Retour et commentaires sur une liste utile, récemment signée par John Leh ( CEO, Lead Analyst and LMS selection consultant, Talented Learning), portant sur la puissance attendue, et déjà actuelle, de l’intelligence artificielle nichée dans un nombre croissant de plateformes LMS. L'impact de ces 10 usages sur le secteur de la formation promet d'être majeur.
#1 L’IA pour recommander des contenus de formation (une innovation pas si récente)
La recommandation de contenus, inspirée d’Amazon ou de Netflix (pour ne citer que ces plateformes), n'est pas réellement une nouveauté, car elle œuvre dans diverses plateformes LMS depuis plusieurs années. On en connaît les atours : « Nous vous conseillons tel cours (selon le parcours apprenant que vous avez déjà effectué) », ou « Vous avez suivi ce cours ? Vous serez intéressé par cet autre », ou « Les apprenants qui ont suivi le même cours ont complété leur formation par tel autre cours. ». Des préconisations, donc, en fonction des comportements de consommation passés (cours démarré, terminé ou non, réussi ou non) ainsi que des recherches et des préférences définies par l'apprenant, dans ou hors la plateforme de formation (par exemple, des consommations sur smartphones), en fonction aussi de ce que des profils d'apprenant similaires ont pu consommé.
#2 L’IA et la visualisation pour analyser la pertinence des formations
Le Big Data (l’énorme volume de données produites par les salariés x apprenants dans leurs interactions avec les plateformes de formation) risque de rester lettre morte, si le département formation ne dispose pas des outils d’analyse pour transformer à moindre coût ces données en informations utiles. Ces outils, aujourd’hui disponibles sur des LMS, permettent de mettre en évidence les tendances et les actions qui, autrement, ne seraient pas détectées : probabilité qu'un apprenant termine un contenu de formation en fonction de l'heure de la session, relation entre l'achèvement d’un cours et le nombre d’appels (tickets) au support interne, etc. En matière de corrélation prévisionnelle, les possibilités sont innombrables, et confortées par les fonctionnalités de visualisation (« visual data ») qui facilitent la lecture, l’analyse et la lecture des résultats.
#3 L’IA pour transcrire les vidéos
Regarder une vidéo, c’est bien. Savoir, avant de commencer, quel en sera le contenu, pouvoir aller directement au point qui m’intéresse, c’est encore mieux. Le tagging des vidéos y pourvoient, en partie, via des outils que l'IA pourrait toutefois rapidement dévaluer, car celle-ci ouvre aux plateformes LMS la possibilité de transcrire automatiquement les vidéos (identification de chaque locuteur, traduction de la transcription dans n'importe quelle langue), voire de tirer des analyses très détaillées des comportements qu’elle identifie chez les acteurs que la vidéo met en scène.
#4 L’IA pour résoudre l’épineux problème de la traduction
Grâce à l’IA, la traduction s’étend bien au-delà des seuls contenus vidéo et audio ; sont aussi concernés les formations structurées, les contenus d’apprentissage social (social learning) ou l'aide contextuelle de la plateforme. On constate qu’à l’instar de la traduction sur Google, la traduction dans les plateformes LMS devient toujours plus performante ; elle prendra progressivement le pas sur l’onéreuse traduction intégralement sous-traitée aux cabinets spécialisés. Pas sûr cependant, comme le prédit John Leh, que les jours de la traduction humaine soient comptés : on devrait plutôt assister à la transformation d’un métier : le traducteur intervenant en contrôle et amélioration des propositions de traduction faite par l’IA.
#5 L’IA pour créer des contenus de formation
Qui l’eût cru ? L’IA se mêle progressivement de créer des contenus de formation, une opération qu’on croyait être l’apanage des formateurs ou des concepteurs, sinon des experts de terrain. L’IA, qui peut transcrire et traduire des vidéos (comme on vient de le voir), peut aussi créer des leçons, écrire des questions de test, taguer des contenus, attribuer des compétences, écrire un titre et développer une description et plus encore… Charge tout de même à l’auteur de réviser et de peaufiner l’offre ainsi faite par l’IA… au moins dans un premier temps. Car il se dit que l’IA pourrait aussi tirer les enseignements de ces corrections d’auteur, pour les rendre (peut-être) un jour inutiles.
