L’enquête annuelle de l’ISTF tire le portrait des pratiques pédagogiques en France. Confirmant que le blended learning est mis en œuvre dans la majorité des dispositifs pédagogiques, sa 9ᵉ édition pointe également une nouvelle accélération de l’asynchrone, là où tout le monde attendait le retour du présentiel. Une tendance parmi d’autres dont l’étude ISTF fourmille, et qui seront précieuses aux Directions Formation dans le pilotage de leur stratégie en 2023.
Toujours vers plus de multimodal. Après la COVID et ses confinements à répétition qui ont permis à la formation distancielle de pousser les feux, beaucoup d’acteurs du marché prédisaient le retour en force du présentiel. Contre toute attente, les composantes distancielles poursuivent sur leur lancée en 2023 : plus de 87 % des personnes interrogées dans l’enquête ISTF souhaitent encore réduire le 100 % présentiel au profit du distanciel et du blended learning.
Dans cette dynamique, l’asynchrone, autrement dit les contenus e-learning, vivent une nouvelle accélération, reprenant du terrain sur les classes virtuelles qui s’étaient fortement développées dans les trois dernières années ; l’enquête 2023 montre cette inversion de tendance, l’asynchrone reprenant 10 points par rapport à la précédente édition. Améliorer la qualité des ressources digitales d’autoformation apparaît même désormais comme le premier enjeu des équipes formation, accompagné des enjeux visant à améliorer l’animation des classes virtuelles et à renforcer le tutorat. Le trio potentiellement gagnant de la formation 100 % distancielle est ainsi explicitement exprimé : ressources de qualité, classes virtuelles bien animées, accompagnement humain tout au long du parcours de formation… La recette est connue, encore reste-t-il à l’exécuter convenablement !
Le tutorat : encore et toujours, clé de l’engagement. Le tutorat a un impact direct sur le taux de complétion (pourcentage d’apprenants allant au bout du dispositif). En effet, les dispositifs de formation tutorés renforcent largement l’engagement des apprenants à aller jusqu’au bout de leur formation. Au contraire, les dispositifs non tutorés débouchent fréquemment sur des décrochages : dans la plupart de ces dispositifs, ce sont souvent moins de 10 % des apprenants qui terminent leur formation. Pour les professionnels interrogés, la présence d’un tuteur est le principal facteur d’incitation des stagiaires à finir leur parcours. Juste derrière, on retrouve, à l’instar des précédentes éditions, l’obtention d’un certificat et la pertinence du lien entre la formation et les problématiques opérationnelles de l’apprenant.
Si les outils digitaux appartiennent à la caisse à outils de la très grande majorité des équipes de formation, le « Digital Learning » doit encore relever des défis pour devenir un standard universel. Interrogeant les Directions Formation à ce propos, l'enquête met en avant que les freins au développement du Digital Learning dans l’organisation tiennent à une insuffisance en ressources humaines (temps dédiés, effectifs dédiés et compétences) représentant plus de la moitié des raisons invoquées par le panel ISTF. L’insuffisance en budget arrive en 3ᵉ position. On voit mal comment une organisation pourrait réussir sa transformation numérique sans disposer des moyens nécessaires, même s’ils doivent être comptés ; l’accompagnement des équipes de formation, experts et formateurs occasionnels est une clé du succès.
Notons également que le manque d’adhésion de la hiérarchie, des formateurs ou des apprenants n'est pas un réel frein à cette mise en place, ce que vient conforter le fait que l’immense majorité des acteurs de la formation a cessé de se demander si le Digital Learning est pertinent (oui, il l’est !). À la question « Pourquoi continuer de développer la part de distanciel ou de blended dans les offres de formation ? » les responsables formation placent très loin devant la réponse « améliorer l’efficacité pédagogique des formations » ; première motivation, donc : pédagogique, le multimodal permettant tout simplement d’être plus en phase avec les rythmes et les méthodes d’apprentissage à chaque étape des parcours de formation.
L’usage technologique est abordé par l’enquête dans le volet outil, qui traite des logiciels utilisés dans la mise en œuvre de la formation digitale. En matière de production des contenus de formation à distance, les outils génériques tiennent le haut du pavé (Powerpoint, Genially, Google Forms…), alors que les outils auteur dédiés ont perdu 2 points par rapport à l’édition 2022. Quant à la diffusion des contenus, peu de changement en comparaison de l’an passé ; on notera aussi que les outils non spécifiques jouent un rôle important dans l’organisation des formations digitales, même si les LMS restent majoritaires. À noter : les LMS commerciaux perdent 3 points face aux LMS open source (ils étaient à égalité l’an passé) : l’amorce d’une véritable tendance ? À suivre…
Avec un panel de plus de 450 professionnels de la formation, l'enquête ISTF fournit cette année encore une photographie complète et détaillée des tendances pédagogiques sur le marché français. Téléchargez dès maintenant l'étude complète.
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