La formation métier sur mesure fait l’objet d’une demande croissante des entreprises. Jérôme Poulain (Directeur associé, Audace), qui en donne les raisons, décrit le vaste spectre des réponses possibles apportées, dans ce domaine, par la formation digitale : depuis l’e-learning et les Serious Games jusqu’à l’Immersive Learning, dont Audace est un pionnier, qui connaît une irrésistible montée en puissance.
La demande de formations métier sur mesure se porte bien ?
Jérôme Poulain : De mieux en mieux ! Les entreprises sont confrontées à un défi majeur de compétitivité et de fort renouvellement de leurs personnels techniques qui portent littéralement les formations « métier », indispensables pour développer l’opérationnalité de ces personnels, leur respect des normes ainsi que leur capacité à s’adapter aux évolutions technologiques. C’est ce que visent nos dispositifs pédagogiques sur-mesure.
Quel rôle y joue le Digital Learning ?
Jérôme Poulain : Le Digital Learning est aux avant-postes, parce qu’il est motivant et qu’il permet aux apprenants de s’autoévaluer. Parmi ses nombreuses formes pédagogiques maîtrisées par Audace, nous choisissons celles qui sont adaptées à la population cible et à même de maximiser le niveau d’engagement des apprenants. Cela peut passer par une « médiatisation » très élevée : dans les formations techniques, la 3D, par exemple, renforce la compréhension et la spatialisation des systèmes ; les infographies vivantes et interactives concrétisent le discours… La gamification est un autre levier de concentration et de mémorisation des notions. Par ailleurs, le rythme d’une formation doit s’adapter aux capacités individuelles d’apprentissage : des contenus convenablement séquencés seront plus digestes, et permettront aussi de supprimer ce qu’il y a d’inutile.
On peut parler de « sur-mesure adaptatif » ?
Jérôme Poulain : Les tests variés que nous utilisons en continu aident l’apprenant à s’orienter dans un parcours de formation modulaire individualisé. L’IA pousse encore plus loin ces perspectives. Pour résumer : une formation « sur mesure » efficace, c’est la conjonction d’un juste contenu dispensé au juste moment à la bonne personne ! On comprend pourquoi le Digital Learning sur mesure s’est généralisé : il n’a pas son pareil pour transmettre les valeurs et les spécificités de l’entreprise, de façon homogène. On comprend aussi pourquoi le développement du travail hybride a accéléré cette généralisation.
Le Digital Learning sur mesure, c’est donc le cœur de métier d’Audace ?
Jérôme Poulain : En effet, Audace, qui fête cette année ces vingt-cinq ans, conçoit du Digital Learning métier sur mesure : du module e-learning et des Serious Games au dispositif d’Immersive Learning sur mesure, mobilisant des simulateurs et de la réalité virtuelle, mixte ou augmentée.
E-learning, Serious Games, Immersive Learning : du plus simple au plus complexe ?
Jérôme Poulain : L’e-learning joue pleinement son rôle dans des contextes de formation dont les paramètres — calendrier, durée, format, etc — sont prévisibles. En la matière, notre différentiation passe, pour chaque projet qu’un client nous confie, par la création d’un concept qui servira de fil rouge à la formation. Ce concept sera illustré en amont, avant même que le client ait décidé de travailler avec Audace, par une maquette lui permettant d’imaginer les modules e-learning qui seront finalement livrés — un peu comme le proposerait une agence de communication consultée pour une campagne. Quant au serious game, son utilisation des ressorts du jeu vidéo permet de tenir compte des goûts et des capacités des apprenants via un « game design » pertinent. Mono ou multijoueurs, procédant par induction, il permet à l’apprenant de découvrir implicitement certaines notions et de progresser graduellement.
On en arrive à l’Immersive Learning…
Jérôme Poulain : C’est là que réside véritablement aujourd’hui notre cœur de métier, ce qu’exprime notre base line : Immersive Learning Pioneer ! Cette approche, qui traduit l’importance qu’Audace accorde depuis toujours aux innovations pédagogiques utiles, ouvre un formidable terrain expérientiel multimodal à l’apprenant, pour s’entraîner, grâce à un « jumeau numérique » plongé dans un décor et une situation hyper réalistes, et pour évaluer sa capacité d’agir dans un contexte de production et de risques. Les applications d’Immersive Learning permettent aussi d’accompagner les opérateurs sur le terrain en réalité mixte, notamment à l’aide de simulateurs.
L’Immersive Learning sert principalement en contexte industriel ?
Jérôme Poulain : Nos tout premiers clients étaient des grands industriels de la sidérurgie, puis nous nous sommes développés dans d’autres secteurs industriels, dans la logistique ou la santé. Ces entreprises cherchent à développer leur performance — onboarding, productivité, sécurité, transformation digitale, compliance, QVT… — par des innovations engageantes : mais l’Immersive Learning, qui répond à ces attentes, voit d'autres secteurs toujours plus nombreux, y compris dans le tertiaire, venir à lui.
Dans quelles conditions préconisez-vous une solution d’Immersive Learning ?
Jérôme Poulain : Les diverses facettes de l’immersive learning — réalité virtuelle, réalité mixte ou augmentée, regroupée sous l’appellation « XR » (extended reality) — reproduisent des environnements inaccessibles en présentiel (NDLR : par exemple, dans l’industrie spatiale ou nucléaire) et font vivre des sensations « réelles » que les collaborateurs pourraient éprouver sur le terrain… L’Immersive Learning est un générateur d’émotions venant renforcer la mémorisation des savoirs. Il est particulièrement efficace dans les conditions de notre modèle « 4 R » : Rare (conditions rares ou difficilement reproductibles), Risqué (’apprentissage dans des environnements dangereux), Répétitif (acquisition d’un geste technique ou d’une posture précise qui suppose de répéter) ou Répétition (quand l’opérateur doit s’entraîner pour maîtriser toute la technicité d’une opération sensible).
La formation aux compétences techniques, qui suppose une mise en situation très proche de la réalité, notamment en matière de maîtrise des risques, mais sans atteinte à la sécurité ni à la productivité de l’entreprise, demeure un domaine clé du développement de l’Immersive Learning. L’un de nos clients, fabricant de pneumatiques, a ainsi obtenu de remarquables résultats avec notre simulateur VR intégré à des parcours de blended learning : les moyens et ressources de production habituellement affectées à la formation ont diminué de plus de 80 %, soit une économie de plus d’un million d’euros, et les incidents de sécurité ou de non-qualité ont été réduits de 30 à 50 % ! Sans oublier l’impact de cette formation sur l’image de l’entreprise et l’attractivité de ses recruteurs !
L’Immersive Learning, c’est cher ?
Jérôme Poulain : Chez les industriels, les formations d’intégration traditionnelles sont un gros investissement ; elles engagent de lourds moyens humains et logistiques, notamment parce qu’elles durent parfois des mois et qu’elles peuvent requérir l’immobilisation d’un compagnon ou d’un formateur. L’immersive learning vient alléger considérablement les coûts humains (le formateur étant plus libre, il se concentre sur un petit groupe d’apprenants) et les contraintes logistiques (quelques mètres carrés suffisent) tout en proposant une formation parfaitement adaptée aux besoins des apprenants.
Ces dispositifs sont hautement rentables, comme on l’a déjà évoqué, avec des budgets qui varient, bien sûr, selon la durée et la profondeur scénaristique de l’expérience proposée. Mais une fois que l’investissement initial en PC et casques de réalité virtuelle, et en modélisation des environnements 3D, est fait, les projets suivants sont abordables pour beaucoup d’entreprises et de centres de formation.
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