Autre idée intéressante : chaque pôle de formation s’est vu attribuer un avatar spécifique pour lui donner une véritable « personnalité » (effet cohérence / constance). Les premiers retours sont bons ; l’approche permet de revisiter les fiches tout en laissant l’opportunité à l’apprenant motivé par une formation de repartir avec sa fiche catalogue. Une autre expérimentation est également lancée dans les parcours digitaux de formation dont les introductions et les transitions, souvent « verbeuses » découragent les apprenants. Nous allons leur substituer de courtes vidéos qui donnent davantage de force à l’intention (introduction) et au maintien de la motivation tout au long des parcours (transitions).
Intelligence d’usage : des points d’attention pour les responsables formation
Ces avatars sont-ils appelés à remplacer toutes nos productions traditionnelles de vidéos ? Nous n’en croyons rien. À l’instar de toute innovation, le bon usage de l’avatar est affaire de dosage ! Sa généralisation ne manquerait pas de déboucher sur son obsolescence accélérée, comme on l’a vu dans d’autres champs d’innovation (on se souviendra, par exemple, de Go Animate (Vyond) utilisé à tour de bras par les départements métiers et formations).
Par ailleurs, l’avatar est actuellement bien limité : après 90 secondes, on est (vite) lassé par la répétition de ses mimiques (« patterns ») et par l’absence d’intonations plus ou moins soutenues. Plus encore, on ne saurait se passer de la personnalité toujours unique de nos transmetteurs de savoir et garants métiers dont nos voyages d’apprentissage tirent un tel enrichissement : comment songer un seul instant, remplacer cet enrichissement par l’utilisation systématique d’un avatar dont émanerait le sentiment d’une formation « low cost » sans considération pour les apprenants ? Enfin, on restera vigilant sur les serveurs sur lesquels sont stockées toutes les informations destinées à la production des vidéos, encourageant à des sujets génériques, sans plus.
Avec l’aimable contribution de Matthieu Esteve et de Nabil Laroui
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