#6 L’IA pour servir le développement des compétences
Les plateformes LMS sont rarement isolées des dispositifs de gestion des compétences, voire du service de la performance ; elles leur sont de plus en plus souvent intégrées, quand elles ne constituent pas elles-mêmes un tout (talent and learning management systems). On ne s’étonnera pas que l’IA soit ainsi en mesure, dans les plateformes LMS, de créer automatiquement des liens entre les modèles de compétences, les compétences elles-mêmes, les emplois, les rôles, la performance des pairs, les questions d'évaluation et la performance opérationnelle.
#7 Administration : l’IA met fin au cauchemar
La gestion des plannings de formation a été et demeure encore une des tâches les plus consommatrices de temps des services formation. Lesquels ne se feront pas prier pour avouer qu’ils se passeraient bien de cette routine nécessaire mais sans grande valeur ajoutée. Partout où une routine s’installe, l’IA ayant son mot à dire, on commence d'entrevoir la fin d’un cauchemar : l’IA logée dans une plateforme LMS permet désormais de coordonner et d’optimiser la planification des cours selon les exigences logistiques pesant sur les formateurs, les salles, les équipes, les outils numériques. Réparation aussi des erreurs de planning, identification des incohérences qui empêchent la meilleure allocation possible des ressources de formation.
#8 L’IA pour contextualiser l’aide, et finalement, la formation
Une formation ne saurait pas être performante (atteignant ses objectifs implicites ou explicites) si elle n’est pas contextualisée, c'est-à-dire si elle ne se nourrit pas de tout ce que l’apprenant et son projet de formation ont de spécifiques (idiosyncrasie). Cette prise en compte permettra à la plateforme LMS d’apporter l’aide et la formation (complément, perfectionnement, piqûre de rappel) répondant exactement à la nécessité de l’instant. Une facilité qui repose sur l’analyse en temps réel d’un tel volume de données que l’IA se révèle ici sans concurrence ; surtout, si l’on souhaite que cette démarche de contextualisation soit proactive (on n’attend pas seulement de l’IA qu’elle propose sur l’instant, mais qu’elle offre une vision à plus long terme à chaque apprenant-salarié, à partir d’une projection depuis l’instant).
#9 L’IA pour assurer la curation des formations
Certains systèmes d'apprentissage ajoutent désormais une belle amélioration des fonctionnalités traditionnellement disponibles sur le Web et dans les plateformes LMS. L’enrichissement tient à l’indexation automatisée et hautement détaillée d’une multitude de contenus internes ou externes à l’entreprise, qui en faciliteront la recherche et l’indexation. Les apprenants seront en outre soutenus dans leur recherche, par l’extrapolation que l’IA fera de leurs intentions et la mise en évidence de résultats spécifiques. L’IA devient ainsi un acteur majeur du marché récent de la curation de contenus.
#10 L’IA pour renforcer et optimiser la stratégie d’évaluation et de certification
Gain de temps et de désagréments envisagés : les services formation s’escrimeront de moins en moins avec la surveillance des épreuves et les classements des tests manuels. Dans une plateforme LMS, l’IA peut servir à suivre la progression des examens en temps réel, à examiner et à évaluer des essais ou des questions subjectives, des téléchargements, des présentations commerciales, des interactions entre le gestionnaire et l'employé, les réponses du service à la clientèle et plus encore. Bien qu'il ne remplace pas entièrement un instructeur ou un gestionnaire, il peut être un partenaire puissant dans le processus d'évaluation de l'apprentissage.
Michel Diaz
Source : AI in LMS – 10 Must-See Innovations for Learning Professionals
À propos de John Leh
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