Quelques remarques, en marge du prochain Dossier spécial de notre rédaction, à paraître le 30 mai… Innover en formation, ce n’est pas seulement se doter du dernier cri en matière d’outil numérique.
La compréhension et le service des grands enjeux de formation : un vaste champ pour l’innovation
Dans son choix d’innover, la formation prétexte souvent d’accroître la qualité de ses offres. Elle a certes raison : les qualités du design et du « delivery » sont essentielles, car les apprenants ne resteront pas longtemps fidèles à une formation ou un prestataire qui ne respecteraient pas le minimum attendu. Mais, l’important ne réside-t-il pas d’abord dans la capacité de la fonction formation à 1. Identifier les grands enjeux auxquels elle doit contribuer (support à la performance opérationnelle, développement du capital humain, transformation numérique des activités et transition écologique, mise en conformité réglementaire, RSE et besoins associés) ; 2. Attacher chaque projet qui lui est commandé à un ou plusieurs de ces grands enjeux ; 3. Répondre de façon pertinente (on y reviendra) à la commande ? La mise en mouvement de ces trois principes lui ouvre un vaste champ d’innovations. Par exemple, le service formation pourra construire une ou plusieurs solutions types (modèles, configurations) répondant au profil de contraintes et d’attentes pour chaque type d’enjeu cités plus haut.
Ne pas délaisser le potentiel d’innovations existant dans la gestion des opérations
La fonction formation peut également innover dans la gestion de ses opérations, notamment dans la façon dont elle alloue ses ressources humaines et financières. Au vu de plusieurs études (notamment l'étude Féfaur x Coorpacademy qui sera restituée en ligne le 19 mai à 11:00), il ne semble pas qu’elle considère ce sujet comme prioritaire. Pourtant, il est toujours possible de gérer ses moyens plus efficacement. Plusieurs décennies « d’extraterritorialité » des dépenses formation sont passées par là, donnant à penser qu’une fois vide, la caisse se remplirait de nouveau automatiquement ; cela explique que cette posture (optimiser, comme si l’argent confié était rare et cher) n’est pas si répandue qu’on l’imagine. Il y a un grand potentiel d’innovation, pour la fonction formation, dans sa volonté d’améliorer la productivité (plus de résultat, avec un budget équivalent, voire moindre) et la réactivité aux demandes des métiers et des collaborateurs, au moment où le business accélère et où l’avenir du travail requièrent une requalification massive et des nouvelles compétences (re skilling, up skilling).
Le numérique, indispensable, mais…
Dans les deux domaines cités, le numérique joue un rôle clé ; ni la compréhension et le service des enjeux ni la gestion des opérations ne peuvent ni ne doivent s’en passer. Mais l’innovation ne saurait se limiter à l’introduction de nouveaux outils, même sous l’excellent prétexte de former plus, mieux, plus vite et à moindre coût.
« Je suis tout aussi fier des choses que nous n’avons pas faites que de ce que nous avons fait. Innover, c’est savoir abandonner des milliers de bonnes idées. » : Quel usage faire de cette citation de Steve Jobs ? Innover, au fond, c’est déjà trier, pour éviter d’adopter systématiquement une récente technologie qui promet monts et merveilles ou la dernière thématique indispensable. S’il faut beaucoup de courage aux responsables formation pour résister à la pression conjuguée des fournisseurs et des collaborateurs ou des décideurs de l’entreprise, il ne s’agit pas pour eux d’imiter Bartleby (I would prefer not to), mais de hiérarchiser les projets, et d’abandonner ceux dont l’utilité serait douteuse en regard des ressources qu’ils consommeraient. Cela vaut en premier lieu pour les projets internes du service formation ; cela vaut aussi pour ceux qui viennent d’autres entités de l’entreprise. Cependant, dans ce second cas, sauf à se mettre en danger, le service formation fera un peu de pédagogie dans sa relation avec les commanditaires. Il y a dans cette posture qu’on pourrait qualifier de frugale une capacité d’innovation sous-estimée, ce qu’a bien relevé Peter Drucker dans ses travaux sur l’entrepreneuriat : vouloir réussir avec peu, c’est se contraindre à innover en formation.
Le Dossier « Innover en formation »
À paraître le 30 mai, avec notamment les contributions de Callimedia, Cegos, CoachHub et Fifty.
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