Dans l’approche plébiscitée par Elliot Boucher (co-fondateur, Edusign), le formateur ou l’administrateur auront un rôle clé dans le dispositif d’évaluation. Ils sont d’ores et déjà secondés par des outils numériques qui permettent de calculer la performance de l’apprenant induite par la formation suivie, et donc la performance de la formation elle-même.
Revenons aux basiques : la formation professionnelle donne la possibilité à chaque individu d’augmenter son niveau de qualification et, donc, d’accroître ses opportunités professionnelles.
Ce constat est largement partagé, chez des employeurs qui, peinant à trouver les talents dont ils ont besoin, misent sur la formation pour développer la mobilité de leurs collaborateurs, et par les salariés, dont 82 % seraient prêts à se former davantage pour développer de nouvelles connaissances si leur entreprise leur proposait du contenu en ce sens. Ce consensus entre employeurs et employés est de bon augure : il témoigne d’une prise de conscience salutaire.
Si le principe de la formation semble plus que jamais aller de soi, il n’en reste pas moins qu’elle représente un investissement considérable, pour les entreprises, pour les salariés, pour la communauté nationale, qui se chiffre en dizaines de milliards d’euros chaque année, et dont la rentabilité ne va pas de soi.
Ce calcul de rentabilité suppose d’évaluer l’impact de la formation, car on ne saurait plus longtemps se contenter d’estimer la qualité ou le niveau de satisfaction des apprenants ; il suppose aussi que les responsables formation se dotent des activités et des outils de suivi correspondants, pour évaluer les résultats de la formation dans la durée.
Justement, et c’est heureux ! Qualiopi serait là pour assurer ce suivi… Est-ce si sûr ? Les équipes Edusign ont tenté d’y voir plus clair en multipliant les échanges (plus de 5 000) avec les principaux acteurs concernés, à commencer par des dirigeants d’organismes de formation, des experts, des acteurs de l’EdTech. Résultat : le décalage est béant entre la théorie et la pratique.
Bien que la dernière certification semi-obligatoire encourage l’usage des questionnaires, les résultats sont loin d’être toujours analysés. En matière de rentabilité des investissements, on reste sur sa faim ! À propos des états envoyés aux OPCOs : « ils ne répondent jamais, mais c’est obligatoire… bienvenue en Absurdie ! ». Des réponses qui dorment dans un placard physique ou virtuel, dont la seule justification, c’est de pouvoir ressortir au cas où le « méchant auditeur » passerait le bout de son nez. Si encore l’exercice était gratuit, mais que de temps perdu pour tous !
L’intention est pourtant bonne ; il suffirait de peu de choses pour tirer le profit attendu de l'évaluation : de s’équiper et de doter les moyens humains d’une technologie pertinente. Ainsi, tandis que certains organismes de formation restent coincés dans le format papier du siècle précédent, les autres, affûtés, déploient une approche nourrie de technologie pour envoyer automatiquement des questionnaires juste quand il faut.
L’avenir de l’évaluation de la formation réside alors dans l’encouragement de l’apprentissage du concret, notamment dans la mesure de la capacité de l’apprenant à appliquer ce qu’il a appris, et non de savoir si la couleur du mur de la salle de formation répondait à son sens personnel de l’esthétique. Les apprenants ayant désormais accès au monde dans leur poche, leur donner un accès à tous leurs outils depuis leur smarphone semble raisonnable.
Pour conclure : demain, l’évaluation de la formation sera digitale, connectée et humaine ; dans cette approche, le formateur ou l’administrateur auront un rôle irremplaçable. L’évaluation sera suivie ; elle ne restera pas lettre morte au fond d’un placard. Les outils permettront de calculer la performance de l’apprenant induite par la formation suivie, et donc la performance de la formation elle-même.
|