À l’heure ou le métaverse est sur toutes les lèvres, et où Gartner prévoit qu’un quart d’entre nous y passeront une heure par jour d'ici à 2025, penchons-nous sur l’utilisation de ces précurseurs du métaverse que sont la vidéo 3D et la réalité virtuelle en formation.
Air France utilise la simulation depuis plusieurs dizaines d’années : simulateurs de vol pour les pilotes, simulateurs de cabine pour permettre aux personnels navigants commerciaux (PNC) de s’exercer en situation réelle (gestion des turbulences, feu cabine, etc.).
Ces simulateurs ont une particularité : leur coût est extrêmement élevé, d’un ordre de grandeur de plusieurs millions d’euros. Cet inconvénient majeur a poussé les équipes de digital learning à recourir à des modes de visualisation et de simulation innovants, plus flexibles, ouverts à tous, moins contraignants et, bien sûr, moins onéreux à opérer, pour faciliter l’accès à ces contenus de formation indispensables.
Deux modalités principales ont été utilisées : la vidéo 3D qui s’est très fortement diffusée ; la réalité virtuelle pour quelques projets choisis.
Vidéo 3D : des avantages qui la rendent indispensable
La versatilité de la vidéo 3D en a fait un outil largement répandu dans les métiers techniques de l’industriel ainsi que pour former les navigants. C’est par centaines que l’on compte à ce jour les modules de formation avec de la vidéo 3D.
La vidéo 3D ouvre de nombreuses perspectives. Son utilisation permet de former à une tâche spécifique en considérant l’environnement de cette tâche. Elle offre un effet très réaliste de visualisation en 3D dans lequel on peut intégrer des contenus qui débouchent in fine sur un média enrichi interactif. On peut y accéder en toute autonomie, de n’importe où dans le monde, et depuis n’importe quel équipement (iPad, ordinateur, etc.) sans avoir besoin de lunettes spéciales, d’être en salle, de tutorat, ou d’immobilisation. Autre intérêt, non des moins moindres : un coût minime d’à peine quelques centaines d’euros pour s’équiper d’une caméra et d’un outil auteur de création de contenu enrichi interactif.
Mais, la vidéo 3D ne suffit pas toujours.
La réalité virtuelle : tout aussi indispensable, mais pour des projets soigneusement choisis
Plusieurs projets de réalité virtuelle sont venus compléter utilement nos dispositifs de formation : mise en situation pratique pour des tâches de maintenance avec 20 scénarios pour le Boeing 787, en présentiel, dans le cadre d’un programme de formation de qualification ; simulation de feu batterie lithium d’IPAD ou de téléphones portables dans deux cas de figure (PNC, Pilotes), validés par la DGAC ; visite de l’A220 dans le programme de formation initiale des PNC, se déroulant en présentiel, avec ou sans casque ; tour avion pour les pilotes ; module de mise en route des réacteurs sur A350 et A320 à l’industriel développé en partenariat avec Airbus. Il y a également des modules en 3D temps réel visualisé sur PC et sans masques : modules de visualisation A350 / A320 / A330 d’Airbus.
La réalité virtuelle présente de nombreux avantages. Elle optimise l’apprentissage en s’inspirant du « On The Job Training » : l’apprenant comprend l’impact de ses interventions en situation réelle (au lieu que de le comprendre de façon plus abstraite, sans y être confronté). L’immersion est telle que la mémorisation est notoirement meilleure. De plus, elle promeut l’interaction dans des situations de coactivité, très fréquentes dans l’aérien. La scénarisation y est naturelle que dans une vidéo (qui suppose de faire une captation vidéo, par exemple, sur des moteurs ouverts, qui n’est pas toujours possible). Efficace, l’utilisation de la VR diminue le coût logistique de formation — auparavant, les visites avion étaient contraintes par les activités de maintenance, on disposait de créneaux de deux heures au plus, en petits groupes, pour visiter un avion forcément immobilisé… Coût et lourdeur d’organisation inévitables ! La réalité virtuelle est aussi incontournable pour travailler sur un équipement non encore disponible (un avion non encore entré en flotte, par exemple). Quant à son acceptation par les apprenants, elle est excellente.
Mais il existe des freins significatifs à son utilisation. À commencer par une charge de conception qui est au détriment de la réactivité de la réponse aux besoins, et qui engendre des coûts de développement importants. En effet, les formateurs doivent être accompagnés sur ces technologies, le matériel doit être de qualité, répondre toujours à l’état de l’art. Les coûts de fonctionnement sont également très supérieurs à ceux d’un simple e-learning, parce qu’ils intègrent la salle, les tuteurs chargés de l’installation en salle et de l’apprentissage de l’utilisation du matériel par les apprenants, le matériel.
Ces contraintes supposent de disposer d’un véritable outil d’aide au choix des projets pour lesquels la réalité virtuelle avait une vraie plus-value. Les critères ent sont les suivants : une dimension de sécurité prépondérante, nécessitant (au-delà du concept) un parfaitement maitrisé, sur des équipements difficilement accessibles ou particulièrement chers, ou dans des conditions inaccessibles au quotidien (par exemple, le feu en cabine).
Quatre recommandations, en guise de conclusion
- Faire l’arbitrage entre les modalités en fonction de retours d’expérience de chaque outil ;
- Collaborer avec une start-up disposant d’une expérience sectorielle, et connaissant donc déjà les équipements et leurs particularités ;
- S’appuyer, pour le développement, sur des structures d’experts type Digital Factory ;
- Louer plutôt qu’acheter le matériel compte tenu de l’évolution très rapide des technologies, pour être sûr d’avoir un équipement conforme au plus récent état de l’art.
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