Si l’adaptive learning vient en tête (53,2 %) des innovations considérées comme les plus prometteuses par les fournisseurs, il n’arrive qu’en deuxième position, avec seulement 34,7 % des réponses, dans les entreprises. Persuadés que l’IA appliquée à la formation est un « game changer », les fournisseurs n’ont pas pleinement réussi à partager cette conviction avec leurs clients. Lesquels mettent au tour premier rang le collaborative learning, avec 51,6 % des réponses, les fournisseurs n’étant pas si loin en votant à 46,8 % pour le collaborative learning. On notera toutefois que, si adaptive learning et collaborative learning échangent leur place selon que ce sont les entreprises ou les fournisseurs qui votent, les deux trustent les deux premières places. 

Le phénomène ne se reproduit pas au rang suivant. Pour les entreprises, la troisième innovation la plus prometteuse est la « formation frugale » (31,6 % des réponses vs 22,8 % pour les fournisseurs). On comprend cette velléité de formation frugale (faire plus avec moins) relayées par les équipes formation sous forte pression budgétaire, dans des entreprises confrontées aux menaces grandissantes qui pèsent sur leurs marchés. Une petite musique qu’on entend de plus en plus souvent, accélérée par la transition environnementale, et que les fournisseurs seraient bien avisés de comprendre ; car la formation frugale ouvre de belles opportunités, même si elle demande à l’offre de « revoir son logiciel ». Quant à eux, les fournisseurs réservent la 3ᵉ place à égalité (31,7 % des réponses) aux Learning Experience platforms (qui, dans les entreprises, prennent la 4ᵉ place avec 25,3 % des réponses) et à la réalité virtuelle (22,1 % dans les entreprises.

La place de la réalité virtuelle n’étonne guère : sa montée en puissance est irrésistible, certes pour le moment dans les formations techniques requises dans le secteur industriel, mais avec de réelles perspectives d’extension à bien d’autres domaines (consultée sur les tendances du Digital Learning 2023, ChatGPT n’a pas manqué de souligner la faveur de la réalité virtuelle appliquée à la formation). En revanche, une surprise : la réalité augmentée (RA), qu’on associe souvent à la réalité virtuelle (RV), ne fait pas recette chez les fournisseurs (20,3 % des réponses) ni, à plus forte raison, dans les entreprises (11,6 % seulement).

On reste plus dubitatif sur le bon score obtenu par les Learning Experience Platforms — un segment de marché qui n’est pas dans la meilleure forme (confère l’acquisition d’EdCast, exsangue, par Cornerstone, et les ambitions de Degreed qui tardent à se concrétiser sur le marché français). C’est que le concept de LXP ressemble parfois à une auberge espagnole : les fournisseurs y apportent ce qu’ils veulent voir y figurer (curation de contenus pour certains, LMS soignant son UX (apprenants ou administrateurs pour d’autres, ou encore vastes catalogue de formations en ligne accessibles au plus grand nombre sur lesquels on peut, en revanche, fonder les plus grands espoirs.

À l’autre extrémité du spectre, le métavers qui n’apparaît pas prometteur dans les entreprises (9,5 % des réponses) ni même chez les fournisseurs (17,7 %). L’enquête a été menée à l’automne 2022, à un moment où la pression médiatique n’était pas ce qu’elle est depuis plusieurs semaines (que de bruit autour du métavers !). Le marché réagit moins vite et moins fort que le souhaiteraient Marc Zuckerberg et Meta ; peut-être la mémoire a-t-elle conservé le souvenir du flop de Second Life, il y a 20 ans ?

Michel Diaz

Les résultats complets de l’étude seront délivrés par Féfaur, dans une conférence lors du salon Innovative Learning - eLearning Expo (du 21 au 23 mars à Paris Porte de Versailles).

(source : Innovative Learning La Lettre)